J’ai découvert il y a peu le « groupe de citoyens
ordinaires » qui se fait connaître sous le nom plein de promesses de « Démocratie
Directe & Résilience ». A les lire, on perçoit un mélange détonnant
entre des minarchistes inconscients et des décroissants dégoûtés du socialisme –
plutôt une bonne chose.
Voir un tel mouvement se créer, c’est avant tout positif et
encourageant. Car même si leur analyse et leur programme sont truffés d’incohérences,
parfois majeures, comme toute vue politique éloignée de l’anarcapie, il demeure
que toute poussée inspirée par la liberté fait avancer le débat en ce pays.
Mais il reste que leur positionnement politique est une
impasse faite d’incohérences et d’analyses approximatives. Cela ressort
aisément de l’analyse de leur « fondements » et « principes »,
repris de leur site web. Sur plusieurs articles thématiques à suivre, voyons ce
qu’il en est vraiment, en débutant par le premier principe, qui concerne le
rôle de la constitution, un thème très démocrate.
Attention, cela part fort : « L’homme trouve la nécessité d’établir un contrat social à partir du
moment où il décide de quitter son état naturel d’individu « libre devant la
nature » pour entrer en « collectivité organisée ». » C’est digne
d’un sujet de philo du bac made in éducation
nationale.
L’idée générale n’est pas idiote : en langue plus
simple, on pourrait traduire par : « l’individu devient adulte en
reconnaissant le droit comme base de la vie sociale », en donnant une
lecture libérale. Mais parler de contrat social, nécessaire ou pas, n’a aucun
sens pour bien des raisons, par exemple parce le concept suppose plusieurs
signataires alors qu’on s’intéresse à l’individu qui seul décide.
Plus gênante, la notion de liberté devant la nature. C’est un contre-sens. Etre « naturellement »
libre, cela serait pouvoir voler ou respirer dans le vide de l’espace, par
exemple ? Non bien sûr. La liberté se rapporte à autrui, à nos droits mutuels,
c’est l’article IV de la déclaration des droits de l’homme.
Ensuite, voilà le principe lui-même : « Ainsi, le rôle premier d’une Constitution
est de définir clairement les notions de domaine individuel et de domaine
collectif, afin de pouvoir circonscrire le champ de la loi à l’intérieur de
chaque domaine. » Deux ou trois questions simples pour illustrer le
vide de cette phrase : A qui appartient le domaine collectif ? Qui
décide du champ de la loi ? Et de la loi ? Pourquoi a-t-on besoin d’une
règle pour faire des lois sans savoir pourquoi on a besoin de lois ?
Ce n’est qu’un premier aperçu, nous verrons les incohérences
des principes suivants. Retenons à ce stade qu’une constitution n’est jamais le
gage d’une société libre : elle exprime le pouvoir d’imposer des lois inutiles
accordé à un collectif mal défini envers des individus libres n’ayant rien
demandé.
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