Ca y est, ça leur a repris. C’est comme des spasmes. Chaque
année ou presque, chaque fois qu’il faut qu’ils occupent un sous-ministre obscur
et sans compétence, il faut qu’ils affirment leur sottise, leur incompréhension
du domaine, surtout leur besoin de nous garder sous contrôle avec une loi à contre-courant
sur l’informatique ou l’Internet. Cette fois, on a droit (bel oxymore) à une « loi
numérique », fourre-tout qui pousse un peu plus loin la vision chinoise que
nos politiques ont du Net.
Avant de détailler un aspect qui me tient hacker, euh, à cœur,
je voudrais attirer l’attention du lecteur sur une réalité qu’on oublie trop
souvent de rappeler. Contrairement à ce que bien des juristes affirment et
veulent instaurer, tel Alain Biensanssous, le domaine informatique et le Net en
particulier ne peuvent PAS se voir appliqués les lois de la vie civile. Cela n’y
a pas de sens.
Parce que c’est un domaine intangible, virtuel, sans réalité
autre que les machines et câbles qui lui donnent vie. Pas de propriété au sens
de notre droit, dans le Net. Dès lors, pas de responsabilité au sens du droit
classique. Par conséquent, vouloir y imposer des lois ne peut avoir de sens que
si ces lois prennent un autre fondement théorique dans cette nature virtuelle.
Ainsi par exemple, vouloir parler de souveraineté d’Internet revient à chercher
à faire ce que les Chinois on fait d’Internet chez eux – voire pire – à savoir
isoler le réseau français du reste du monde, c’est-à-dire sortir d’Internet.
Donc un des sujets de la loi, sans doute sorti des cartons
de quelques polis techniques de la même veine que ceux qui avaient annoncé dans
les années 80 qu’Internet ne pourrait jamais permettre une activité professionnelle,
un des sujets donc consiste à mettre au point un « système d’exploitation
souverain ». C’est-à-dire qu’en bon Gaulois, on se lance dans un Windows
meilleur que Windows, un Linux mieux que Linux ou que Unix, tout ça vous comprenez
parce qu’on est les meilleurs et qu’en bons Français, on ne peut pas faire
confiance aux Américains ou Chinois qui nous espionnent. Pffff.
Certes, le niveau atteint par les attaques en
cyber(in)sécurité pose bien des questions. Le nombre de failles présentes ou
inconnues dans les systèmes cités laisse songeur et rend souvent difficile la
maîtrise raisonnable de la sécurité de certains systèmes informatiques critiques.
Je dis souvent moi-même qu’il est économiquement scandaleux que Windows – ou autres
– soit une telle passoire.
Mais si je ne fais pas confiance en Microsoft, pourquoi
ferais-je confiance en un OS étatique ? Si Windows est opaque, pourquoi ne
pas opter pour Linux qui a l’avantage d’être ouvert et modifiable à l’envi ?
S’il y a un tel besoin d’un système, pourquoi ne pas laisser leur chance aux
entrepreneurs qui sauront prendre le risque marché à leur compte sans que le
contribuable finance ? Pourquoi avoir besoin d’une loi quelconque pour
régler une question qui n’a rien a priori
de régalien. A moins que ?
Oui bien sûr, à moins
que… A moins que l’objectif soit
inavouable et bien de nature « régalienne », c’est-à-dire de nature à
nous garder mieux sous contrôle. La loi est nécessaire parce que l’OS que les
pires-aux-techniques vont nous créer sera bien en effet un machin souverain, en
clair un moyen de surveiller tous ceux qui en feront usage. Si ce n’était pas
le cas, pourquoi ce projet d’OS aurait-il besoin d’être sous vérins de
subvention et contrôle étatique ? On critique la Chine. Et on fait pire.
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