Sur le site Université Libérale de notre ami Alain Ginestine
s’est glissé copie d’un faux programme libertarien élaboré on ne sait à quelle
fin par les décroissants, un groupe d’écolos minarchistes incohérents – comme tous les minarchistes – on le
trouve en .doc sur le site http://www.demainladecroissance.com/textes/
Parce qu’il se revendique libertarien, ce programme donne
une image très déformée à la fois des idées libertariennes et libérales en
général, mais aussi de ce qu’un programme libéral devrait être.
Ce billet reprend le texte du premier thème abordé par ce
programme, portant sur la Désétatisation, pour revoir et critiquer quand il y a
lieu et au plus près ce texte, afin de mettre en lumière ce qu’il porte de
contraire aux principes de la liberté et au message libertarien.
Disons toutefois que dans l’ensemble en effet, cet extrait est
proche de la vision libertarienne. Pourtant, quelques différences sont assez
nettes et fondamentales pour mériter cette attention.
Premier paragraphe : « La France est prisonnière d’un carcan
totalitaire et fasciste : l’Etat français. Il est donc primordial que l'axe
principal du programme du Mouvement des Libertariens soit de lutter contre
l'Etat français et ses dérives socialistes. »
Un libertarien ne parle pas de « la France », qui
n’est qu’un territoire et non un peuple. Ce sont les individus qui importent,
pas le « pays ». Ensuite, s’il est vrai que la lutte contre l’état
est centrale à l’action libertarienne, ce n’est pas pour autant l’axe « principal » ;
pour une raison simple : il n’y a pas d’autre axe à notre action. Enfin,
qualifier l’état de totalitaire, fasciste ou socialiste n’est certes pas faux,
mais tout à fait inutile : tout état, sans exception, parce qu’il s’oppose
à la liberté individuelle par définition même, est toujours de nature
socialiste, collectiviste, totalitaire, et autres synonymes.
« Cette lutte contre l'Etat français porte un nom, la désétatisation. Au
cours des dernières décennies, l'Etat français s'est progressivement introduit
dans tous les domaines de notre vie sociétale : économie, vie privée,
éducation. »
S’il est vrai que les dernières décennies ont vu une
accélération de l’immixtion de l’état dans nos vies, cela n’est en rien nouveau
et déjà Frédéric Bastiat par exemple le regrettait dans les années 1850. Un
état reste un état, aucun état n’est autre qu’ingérence et immixtion. L’état
minarchiste n’est qu’une illusion de plus, comme le titre du livre de H-H.Hoppe
l’évoque : « The Great Fiction ».
« À travers un militarisme forcené à base de répressions policières à
peine déguisées en conséquences d'une politique sécuritaire et liberticide,
l'Etat voyou oppresse les citoyens. Le Mouvement des Libertariens veut se
débarrasser une fois pour toute de l'Etat français, ennemi de tous les peuples,
et le remplacer par une administration fédérale destinée uniquement à la protection
de nos libertés. »
Le Mouvement des Libertariens (MdL) veut rendre le pouvoir
au peuple, aux gens, tout simplement et sans plus d’agressivité. De plus l’état
français est comme tout état l’ennemi du peuple en général, qu’il soit français
ou pas. Par contre, point bien plus important, le MdL ne souhaite PAS remplacer
l’état par une administration, fédérale ou pas, car aucune administration, concept
qui n’est rien d’autre que la matérialisation procédurière de l’état, ne peut
se « destiner à la protection de nos
libertés », puisqu’elle en est au contraire la parfaire antinomie. Les
auteurs de ce texte n’ont pas su voir que ce n’est pas la taille (de l’administration)
qui importe, mais son existence même.
« Cessons de nourrir l'Etat obèse ! Sous couvert de lutter contre un
libéralisme inexistant en France et une mondialisation dont on peine à voir se
dessiner ne serait-ce que les contours, l'Etat s'est approprié tous les droits
sur la propriété privée et nos libertés civiles. »
Absolument d’accord.
« La désétatisation est le renversement de l'Etat français, de ses
milices armées oppressives et de ses services publics malhonnêtes, avatars
institutionnalisés d'un corporatisme particulièrement myope. La désétatisation
c'est aussi la fin d'un égalitarisme effréné, d'un socialisme sectaire éhonté
et de l'interventionnisme débridé de l'Etat dans nos vies. »
Pas d’accord. Il ne s’agit pas, pour le MdL du moins, de
faire la révolution armée en « renversant » un état par la violence
qu’on lui reproche. Il s’agit cependant bien de faire une révolution pacifique, quoique déterminée, qui aboutisse à la disparition totale de l’état comme organe
social. Disparition qui se matérialisera par le retour au privé de l’armée et de
la police ainsi que des pseudos services publics ; mais pour autant, tout
cela sera fait sans violence et sans contrainte aucunes. Ce point est assez
fondamental pour mériter d’être doublement souligné et marquer la différence du
MdL.
« En deux mots, la désétatisation c'est la fin de l'Etat voyou et le
retour à un gouvernement fédéral limité, mais surtout la cessation imminente du
dirigisme étatique que nous, les citoyens, ne supportons plus. »
Contradiction patente. Ce ne sont pas les mots qui changent
les principes. Il n’y a en réalité aucune différence entre un « état voyou »
et un « gouvernement fédéral limité », on pourrait oser dire que le
gouvernement actuel est « limité », il l’est effectivement plus qu’en
Corée du Nord. Et donc ?
« Ce n'est pas de plus d'Etat dont nous avons besoin, mais de plus de
liberté. » Absolument. Mais avoir plus de liberté, cela passe
par la disparition de tout organe monopolistique de pouvoir. En d’autres
termes, les Libertariens souhaitent une organisation sociale où l’ordre règne
grâce à des fonctions régaliennes assurées par des entreprises privées soumises
à la libre concurrence. Il ne s’agit pas d’une société où règnerait le chaos
par absence « d’état », mais une société où la paix devient au
contraire possible précisément parce que ledit « état » n’a plus ce
pouvoir lui venant du monopole des fonctions régaliennes. Toute forme de
monopole disparue, c’est là la clé de la liberté véritable.
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