Aux dernières régionales, s’étant concentré sur la seule Île
de France, le PLD fait 1% des voix. Rappelons pour mémoire et comparaison qu’Alain
Madelin avait fait 4% à sa dernière présidentielle, et les Libertariens 0,18% à
la législative partielle de Villeneuve sur Lot. Maigres résultats que tout
cela, et peut-on vraiment les comparer ? Que faut-il en conclure quant à
la stratégie libérale ?
Alain Madelin était une personnalité bien plus en vue,
ancien ministre des finances notamment. A l’inverse, personne ne me connaissait
à Villeneuve, pas plus que le terme de libertarien. Quatre fois plus d’un côté,
cinq fois moins de l’autre, on peut finalement voir en ce 1% un chiffre
honorable assez logique avec la visibilité politique du libéralisme en ce pays
depuis trente longues années.
Mais on ne peut limiter l’analyse à ces chiffres, bien sûr.
Constatons que le message de la liste PLD était pour le moins obscur. Pas de
liste en propre, alliance de circonstance avec un groupuscule sans lien marqué
avec les idées libérales, message pragmatique très ciblé sans attaque des
institutions, on peut dire que dans la pratique, il s’agissait de faire
confiance à Aurélien Véron plus qu’à une liste du PLD, encore moins à une liste
libérale. Je pense qu’à ce niveau, l’occasion a été totalement ratée.
Il faut alors revenir à une analyse du paysage politique
pour comprendre pourquoi le PLD ne semble pas plus décoller qu’Alternative
Libérale ou Démocratie Libérale avant lui – tout en restant simple. Il me
semble ainsi qu’il faut mettre face à face le marché politique et les ambitions
du PLD, ou du moins celle qu’on peut en attendre vu de la fenêtre libérale en
ce beau pays socialiste.
Qu’on le veuille ou pas, le terme, le concept « libéral »
est aujourd’hui associé à la droite représentée par l’héritage chiraquien. Le
passage de Madelin par ce courant n’y est pas pour rien, d’ailleurs. Certes,
cette droite n’est en réalité rien d’autre que socialiste, mais cela ne change
rien à l’affaire. Dès lors, pour faire avancer l’idée libérale authentique, je
vois quatre pistes.
L’entrisme, qui consiste à tenter d’infiltrer la droite pour
la pousser à devenir libérale de l’intérieur. Puis l’entrisme inversé, qui est
la même idée, mais appliquée au Front National, afin de profiter de sa vague
contestataire et tenter d’en développer les quelques effluves libéraux. En trois,
la vie politique en propre et bien démarquée. Et enfin la vie politique, mais à
seule fin de promotion, sans but électif.
Le PLD a été tenté pendant quelque temps par l’entrisme,
sans grand succès. Normal, les appareils des machines lourdes que sont les UMP
et autres vieux partis ne se laissent pas manipuler aisément. Puis voilà que le
PLD opte pour une vie en propre, mais toujours à but électif. Sauf que faute de
moyens et d’assise, on finit par être obligé d’accepter une alliance, ce qui
contredit la stratégie.
Il faut alors tirer les conclusions. Que cherche vraiment le
PLD et pourquoi ne réussit-il pas mieux ? L’entrisme n’a pas fonctionné. C’était
prévisible. L’alliance n’a pas fonctionné. Idem. Dans les deux cas, le message
libéral s’est vu dilué, donc sans différence marquée avec la concurrence déjà
vue comme libérale. Pourquoi voter PLD quand on peut voter UMPS, voire FN ?
Bien sûr, je reste convaincu que le PLD ne devrait suivre
une stratégie que de communication, c’est-à-dire sans ambition élective et par
contre misant tout sur la prise de conscience publique de ce qu’est vraiment le
libéralisme. Mais je peux comprendre que ceux qui financent le parti espèrent
des résultats d’une tout autre nature, exprimée en sièges et en pouvoir. Soit.
Mais dans ce cas, donnez-vous au moins les moyens de votre ambition, n’ayez pas
peur de parler libéral, soyez cohérents !
J’imagine déjà l’argument : On ne peut pas se montrer
trop libéral, les Français auraient trop peur, ils ne comprendraient pas.
Est-ce donc si sûr ? Et pourquoi ne pas prendre le risque de plaire à ceux
qui attendent plus de liberté – car il y en a beaucoup ? Quel est donc le
risque réel ? Je n’en vois hélas qu’un : perdre ses sources de
financement. Mais alors, à quoi, ou plutôt à qui sert vraiment le PLD ?
2 comments:
L'ISSUE
Le libéralisme en France : quelle issue ? C'est en lisant le dernier article de Stéphane Geyres que je rebondis ici : quel avenir et quelles perspectives attendre pour le libéralisme en France ? Quelles stratégies adopter ?
Le premier constat, que Stéphane pose parfaitement, est celui de l'échec total du Parti Libéral Démocrate avec à peine 1 % des suffrages exprimés aux dernières élections. L'entrisme, mêlé à un programme flou, des alliances pour le moins sulfureuses et des leaders défendant de façon incompréhensible des idées communistes (Koenig et son revenu universel) font que le message du PLD s'est dilué à tel point que l'on peut affirmer sans hésitation que le PLD est aussi libéral que ma grand-mère fan de la série Games of Thrones. En deux mots et en dépit d'un soutien médiatique non négligeable, d'efforts de comm et d'une organisation en place, le PLD a fait chou blanc.
D'un autre côté, la deuxième force politique libérale du Pays, le Mouvement des Libertariens, stagne et continue à faire des moulinets sur facebook. Vous me direz qu'au moins, en n'ayant aucun candidat visible à aucune élection, ils ne risquent pas de se planter. C'est juste. Mais pourtant ils ont une grosse longueur d'avance sur le PLD : le message libertarien, lui, est parfaitement clair, non dilué, en progression dans les mentalités. Notre intransigeance dans les débats sur la liberté et sur l'Etat, nos positions souvent radicales, notre refus de récupération par les minarchistes, notre cohérence philosophique font que nos idées gagnent progressivement du terrain. Cela ne va pas aussi vite que nous le souhaitons, certes, mais la progression est palpable.
Quelle est la meilleure stratégie à adopter ? Je crois que le MDL a sa place en tant que garde-fou philosophique (en effet, par exemple, il ne fallait pas compter sur les membres du PLD pour dénoncer Koenig et sa proposition communiste), donc le MDL aura une place essentielle, voire majeure dans l'échiquier libéral français. Par ailleurs, rien n'empêche des minarchistes de fonder un Parti et de défendre un programme bien défini, sans alliances, sans compromis, à la manière d'une Thatcher, mais en mieux. Ce parti se verra, s'il existe un jour, attribuer le label fort rare, donc très cher "libertarian approved", dès lors qu'ils sont clairs et ne se diluent pas. L'exemple à suivre est donc celui de Jean-Marie Le Pen qui a fondé son Parti tout seul (avec ses copains) et a toujours eu le même discours, la même ligne, n'a fait aucune alliance et a même défendu une certaine liberté économique que sa fille a détruit consciencieusement par opportunisme et démagogie veule. A tel point que même Marion se pose parfois des questions sur le programme "économique" de sa tante... Bref.
Le PLD s'est planté. Par péché d'orgueil, par impatience, par inconstance politique de ses dirigeants carriéristes de troisième zone. Le MDL restera tel qu'il est, tel un phare dans la brume. Nous ne serons jamais tendres ou complaisants. Nous aiderons les bateaux ivres ou perdus à retrouver leur chemin, s'ils le veulent. Nous soutiendrons un candidat qui osera défendre un programme clair et qui va réellement dans le bon sens, sans se vendre au plus offrant. La Grande-Bretagne nous en a déjà montré l'exemple par deux fois : Margaret Thatcher et plus récemment Nigel Farage. J'ai l'espoir d'en voir un émerger dans notre Pays sclérosé un jour. Un successeur à Jean-Marie Le Pen, mais en mieux.
Sur ces perspectives, je vous souhaite une année politique meilleure qu'en 2015.
"Bien sûr, je reste convaincu que le PLD ne devrait suivre une stratégie que de communication, c’est-à-dire sans ambition élective et par contre misant tout sur la prise de conscience publique de ce qu’est vraiment le libéralisme."
Deviendrais-tu hayékien? Blague à part, Hayek préconisait de s'attaquer d'abord à la pensée. Mais, en France, c'est très, très, très difficile.
En tout cas, ton blog est rafraîchissant.
Bien à toi.
V. Vodarevski
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