Les titres se font depuis hier sur la minable condamnation
de Jérôme Cahuzac suite à sa minable pratique de fraude fiscale alors même qu’il
était rien de moins que le ministre du budget en place.
Cette annonce a fait
fortement réagir et notamment les libéraux, à juste titre souvent, mais parfois
de manière incomplète. Je voudrais tenter ici de faire le tour de cette
péripétie exemplaire.
Nombreux sont bien évidemment ceux qui ont en premier lieu
vu dans cette décision une preuve de plus de la corruption des hommes
politiques, à l’heure même où ce sujet est en fond de la vague de surprises
électorales que nous connaissons depuis quelques semaines – et ils auront
raison.
D’autres réactions se sont faites sur la collusion d’actualité
avec l’annonce de la mise sous tutelle gouvernementale de la Cour de cassation,
ce qui laisse à penser, à parier même, qu’une fois que le cuistre aura fait
appel et re-appel, au bout du compte la décision de son emprisonnement sera
cassée par décret gouvernemental – s’il se dépêche un peu. Et ces réactions ne
sont pas sans intérêt.
Mais il convient peut-être de revenir sur la notion même de
fraude fiscale. Pour un libéral, c’est un oxymore absolu, et Cahuzac a réussi à
en tirer un paradoxe ultime. La fiscalité n’étant rien de moins que du vol
institutionnel, le concept de fraude en la matière n’a aucun sens. On ne dit
pas de ceux qui cherchent à éviter de se faire voler qu’ils fraudent. Mais
quand c’est un ministre du budget, donc le grand manitou de la saisie nationale
et obligatoire qui se prête à ce petit jeu, on ne peut que tirer sa révérence
devant l’exploit d’incohérence et la schizophrénie de la posture. Un maquignon.
Bien sûr, cette incohérence et malhonnêteté tant
intellectuelles que matérielles sont encore aggravées quand on se souvient que
les sommes en cause ont été amassées par un parasite politique payé grassement
non par suite à un travail à valeur ajoutée, mais par le vol de nos impôts.
Revenons maintenant à la décision dite de « justice ».
Evidemment, une large part d’émotion vient de l’attente d’exemplarité et de moralisation
liée à cette affaire. Voir un pignouf n’écoper que de 3 ans est perçu comme une
insulte populaire. De même, son inéligibilité de 5 ans n’est pas vue à la
hauteur de la responsabilité attribuée à la fonction. Pour beaucoup on l’imagine,
une inéligibilité à vie aurait semblé plus en ligne avec la gifle que le piaf
inflige à la démocratie représentative.
Sous l’angle libéral cependant, cet écart émotionnel
illustre combien notre justice est impropre. Car le rôle de la justice ne
devrait pas être de punir, encore moins de punir d’un non-vol quand on est
coupable d’un autre vol. La justice devrait être réparatrice et se concentrer
non pas sur le coupable, mais sur ses victimes. Ici, en clair, nous sommes les
victimes. L’état n’est pas la véritable victime car la faute n’est pas dans la
fraude, comme on l’a vu, mais dans le vol de nos impôts. Cahuzac aurait donc dû
être condamné à nous rembourser de ses profits abusifs. Par exemple en mettant
aux enchères ses biens à hauteur du double des montants en cause et en
remboursant d’autant la dette.
Une peine de prison est à ce titre complètement inutile et
inadaptée à la moindre justice réelle. De plus, la prison va conduire à des
coûts supplémentaires pour le contribuable alors même qu’on est censé donner
justice à ce même contribuable. C’est réellement le régime de la triple peine.
Le pire, c’est encore d’imaginer qu’il est sans doute le
bouc-émissaire de toute la corporation politocarde et qu’ils sont tous bien
heureux que Cahuzac soit sous les projecteurs à leur place.
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