Faire des lois est un beau métier : on écrit à peu près
ce qu’on veut, on est payé grassement pour ce faire, c’est ensuite voté par
quelques corrompus et cela touche enfin la vie de millions de gens qui n’avaient
rien demandé et qui pourtant vont et payer les premiers par l’argent volé via
les impôts, et subir les conséquences concrètes des interdictions et
obligations qui leur tombent ainsi sur la tête.
Comme si la myriade de textes inutiles et même nocifs qui
font l’imbroglio législatif européen ne suffisait pas, voilà qu’il y a peu
certains juristes de Bruxelles ont voulu faire du zèle en nous préparant un
projet qui ferait des robots des « personnes
électroniques ayant des droits et des devoirs ». Bigre.
Il y aurait de quoi faire des volumes entiers sur les implications
et les errements qui sont liés à une telle idée, la difficulté sera de faire
court. Juste pour illustrer : Qu’est-ce qu’un robot ? Qu’est-ce que
le droit et à quoi sert-il ? Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?
Sont-ce là des sujets nouveaux ? Bien sûr, la réponse à cette dernière
question est ‘non’, et j’avais d’ailleurs jeté les base de cette réflexion dans
un article plus général sur droit et technologie, repris par l’Institut Turgot.
L’idée de base est simple, comme tout ce qui touche à la
liberté : un robot est un produit d’une fabrication par l’homme et ce sont
ces hommes qui l’ont conçus qui ont déterminé sa fonction et son comportement.
Le robot qui serait pleinement indiscernable d’un humain n’est pas encore à l’ordre
du jour et d’ailleurs n’est pas l’objet du texte juridique en question. Donc,
aussi sophistiqué soit-il, le robot est un objet, un produit manufacturé, au
même titre que la voiture autonome par exemple. Il est d’ailleurs intéressant
que celle-ci ne soit pas vue comme un robot dont il faudrait considérer la
personne électronique, ce qui montre la limite de la réflexion de ces – dangereux
– rigolos.
Parler de droit pour un robot pose donc une première
question gênante : si le robot acquiert des droits et devoirs, comment
ceux-ci se substituent-ils à ceux de son concepteur et fabricant ?
Autrement dit, poser le droit du robot, n’est-ce pas dédouaner le concepteur de
ses obligations ? C’est bien ce que l’article laisse entendre : « il peut être difficile de remonter la chaîne
de responsabilité jusqu’au constructeur si une décision d’un robot
‘intelligent’ est à l’origine d’un accident ». Pardon ? Ainsi,
parce que ce serait difficile, on renoncerait ? Mais est-ce que la difficulté
à chercher les coupables de Tchernobyl suffit à justifier qu’on aurait pu faire
de la centrale un robot ?
Ahh, mais les parlementaires ont la solution, bien sûr. Les
robots n’ayant pas les moyens de dédommager leurs victimes, on mettrait « en place un fonds qui serait alimenté par
des taxes prélevées auprès des constructeurs et des utilisateurs ».
Yabon les taxes, voilà la véritable motivation.
Mais nos juristes ne s’arrêtent pas là, hélas. Voilà qu’ils estiment
que « Les robots vont aussi
bouleverser le marché du travail en “effectuant de plus en plus tâches
autrefois dévolues aux humains” ». Encore une fausse nouvelle, cela
fait des siècles que l’innovation en général change la structure du tissu
économique et du besoin de travail. On n’a pas attendu les robots pour
connaître la solution. Mais suis-je bête, et le chômage ? Eh bien nos juristes
osent préconiser de « demander aux
employeurs de verser des cotisations sociales pour leurs “personnes électroniques” » !
La stupidité n’a pas de limite quand on se permet de tordre
toute logique et bon sens. Les auteurs du texte imaginent pouvoir exiger des
concepteurs de robots de signer une « charte
éthique » qui parmi ses principes aurait « l’obligation de ne créer que des robots “bienfaisants” ». Il
est affligeant de constater que des juristes aient une si faible compréhension
du droit pour ne pas comprendre que le concept de bienfaisance est subjectif et
non pas objective. Quant à réinventer l’éthique des robots, n’ont-ils donc même
pas lu Isaac Asimov et ses lois de la robotique ?
Mais hélas, la réalité est bien plus sordide. Des gens comme
Alain Bensoussan, avocats trop bien connu comme parmi ceux qui poussent ces
idées dangereuses, ces gens donc n’ont qu’une seule motivation : donner
dans la bienfaisance ? Non, je vous rassure. S’en mettre plein les poches
hors de toute moralité et si possible grâce à l’argent des autres ? Oui, c’est
évident. Et là, le robot tique.
Lien Fance24 : http://www.france24.com/fr/20160623-robot-statut-juridique-projet-rapport-parlement-europe-responsabilite-travail
1 comment:
Mais ces mêmes politiciens et autres juristes ne cherchent-ils pas à nous contrôler comme des robots, d'une certaine manière?
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