Désormais et depuis quelques dizaines d’années déjà, cela
fait partie du folklore, de la culture de ce pays : comme le carnaval, au
moins une fois par an les agriculteurs montent à Paris ou bloquent les routes
pour se faire entendre, expliquer qu’ils ne gagnent pas assez et que le pouvoir
doit les aider.
Il convient de préciser qu’au moins, malheureusement, ils ne
mentent pas. La situation individuelle de chacun est en effet souvent
catastrophique, et le fort taux de suicides de la profession en atteste. Ils ne
sont donc pas tous à classer dans la même catégorie que les nombreux privilégiés
qui, bien qu’à l’abri par leur statut, n’hésitent pas à venir faire souvent obstacle
à la liberté et au travail d’autrui.
On ne peut s’empêcher pourtant de s’étonner que cette colère,
ce cri agricole, semble n’être que la seule option de ces agriculteurs. Or les
choix existent : que ferions-nous probablement à leur place ? Autrement sans doute...
Tout d’abord, si on prend le cas des laitiers, vu les
risques, je ne suis pas sûr que je me serais endetté sur mes biens propres et à
vie pour monter une laiterie. Ou alors, j’aurais commencé petit, pour ne pas
tout perdre si le cours du lait devait baisser durablement. Ou si je m’étais
rendu compte que de nombreux collègues eux aussi se mettaient au lait. Il faut
qu’ils aient été inconscients pour que tant d’agriculteurs se soient endettés
en même temps dans la filière laitière. Ou dans le porc, ou autre.
Bien sûr, comme dans tous les forts dysfonctionnements économiques,
l’état à une grande part de responsabilité. C’est un peu notre crise des subprimes à nous : jamais l’état n’aurait
dû pousser les banques à accorder autant de crédit pour financer ces trop gros
investissements à fort risque.
Mais ce n’est pas tout. Il y a d’autres manières d’aborder
le projet d’une laiterie. On peut par exemple se regrouper à plusieurs, créer
une société et partager les investissements, et donc le risque. Ou encore, au
lieu de créer une simple laiterie, on peut chercher à monter la production de
produits laitiers originaux et donc à meilleure valeur ajoutée. Ce type de
réflexion est très simple. C’est celui que fait tout entrepreneur devant un
projet. Sans aller jeter du fumier s’il échoue.
Ce qui fait le vrai scandale de la cri culture actuelle, c’est
que tout le monde semble accepter qu’elle ait un statut à part, qu’on
subventionne à milliards des entrepreneurs incapables de profits quand ceux qui
gagnent cet argent ne sont pas autorisés à se plaindre d’être imposés, taxés et
taxés encore.
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