On a attiré mon attention sur un fait majeur de l’actualité.
Selon des sources télévisuelles « l’armée
française tourne une page : elle va doter ses soldats de fusils d'assaut
allemands HK 416 pour remplacer ses célèbres Famas, conçus au début des années
70 et fabriqués pendant trois décennies à Saint-Etienne. » Voilà en
effet de quoi provoquer l’émotion dans bien des chaumières, surtout des
chaumières de chômeurs ou dans cette charmante ville où s’amassent les Famas
faits-mains.
Sérieusement, quelle plaisanterie que voilà. Alors que le
chauvinisme économique est porté comme un étendard, qu’on nous a rebattu les
oreilles d’un label attestant du « mehde
in France », qu’on jette des milliards dans un porte-avions sous
vérins qui porte surtout à rire, voilà qu’on achète l’instrument futur de nos
trous de balles chez Bosch. Bientôt, un marché noir du Famas à Damas ?
Mais des incohérences de l’état, il n’a plus lieu de
s’étonner. Un état est forcément incohérent, sa nature, ses fondements mêmes
sont incohérents, il n’y a là qu’une turpitude de plus mise à jour.
Plus désolant est le ridicule des larmoiements de tous ceux
qui crient au scandale devant cette décision dérisoire. Que craignent donc ces
critiques ? J’imagine plusieurs choses : la perte de marchés et
d’activité à Saint-Etienne ; la dépendance envers l’industrie
allemande ; l’image que le pays donne de sa propre industrie. Aucune de
ces critiques ne tient face à l’analyse libérale.
La perte de marché ? Eh bien, nos industriels, s’ils
sont si bons qu’on le dit, pourquoi n’ont-ils pas su le démontrer à des
acheteurs qui devaient pourtant leur être favorables ? Pourquoi
faudrait-il que l’état dépense plus pour acheter une qualité moindre, sous
prétexte que la concurrence l’écrit Qualität ?
La dépendance ? Cinquante ans d’Europe ne seraient-ils
en fait que collaboration ? Notre confiance envers nos voisins serait-elle
inexistante au point d’acheter leurs machines mais pas leurs fusils ?
Mais pour un libéral, la véritable question de fond est bien
ailleurs. Elle est très simple à exprimer : pourquoi ne pas privatiser
l’armée, qui bien sûr dans ce cas se fournirait auprès des fournisseurs qu’elle
considèrerait les meilleurs, d’où qu’ils viennent ? Une armée est bien
évidemment indispensable pour assurer la liberté et donc la défense du peuple
qui la finance. Mais justement, puisqu’il la finance – ce qui est le cas
aujourd’hui via nos impôts – pourquoi ne pas mettre des armées-entreprises en
libre concurrence pour nous apporter cet important service de défense ?
J’entends déjà les cris d’effroi. Et pourtant. Si la défense
est si importante, comment peut-on imaginer la confier à ceux qui pourraient la
retourner contre nous ? La véritable liberté, ce n’est pas de pouvoir se
défendre des Allemands, qui sont des gens comme nous, mais de ces quelques
tarés qui ont besoin du pouvoir pour faire ce que bon leur semble à nos dépens.
Mais une idée me vient qui pourrait bien satisfaire tout le monde : Et si
on s’armait pour construire le Famas à Le Mans ?
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