Sunday, December 4, 2016

Mener l’opinion selon Nigel Farage

De retour depuis peu sur les réseaux sociaux, une amie retrouvée me suggère sans tarder de reprendre du flambeau, de me lancer ou du moins de contribuer à la campagne électorale qui se profile, comme j’avais pu très modestement me lancer en 2013 sur les cendres de Cahuzac. Il est manifeste que pendant ces deux ans de prise de recul, cette question de la tension entre campagne ou pas campagne, entre action partisane et libre critique à distance n’a pas fini de secouer les esprits.

Pour répondre, je passerai par une référence d’actualité très enrichissante par ailleurs. Suite à l’élection de Donald Trump, Nigel Farage, ex-boss du UKIP qui a mené l’opinion britannique au Brexit, donnait le 11 novembre dernier un discours devant un parterre d’électeurs de Trump – lien vers la video ci-dessous. Vers les trois quarts du speech, sur une question, il donne sa vision du rôle d’un leader politique, manifestement la sienne, et comment il voit mener le changement de l’opinion.

Il nous dit donc ceci : “You need to be in politics ahead of public opinion and be a magnet to bring public to change with you but there is a problem if you are too far ahead”. Ce qu’on peut traduire par : « En politique, il faut être en avance sur l’opinion publique et l’attirer comme un aimant vers le changement avec soi, mais il y a un problème si on est trop loin devant. » Autrement dit, Farage nous dit que pour conduire le peuple vers la liberté, il ne faut pas lui parler de liberté tout de suite, mais mener un discours progressif (et non progressiste) qui pas à pas la rapproche de notre chère liberté.

Une telle approche, pragmatique, et bien celle qui motive tous les minarchistes et tous les libéraux qui se lancent dans l’action électorale, espérant tirer peu à peu les Français vers 1789 ou 1776. C’est semble-t-il donner raison à tous les pseudos libéraux qui font de l’entrisme ou de l’entre-deux au sujet de la liberté. Mais il y a un mais, que Farage évite bien d’évoquer dans son intervention.

Qu’est-ce donc qui nous assure que justement, chaque petit pas nous conduira in fine dans la bonne direction ? Et à bon port, vers une liberté réelle et pas juste de façade comme trop souvent ?

Je le dis depuis plusieurs années. J’ai choisi de faire partie de ceux qui seront les cailloux dans les chaussures des pseudos-libéraux, ceux qui se lancent dans le changement de l’opinion, mais sans la conduire ni dans le bon sens ni assez loin. Je ne suis pas le seul, fort heureusement, et humblement. Et nous sommes quelques-uns à considérer un tel rôle comme essentiel, si on veut espérer que des Farage français, s’ils devaient se faire jour, nous conduisent enfin là où nous souhaitons tous aller.

Un tel rôle est peu compatible avec un engagement électoral fort. Sauf à s’appeler Ron Paul sans doute, m’opposera-t-on. Mais voilà, où sont nos Ron Paul à nous ? Je ne suis pas de cette stature.

Video de Nigel Farage : https://www.youtube.com/watch?v=WWcTY0L03RM

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