Je tombais par hasard hier soir sur un débat télévisé où une
journaliste argumentait contre un certain Roger-Paul Droit qui soutenait le
vide du concept d’identité – celui-ci a même été jusqu’à prononcer le fameux « A
est A » qui signe la référence à Ayn Rand dans Atlas Shrugged – La Grève. Il insistait sur le caractère très
relatif et surtout très fluctuant du concept national, au grand dam de la
journaliste.
Soyons clair, l’identité nationale est bien un faux concept,
vide de sens. Et c’est une des raisons de tous les déchirements qu’il suscite.
En effet, qu’est-ce que la France ? Un territoire. Et encore, ce
territoire évolue-t-il au fil des conflits et des traités, donc déjà son
identité géographique est loin d’être uniforme dans le temps. L’Algérie a été France.
Les DOM-TOM sont France. Qui est la France ?
Mais il est clair que lorsqu’on évoque l’identité nationale,
on pense plus à sa population et à sa culture, à son histoire. Or par
définition, par nature, la population fluctue et bouge, elle change
constamment. Etre français est un produit administratif, pas géographique ni
socio-culturel. La culture et l’histoire, par définition, sont attachées à
celui qui les porte et les exprime, pas à un pays.
Et on comprend là toute la confusion. Il n’y a d’identité
dans ce monde qu’au niveau de l’individu, c’est là d’ailleurs l’un des
fondamentaux de la pensée libérale, toujours la plus réaliste. On ne peut
comprendre les phénomènes sociaux tels que ceux qui nous secouent qu’à travers
cet éclairage.
Parler de l’identité d’un groupe peut s’imaginer si on n’attache
à cette identité que ce qui définit le groupe. Il y a certainement une identité
à la fédération française de football de par sa vocation. Mais peut-on imaginer
parler de l’identité footballistique du pays à travers celle de cette
association ? Cela n’a évidemment aucun sens, pas plus que de chercher l’identité
nationale au-delà d’un ensemble de gens à un moment donné sur un territoire
donné, sans plus de caractéristiques qu’une simple liste.
Le problème actuel du pays n’est donc pas un problème d’identité
nationale, puisque cela n’a aucun sens. Vouloir en parler fait d’ailleurs
partie du problème. Car c’est chercher la solution à nos problèmes dans une
entité abstraite qui serait supérieure à chacun de nous, une espèce de machin
qui nous engloberait tous et pourrait parler en notre nom, nous qui serions
tous de son essence.
S’attacher à l’identité nationale, c’est s’en remettre à l’état,
c’est se déresponsabiliser. C’est chercher l’égalité sans légalité. On voit le
résultat depuis des décennies. Qui peut bien vouloir continuer ainsi ?