Ce matin, comme c’est la mode ces jours-ci, on évoque Nuit
Debout dans la presse et l’agression d’Alain Finkielkraut, laquelle conduit à
cette affirmation supposée rassurante quant au respect des idées et notamment
celles du philosophe : « La
démocratie, c’est le débat ». Débattre, c’est bien.
Qu’est-ce que débattre, au fait ? Ou plutôt, que cela
suppose-t-il ? Débattre, librement, c’est en effet exprimer, concrétiser
la liberté d’expression de chacun, chose incontestablement positive et majeure
pour la liberté de tous. Débattre, c’est permettre à la liberté d’être comprise,
exigée, sinon trouvée.
Mais surtout, débattre suppose que la chose débattue n’est
pas un sujet clos, une question dont la ou les réponses ne sont pas encore
connues. Débattre c’est donc chercher ce qui n’est pas connu.
Bien évidemment, la part d’inconnu dans une démocratie est
immense, elle le sera toujours et c’est très bien comme cela : le futur
est largement inconnu, c’est l’expression même de notre liberté.
Il y a pourtant des pans entiers de la vie en démocratie qui
ne sont pas, qui ne sont plus inconnus et cela depuis fort longtemps – au moins
depuis que les économistes autrichiens sont passés par là. Et pour tous ces
sujets, fort nombreux, quand on écoute les fameux débats, eh bien, il n’y a pas
débat.
Prenons quelques exemples pour illustrer. La lutte contre le
chômage ? Pas besoin d’en débattre, on sait, depuis Frédéric Bastiat sinon
avant, que la suppression du salaire minimum et de l’essentiel du code du
travail suffiraient à le rendre quasi-inexistant. Les 35 heures, ou même les 32
heures comme on commence à entendre – c’est-à-dire le partage du temps de travail ?
Pas de débat non plus, c’est le fruit d’une confusion profonde entre travail et
emploi qui rend l’idée sans fondement. Le travail existe et existera à l’infini
car il est l’expression des besoins et envies des hommes. Infini, pas besoin
donc de le partager. Par contre, les 35 heures, c’est produire moins pour le
même revenu sans gains de productivité : pas besoin de débattre pour
établir que cela ne peut que nous appauvrir.
Ce ne sont que quelques exemples, il y en a autant que l’on
veut. Ce qu’il faut en retenir, c’est que la vie sociale ne repose pas
entièrement sur le relativisme, tout n’est pas affaire de choix politiques. Il
y a des lois économiques intemporelles et universelles auxquelles nul
politicien ne peut échapper, pas plus que la démocratie ou la volonté du
peuple. Dès lors, débattre reste une excellente chose, mais à la lumière du
réalisme économique et des obligations morales issues du respect du droit par
chacun.
PS : Voir cet ancien article sur le même sujet, en plus
détaillé : https://www.contrepoints.org/2011/03/09/16374-de-lillusion-democratique
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