Tuesday, February 18, 2014

Série Analyse des Programmes : L'UMP : 7 à 12

« Travail : surmonter la crise et récompenser l'effort
[…] Les Français ne veulent pas plus d’aides sociales ou d’assistanat. Ils veulent pouvoir travailler autant qu’ils le souhaitent et que ces efforts soient récompensés. Malgré la pire crise économique que la France ait eu à subir depuis 50 ans, de nombreuses mesures ont été mises en œuvre pour valoriser
 le mérite des travailleurs, en particulier des plus modestes et récompenser leurs initiatives.
- Le pouvoir d’achat a été défendu malgré la crise : suppression des 2e et 3e tiers provisionnels pour 2009 pour 6 millions de contribuables […]
- Le renforcement de l’indemnisation du chômage partiel a évité des licenciements économiques […]
- Depuis 2009 la durée minimale de travail nécessaire pour bénéficier de l’allocation chômage a été abaissée à 4 mois (contre 6 auparavant). En contrepartie de l’amélioration de ces droits, tout demandeur d’emploi qui refuse deux offres valables d’emploi peut perdre ses indemnités et s’exposer à des sanctions.
- Le service public de l’emploi a été réformé au sein de Pôle Emploi […]
- Pour encourager la reprise du travail plutôt que l’assistanat, le RSA a été créé. […]
- Le travail des jeunes a été encouragé pour favoriser leur indépendance : La loi TEPA de 2007 a prévu une exonération d’impôts pour les moins de 26 ans jusqu’à 3 fois le SMIC sur 1 an.
- Les heures supplémentaires sont payées 25% de plus et sont exonérées des charges sociales et défiscalisées pour les salariés. »

Il faut souhaiter à l’UMP que leur crise interne actuelle leur permette d’en ressortir avec plus de bon sens qu’ils n’en montraient ainsi durant la campagne de 2012. Car en premier lieu, ce n’est pas le travail qu’il faut glorifier, mais le service rendu, la valeur ajoutée. Bien sûr, il vaut mieux une société laborieuse qu’une société assistée, mais il ne faut pas non plus juste creuser des trous et les reboucher pour revendiquer un revenu. Ce qui importe, c’est la valeur sociale créée.
Si le diagnostic sur le ras-le-bol de l’assistanat est juste, tout le flot de mesures par contre ne fait qu’aller dans le sens inverse et trahir cet irrépressible besoin d’intervenir qu’ont tous les partis et tous les politiciens, ce qui est la cause même de notre crise de société.
Pourquoi ne supprimer le tiers provisionnel que de certains contribuables ? En quoi mieux payer les chômeur éviterait les licenciements ? Pourquoi raccourcir la durée de travail donnant droit au chômage ? En quoi la création de Pole Emploi serait-elle une bonne chose ? Où voit-on que le RSA stimulerait l’envie de travailler ? En quoi réduire les impôts des jeunes permettrait de leur donner un emploi ? Et enfin, pourquoi les heures sup’ ne pourrait-elles pas être négociées entre employeur et employé ?


« Pour des transports et logements durables
La protection de l’environnement a fait l’objet d’une action considérable depuis 2007
Le Grenelle a marqué l’entrée de la France dans le XXI siècle et en fait aujourd’hui un leader mondial dans ce domaine. Les investissements d’avenir devraient soutenir cette dynamique dans les années à venir. Cette politique a pe
rmis de soutenir et de développer deux secteurs essentiels pour le quotidien des Français : le logement et les transports. […]
- Une révolution « verte » est en marche avec les lois Grenelle : « bonus-malus automobile » qui coûte 1 milliard d'euros et permet de réduire la pollution des voitures, 2000 km de LGV sont programmés d’ici 2020, les énergies renouvelables (éolien, solaire) ont considérablement augmenté, dépassant les objectifs de 2020. […] »

Le Grenelle fut une monstrueuse idiotie. Par exemple, il est à l’origine des Agenda 21 que probablement votre commune est en train de mettre en place. Imaginez par exemple une commune socialiste – paradoxe – de 6.000 habitants dont l’Agenda 21 s’estime à 9.000.000 euros ! L’UMP tente donc de faire du Vert mais comme tous les Verts, ce faisant elle devient très vite rouge.
Il suffit de regarder le vocabulaire : « Protection de l’environnement », « investissement d’avenir » (qui investit ? et qui investit pour le passé ?), « révolution verte ». Pour ceux qui s’étonnerait que les Libertariens critiquent la « protection » de l’environnement, rappelons succinctement le vrai sujet : Protéger l’environnement suppose l’immobilisme. Or il faut se nourrir, planter, récolter, abattre des bêtes. Ce n’est donc pas de protection qu’il s’agit, car on est en permanence obligé de trouver un équilibre entre détruire pour vivre nous-mêmes et préserver pour demain. Il s’agit donc d’un arbitrage permanent, pas d’une simple « protection ». La question de l’environnement est donc une question de gouvernance à l’échelle de l’humanité. Donc aucune loi ne réglera la question. Aucune. Seule la société libre et le marché libre sont donc à même de garantir l’équilibre le plus « durable ».


« Pour une immigration choisie
La lutte contre l’immigration clandestine a gagné en efficacité.
- Des actes plutôt que des paroles sur l’immigration : 145 filières d’immigration ont été démantelées en 2009 et 183 en 2010 ! Les éloignements ont triplé, passant de 10 000 en 2002 à près de 30 000, chaque année, depuis 2008. Plus de 110 000 personnes reconduite
s dans leur pays d’origine depuis 2007. La crédibilité de la France a été restaurée. »
Un texte court pour une fois, mais croustillant d’étatisme, comme il se doit. Une immigration « choisie » ? Mais par qui s’il vous plait ? L’immigration « clandestine » serait mauvaise mais l’officielle ne le serait pas ? Et c’est de la « crédibilité de la France » qu’on se soucie en premier ? Mais c’est oublier l’essentiel, comme toujours. Quels sont les risques posés par l’immigration ? Dans un pays libre, aucun. Mais en France, c'est un facteur majeur d'instabilité et d'injustice sociales et économiques et il faut le dire. En France, on est schizophrène, même la droite. Elle n’ose plus dire que les avantages sociaux ne doivent être accessibles qu’aux cotisants, il est tellement à la mode d’être « exotique »… Ce n’est pourtant pas compliqué de n’accueillir que les gens invités par les résidents, sans octroi de droit particulier. Libre circulation diront certains ? Non, la libre circulation n'est pas un droit, elle n'est que la conséquence probable et souhaitable d'une saine organisation de la société. Mais chez moi et probablement chez vous, on n'est pas libre de circuler. Ni donc d'immigrer.


« Renforcer notre pacte républicain
Renforcer notre pacte républicain c’est revigorer notre dialogue social, assurer la cohésion de nos territoires, veiller à la défense des valeurs républicaines et se mobiliser autour de grands projets fédérateurs.
Un dialogue social revigoré
- Le Président de la République a associé plus fortement les organisations syndi
cales et patronales à la gestion des dossiers économiques et sociaux. [,…]
- La loi sur la représentativité des syndicats a créé un nouveau climat et a entraîné un dialogue social plus constructif […]
Des territoires valorisés
- Le plan de rénovation urbaine […] concerne aujourd’hui plus de 3 millions de personnes. […]
- Le Plan Espoir Banlieue - 500 millions d’euros - accompagne le programme de rénovation urbaine sur le plan humain […]
La défense des valeurs républicaines
- L’égalité Hommes-Femmes n’est pas négociable en France. […]
- Les droits des femmes auront été confortés pendant ce quinquennat […]
Les grands projets fédérateurs
- Le service civique volontaire a été instauré pour permettre aux jeunes de s’engager au service de la collectivité. […] »

Quelqu’un peut-il nous expliquer ce que veut dire « pacte républicain » ? Constatons que la réponse donnée ici par ce parti supposé de droite est peu différentiable d’une approche socialiste. Le premier sujet s’appelle « dialogue social », ce grand leurre qui voudrait que les syndicats – surtout les syndicats actuels – seraient capables de mieux organiser la négociation employé – employeur que les intéressés eux-mêmes. Ces syndicats sont d’ailleurs tellement représentatifs qu’il faut légiférer à leur égard. On passera sur le constructivisme évident des plans truc et plan machin et grand programme chose, qui n’existeraient pas si - ici - le concept même de HLM n’avait pas vu le jour. Pour finir, les « valeurs républicaines », autre euphémisme vide de sens qui de plus se manifeste ici par l’illusoire égalité homme-femme. Et vous doutiez encore que la droite soit devenue socialiste ?


Pour l’UMP, nous avons épuisé les « 10 priorités ».
L’UMP a depuis lancé ses « Etats généraux (*) » et ce sont ces dossiers que nous analyserons désormais.
Le premier est sur l’immigration : http://www.etats-generaux-ump.fr/wp-content/uploads/2013/12/2013-12-12-UMP-Etats-Généraux-Immigration.pdf 
(*) Généreux ?

« L’immigration n’est pas un mal en soi : la France a une longue tradition d’ouverture.
L’immigration a pu être synonyme de réussite pour notre pays et peut le redevenir, dès lors qu’elle renforce la communauté nationale et contribue à sa richesse et à la réussite des nouveaux arrivants. Mais aujourd’hui, elle est devenue un problème aux yeux des Français :
- Problème parce qu’en période de crise nous n’avons plus les moyens d’accueillir convenablement les immigrés
- Problème parce que cette immigration est beaucoup plus subie que choisie. […] Seule une minorité d’immigrés vient directement en France avec l’idée d’y travailler. »

Beaucoup liront la première phrase comme positive, raisonnée, assagie. L’immigration n’est pas un mal en soi, c’est tout à fait vrai. A condition de comprendre ce que ce mot exprime. Si les gens peuvent venir chez nous comme ils veulent sans y être invités, cette immigration s’approche de l’invasion. En Libertalie, la seule immigration légitime est celle où les immigrants sont invités, la libre circulation ne justifie pas toutes les pseudo-liberté. Les propriétaires font la loi, pas l’état.
Vient ensuite une longue suite d’arguments (les deux premiers sont ci-dessus, les autres à suivre) pour expliquer que l’immigration n’est pas rose. Le premier argument montre déjà l’erreur profonde d’analyse, très collectiviste : qui est ce « nous » qui n’a pas les moyens ? Si une famille veut ou peut embaucher une « aide ménagère », libre à elle ? Et si une usine ne peut embaucher, qui le sait mieux qu’elle ? Il n’y a pas de « nous » qui tienne.
Le second argument met le doigt sur une des aberrations du système, où la forte majorité des immigrants n’est ni invitée ni active – mais bien sûr arrive à vivre des avantages sociaux, sinon le phénomène ne durerait pas. On voit donc que l’UMP commet la même erreur collectiviste que tous les autres partis et sera donc incapable de régler le problème, puisqu'il ne le comprend pas.


Immigration, suite : « Manifestement, seule la gauche n’est pas consciente de ces difficultés sauf à jouer la carte de l’immigration à outrance par cynisme électoral. […]
Ainsi le gouvernement facilite l’entrée dans notre pays de personnes étrangères, relâche la lutte contre l’immigration clandestine, puis encourage les régularisations qui mènent aux natu
ralisations.
La question que chacun doit se poser, c’est quel est le but recherché par Manuel Valls et François Hollande alors que chacun constate que la France, en pleine crise économique et sociale, n’est pas en situation d’engager et de réussir le parcours d’intégration de chacun de ces étrangers par manque d’emplois, de logements, de places de crèche… On est en droit de se demander si, face à un peuple qui lui refuse sa confiance, la gauche ne cherche pas à dissoudre le peuple…
Faute d’avoir une majorité suffisante pour donner le droit de vote aux étrangers, François Hollande ne serait-il pas en train de faire marcher la machine à naturaliser (et donc à octroyer le droit de vote) dans l’optique de gagner des électeurs en vue de municipales qui s’annoncent difficiles. La prochaine étape est-elle de donner la carte du PS en même temps que la carte d’identité française ? »

L’UMP nous propose une analyse assez lucide des manœuvres socialistes en matière d’immigration. Il est clair en effet que l'électorat PS s’effritant, les vagues d’immigrés font d’excellents promoteurs et futurs électeurs de la cause du parti se croyant avoir le « monopole du cœur ». Par contre, le modèle que nous propose l’UMP en la matière est tout aussi malsain. Etre « en situation d’engager et de réussir le parcours d’intégration de chacun de ces étrangers », est-ce vraiment là la question fondamentale de l’immigration ? Non bien sûr, car la notion d’intégration est en soi collectiviste et donc hors de la réalité. Intégrer qui à quoi ? La seule manière de vivre en société, c’est de respecter le droit et en particulier la propriété d’autrui, rien d’autre. Or « intégrer », ce n’est pas « s’intégrer ». Intégrer suppose la contrainte envers ceux qui « accueillent », alors qu’ils sont parfaitement dans leur droit de ne pas vouloir accueillir. S’intégrer par contre suppose l’effort par l’immigré de se faire accepter et se confondre avec ses hôtes. L’UMP agite donc le drapeau noir de l’immigration mais pour nous en proposer un modèle qui relève du drapeau rouge.

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