La réédition de « Mein Kampf » fait grand bruit,
en Allemagne comme chez nous. Rendue possible par la fin des 70 ans de copyright qui paradoxalement en avait
rendu possible le maintien dans le secret et l’oubli, il ressort en librairies
sous la forme d’une édition se voulant critique, mais critiquée.
Un micro-trottoir montre une foule de réactions négatives,
justifiées bien sûr par l’image fortement haineuse que porte ce texte. En gros,
Hitler c’est mal, il ne faut donc pas le lire ni surtout le publier.
Il est évident que je me garde bien de faire l’apologie de
cet ouvrage, encore moins de son auteur. Quiconque a lu trois de mes lignes
sait mon opposition à toute politique et au fascisme en particulier.
Il demeure, cet événement est une belle illustration d’une
des grandes confusions de notre époque, l’amalgame entre le droit et la morale,
et par extension, le rôle moralisateur qu’on accorde à l’état.
Car, environ un an après l’attentat envers Charlie Hebdo, quand
on en fait encore son deuil, alors que les manifestations revendiquant le droit
à la liberté d’expression ont battu leur plein en continu, habillées de
moralisme vaguement libertaire – oui, c’est un oxymore – on semble oublier que
cette liberté d’expression suppose la liberté de publier les pires œuvres, même
celles de Hitler, ou de Mao.
Il faut le dire, le gauchisme ambiant n’hésite pas à prendre
les habits d’une – fausse – morale docte et à critiquer voire interdire tout ce
qui est supposé aller à l’encontre dudit gauchisme malodorant.
Je n’ai pas lu ce nouveau Mein Kampf. Mais j’en trouve l’objectif annoncé excellent. Ce n’est
pas en enfouissant cet ouvrage qu’on luttera durablement contre ses idées. Au
contraire, c’est en les mettant au grand jour et en favorisant le débat et l’explication,
celle qui montre les erreurs de Hitler.
A cet égard, l’état de Bavière, qui en a interdit la
réédition pendant des décennies, a fait l’inverse de ce qu’il fallait pour
vraiment détruire l’attrait du fascisme pour son peuple. On est en droit de se
demander si c’est par hasard, par incompétence ou pour des raisons historiques plus
inavouables.
C’est le même phénomène que la lutte contre le terrorisme.
On ne lutte pas contre le terrorisme en accroissant la pression sécuritaire.
Hitler justifiait guerre et terreur par la lutte contre les Juifs. La lutte
contre les fausses idées politiques passe par l’explication et le libre débat.
Mais le danger pour le politicien, c’est qu’à ce rythme, le débat a vite fait
de détruire les illusions dont il fait commerce.
Mon combat à moi, c’est de dénoncer tous ces mensonges, ces
incohérences et ces fausses façades pseudo moralisatrices mais qui en réalité sont
toutes autant de tentatives de s’imposer à autrui. Il est incroyable que dans
ce pays qui a Liberté comme premier mot de sa devise, nous soyons si peu
nombreux à garder cette vigilance. Car les thèses de Mein Kampf sont depuis longtemps à l’œuvre.
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