Depuis des décennies, la Corse est un caillou tranchant dans
la chaussure des gouvernements français successifs, de tous bords. Elle
bénéficie des régimes d’exception les plus inimaginables pour d’autres
départements ou régions et fait preuve d’un acharnement envers Paris sans
équivalent.
Aux dernières régionales encore, la Corse se distinguait en
étant la seule nouvelle région adoptant une liste locale et non affiliée aux
grands partis nationaux se partageant le pouvoir politique. Voici que depuis
quelques jours, ce regain d’affirmation prend forme de manifestations
populaires vers Ajaccio, défiant au passage l’état d’urgence ridicule et la pression
sécuritaire de Manuel Valls and co.
Il est amusant, de plus, qu’au moment où démarre un débat
sur le bi-nationalisme, on accepte de parler des partis locaux basques comme
des partis « nationalistes », ce qui tend à pousser l’idée d’une
nationalité locale, en complète contradiction avec la logique de nation monolithique
française.
Ne nous y trompons pas, jamais je ne soutiendrai les actes
de violence qui depuis trop longtemps ont marqué les manifestations des
indépendantistes ou autonomistes de l’Île de Beauté. La violence ne peut en
aucun cas – autre que légitime défense immédiate – être justifiée, quelle que
soit la cause. Je ne suis pas dupe non plus de la mafia locale, de ses travers,
de son immobilisme ni de sa corruption.
Mais cependant, j’admire l’énergie et la volonté de ces
corses qui luttent contre les jacobins et se voient Corses avant d’être fils de
Marianne. Et je regrette que durant des vingt dernières années, les Bretons,
les Basques, les Alsaciens, les Catalans ou encore les Savoyards ne se soient
pas fait plus entendre, que les voix régionalistes semblent avoir été matées
par le Léviathan parisien. Provisoire ?
Car l’avenir n’est pas dans une France encore plus
monolithique, elle-même encore plus noyée au sein d’une Europe toujours plus
vaste. Les partis indépendantistes de divers pays d’Europe, tels UKIP ou les
partis catalans, ne s’y trompent pas. L’avenir est à l’éclatement des monstres
géographiques.
L’Union Soviétique s’effondra pour donner lieu à une myriade
d’états plus petits, comme la Géorgie ou l’Arménie. Cela prendra encore du
temps, mais on peut parier que l’actuelle Russie elle aussi finira par s’effondrer
à nouveau pour éclater en une foule de nouvelles entités. Certains états des
Etats-Unis sont l’objet de soubresauts internes poussant à la sécession, c’est-à-dire
à l’indépendance, hors du territoire à la Bannière étoilée. L’Inde a déjà connu
cela dans les années 70 avec le Bangladesh.
La démarche politique des Corses, du moins la majorité
pacifique, mérite d’être suivie et encouragée par les Libéraux. Elle pourrait
montrer la voie de la sécession libératrice aux autres régions et accélérer la
chute de l’empire – pardon, du cirque – jacobin. Je ne suis pas Charlie : Je
suis Corse…
1 comment:
https://www.youtube.com/watch?v=U6aeZdvONJw
Post a Comment