Wednesday, January 24, 2018

Dommage que la presse NSA-che le voir

(Publié sur Le Cercle en 2015.)

Les unes ce matin se faisaient sur la révélation de l’espionnage généralisé mené ces dernières années par la NSA sur les réseaux. Et la presse unanime d’être choquée de telles écoutes de nos dirigeants, réaction réflexe d’un contre-pouvoir éteint.

Il faut donc qu’elle soit bien naïve pour imaginer que les agences de ce pays ne se livrent pas aux mêmes pratiques. Le fait scandaleux que la NSA écoute le monde n’enlève rien au caractère autant scandaleux des écoutes françaises, même si plus réduites. Sachons remettre les choses à leur place.

Surtout, franchement, qu’en avons-nous à faire que Hollande soit ou non écouté ? Cela va-t-il réduire ou accroître le chômage ? Cela va-t-il rembourser la dette ou renflouer le trou de la Sécu ? Cela va-t-il changer le goût des vins et fromages de ce pays ? Ou même changer celle qui partage ses nuits ?

Je ne dis pas que l’espionnage américain est une chose sans importance. Par contre, ce n’est pas cet espionnage-là qui m’importe, ni surtout qui devrait nous importer, me semble-t-il. Car savoir que les bassesses et autres tricheries qui font le quotidien de nos politiciens sont connues outre-Atlantique, la belle affaire ! Si cela pouvait les pousser à être plus honnêtes, ce ne serait que positif.

Par contre, je ne peux pas accepter l’idée que la NSA puisse surveiller mes faits et gestes ou mes dires. Soyons clair, je ne peux pas plus l’accepter des RG ni de toute autre agence de ce monde.

La France a à cet égard une culture très bizarre en matière de risque portant sur les données personnelles et ce cas ne fait hélas guère exception. Nous grandissons dans un pays où on nous enseigne la peur des grandes entreprises et la confiance en l’état et ses institutions. Par exemple, Google ou Facebook, mais Carrefour de même, seraient un énorme danger pour nos petits secrets, car ils auront tôt fait d’en abuser et de nous piéger en leurs filets commerciaux.

Or pour ma part, je me méfie bien plus d’une NSA ou de RG qui savent tout de moi et qui peuvent me contraindre à dieu sait quoi alors que j’attends le jour où Carrefour m’obligera, me forcera à quoi que ce soit. Les entreprises, même grandes, ont intérêt à me servir et à me satisfaire. Pas la NSA.

Le risque et donc le scandale de la NSA n’est pas tant dans la violations des petits secrets des huiles frelatées qui nous exploitent que dans la menace que ces agences représentent sur notre liberté quotidienne, individuelle et bien concrète. Il est bien dommage que la presse NSA-che le voir.

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