Saturday, July 2, 2016

Le vote dès 16 ans, un sujet mineur ?

Une rumeur m’est passée aux oreilles qui serait favorable à un abaissement de l’âge du vote à 16 ans, comme il fut réduit de 21 à 18 ans à l’époque de Giscard-d’Estaing. Les libéraux devraient-ils s’en réjouir, ou bien est-ce au contraire une source supplémentaire d’inquiétude pour ce pays ?

Il faut tout d’abord revenir aux fondamentaux. Et quitte à déplaire à beaucoup, il faut rappeler que la question soulève celles de la majorité et du vote démocratique, qui ne sont pas des concepts libéraux en eux-mêmes. On trouvera un article complet sur la majorité écrit par Sarah Coudert dans Libres !! et je ne saurais trop y renvoyer le lecteur. En synthèse, elle nous dit un peu comme Don Rodrigue que la valeur n’attend pas le nombre des années, et comme Brassens que le temps ne fait rien à l’affaire.

Mais la vraie question n’est pas en premier celle de l’âge, mais plutôt celle de la manipulation que cache le concept de vote et de changement de la population consultée. Il y a deux manières de voir : soit on considère le peuple comme la source de sagesse et d’orientation de la politique du pouvoir, soit on ne cherche qu’à lui faire valider les décisions déjà prises par le pouvoir central en place.

Dans la première vision, celle que les démocrates hypocrites mettent en avant, celle qui faisait la démocratie d’Athènes, ce qui compte n’est pas l’âge mais la valeur et le bon sens des votants. Fort bien, voilà une vision plutôt noble du citoyen, où on considère que celui-ci est capable de déterminer son destin. C’est sans doute ce qui pousse la plupart des libéraux à croire en la démocratie moderne.

Mais justement, cette démocratie-là n’existe plus, du moins plus dans le monde politique. Certes, lorsqu’on vote au sein de l’assemblée générale des actionnaires d’une entreprise, c’est bien cette même démocratie noble qui se manifeste, une démocratie où le votant a une réelle responsabilité. Mais peut-on m’expliquer où dans la vie politique de ce pays comme d’autres on retrouverait même un semblant de cette responsabilité ? Il suffit de voir le manque de respect qui fuse de toutes parts à l’encontre des votants au ‘non’ du Brexit pour comprendre combien le politicien méprise le citoyen.

Ainsi donc, nous voilà dans le second cas de figure, celui où nous ne sommes bons qu’à dire oui. Dans cette optique, les politiciens doivent par tous les moyens réduire le risque d’avoir affaire à un vote négatif ou contestataire, autrement dit à des citoyens trop bien informés ou trop expérimentés. Il est clair à cet égard que l’électorat peut être découpé très approximativement en trois parties : les vieux ne sont plus tous dans le coup, voire séniles ; les jeunes sont pour beaucoup naïfs ou mal informés ; restent les « adultes » qui sont finalement les moins malléables. Oui, c’est simpliste. Et pourtant.

Car c’est bien le calcul que font les politiciens qui évoquent un âge réduit des votants, il ne faut pas s’y tromper. Ils ne cherchent qu’à accroître le nombre des jeunes sans grand savoir économique et politique qui pourront voter, car ils sont parmi ceux les plus susceptibles de valider la moindre des promesses clientélistes à venir. Mitterrand fut élu grâce aux jeunes, pourquoi ne pas recommencer ?

Les politiciens ne font jamais rien sans arrière-pensée. S’ils nous proposent une idée qui semble à notre avantage, c’est que leur intérêt se cache juste derrière. Et puis après tout, pourquoi ne pas abaisser la majorité à 10 ans tant qu’on y est ? Vite, faisons une pétition ou une manifestation !

No comments: