« Un dialogue social refondé
Recréer un environnement favorable au retour de la production en France, cela se fera avec les ouvriers, les employés, les cadres, toutes celles et ceux qui constituent les forces vives de la France. A travers des corps intermédiaires reconnus, ils participeront pleinement au développement et aux choix de leurs entreprises.
Rénover le dialogue social pour adapter l'entreprise aux contraintes extérieures. L’Etat sera facilitateur et non pas décideur et ce dialogue portera sur les aspects suivants :
- Négociation d’accords-cadres fixant, dans les différentes branches, le cahier des charges de la discussion sur le temps, la durée du travail et l'évolution des salaires.
- Simplification du droit du travail pour revoir les dispositions devenues incompréhensibles et inapplicables. Le CDD doit être strictement réservé aux cas prévus par la loi (missions à durée déterminée, emplois saisonniers…). Un contrat de travail unique - le CDI - doit être désormais la règle : fondé sur une consolidation progressive des droits, il permettra de connaître le montant des indemnités dues, en cas de licenciement et diminuera le recours aux prud'hommes, long et aléatoire pour les parties. C’est un élément de libération pour ceux qui voudraient embaucher mais craignent les contentieux coûteux.
- Etendre le rôle des comités d’entreprise à la négociation des conditions de travail et des rémunérations.
- Ouvrir aux salariés les conseils d’administration et les comités des rémunérations des entreprises, avec droit de vote.
- Limiter les rémunérations excessives en excluant des charges déductibles au titre de l’impôt sur les sociétés les rémunérations (fixes et bonus) les plus élevées (au-delà̀ de 50 fois le SMIC).
- Supprimer les stock-options, sauf pour les start-up. »
En matière de travail, vous trouvez que le MoDem se distingue du PS voire du FdG ? Observons juste le vocabulaire :
- Production (ne sommes-nous pas à l’ère du service ?) – Dialogue social (ne peut-on pas discuter chacun à son niveau ?) – Accords « fixant », « désormais la règle », CDD/CDI « doit être », « strictement » réservé, « rémunérations excessives », « excluant » (ne voilà t-il pas une belle série de marques de dirigisme ?) – « Un élément de libération » !? Pardon ?!
Il n’y a au contraire aucune libération dans ce texte qui montre que le MoDem raisonne en socialiste. La seule manière de libérer et d'assainir le marché du travail, c’est précisément de le considérer comme tel, Ce qui veut dire ne plus lui dédier un code juridique particulier mais le faire revenir dans le domaine du simple contrat commercial, qu’il n’aurait jamais dû quitter. Et dès lors, chacun sera à nouveau libre de négocier comme bon lui semble. Enfin.
« Un droit à la formation renforcé
- Créer un droit effectif à la formation tout au long de la vie, matérialisé par l’ouverture d’un compte formation continue personnel.
- Soutenir la formation professionnelle qui est un facteur d'accès au premier emploi, de sécurisation des parcours professionnels et de reconversion. Pour cela, remettre à plat les crédits à travers une Agence nationale dont la mission sera de transparence et de stratégie, de mise en ordre du secteur de la formation professionnelle.
- Fluidifier le marché de l’emploi en mutualisant davantage les moyens de Pôle Emploi, des CCI, des maisons de l’emploi et des missions locales pour capter les emplois en entreprise et notamment dans les TPE et PME. »
Que dire ? Tout est déjà dans le titre. Un parti qui promet un « droit à » est socialiste, il n’a pas compris ou ne veut pas comprendre qu’il n’existe que des « droits de » (droit de propriété ou de vivre) et que les « droit à » sont du vol déguisé.
Dès lors, on invente des machins. Qui va gérer ce compte formation et pourquoi n’est-il pas intégré au salaire ? En fait c’est là la seule question en matière de formation : si l’employé ou « travailleur » ne dépense pas pour sa formation, c’est probablement qu’il considère qu’une telle dépense n’est pas à la hauteur des gains de revenus supposés en découler. Par exemple tout simplement parce qu’il apprend plus sur le terrain, au contact, que dans une salle de cours ? Ou du moins qu'il s'en satisfait ?
La formation est essentielle, mais elle est multiforme. Laissons-donc chacun choisir – et financer – la voie qui lui convient.
« Une agriculture compétitive, préservée et durable
- La politique agricole commune dans le cadre de la réforme en cours à l’horizon 2013 sera défendue avec trois objectifs non négociables :
* Le premier : défendre non seulement des productions, mais le tissu des producteurs, des exploitations familiales viables […]
* Le deuxième : permettre que les productions agricoles soient payées à leur juste prix […]
* Le troisième : obtenir une agriculture respectueuse de l'environnement, par une agriculture raisonnée […]
- Encourager la filière viticole française qui a des atouts considérables.
- Redynamiser les filières de nos industries agro-alimentaires.
- Favoriser une conception nouvelle des bateaux de pêche, consommant moins de gasoil et la co-expertise scientifique sur la pêche en réunissant des scientifiques désignés par les autorités politiques et des scientifiques désignés par les pêcheurs. »
Dès le titre, la couleur est annoncée : pas orange, mais vert et rouge. Le MoDem ose annoncer ouvertement qu’il défend la PAC – mais il est vrai qu’on retrouve là bien la patte d’un pseudo agriculteur, infusé de subventions. Il faut pourtant le dire, s’il y a besoin d’exploitations viables et de produits au juste prix, c’est que la PAC ne fonctionne pas alors même qu’elle coûte une fortune aux contribuables européens. Non, l'agriculture n'est pas une exception. Non, ce n'est pas en gardant à bout de bras des exploitations moribondes qu'on gère le territoire. Il n’y aucune bonne raison pour ne pas laisser le marché reprendre ses droits. C’est la meilleure manière de voir les exploitations dépassées disparaître ou au contraire devenir des exploitation innovantes car libérées du carcan des céréales subventionnées. C’est aussi la meilleure façon de rendre l’agriculture durable, précisément parce que chaque agriculteur sera responsable de son « durable » propre.
Passons sur le reste des propositions, elles n’ont aucun intérêt, si ce n’est d’illustrer combien le MoDem ne sait être autre chose que constructiviste, c’est-à-dire socialiste.
« Une finance au service de l'économie réelle
L’économie financière, celle de la spéculation, est en passe de dominer et parfois de détruire l’économie réelle, celle de la production, de la distribution, des biens et services. Pour mettre fin à cette domination, cinq grands principes s’imposent :
- Renforcer les pouvoirs et l’indépendance du régulateureuropéen face au lobby bancaire, imposer les règles de prudence les plus strictes privilégiant le financement de l’économie réelle. Plus la prise de risque est élevée plus elle doit être soumise à des règles de pénalités sur les fonds propres.
- Etudier la séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires.
- Réguler strictement les marchés dérivés et de matières premières pour empêcher les opérations spéculatives.
- Lutter effectivement contre les paradis fiscaux en pénalisant les établissements bancaires qui y ont recours.
- Mettre un terme aux tarifications abusives en renforçant la transparence entre les banques. »
Le titre seul mériterait un article. Il n’y a d’économie que réelle et la finance n’en est qu’un instrument. On peut dire que la monnaie étant elle sortie de la réalité, ses conséquences sur économie et finance sont désastreuses, mais ce n’est pas la même chose. Critiquer l’économie « de la spéculation » est une autre idiotie dans la mesure où le simple fait de vivre est une spéculation permanente, celle d’un avenir meilleur. La finance n’est pas une fonction qui nuit à « l’économie réelle », elle en est au contraire le sang qui la nourrit.
Mais pour que les deux soient saines, il faut une monnaie saine et c’est à ce niveau que notre système actuel est profondément déficient. Mais pourquoi le MoDem ne le dit-il pas ? Parce que c’est tellement plus facile de taper sur les méchants banquiers bien sûr plutôt que d’accuser les politiciens qui ont mis ce système en place.
Alors à partir de là, les mesures proposées sont bien dérisoires, voire ridicules. Renforcer les pouvoirs ? Mais il n’y a pas de pouvoir en économie, il n’y a que le marché, c’est son immense avantage.
Tiens, comme pour le FN, il y a une et une seule bonne mesure, et c’est la même : saurez-vous la reconnaître ?
« La France, modèle de développement durable
La mutation que nous connaissons est une étape, irréversible, vers un autre modèle environnemental. On ne pourra plus revenir en arrière. C'est à une production et à une consommation plus durables, à un meilleur respect des ressources rares, à la lutte contre le réchauffement climatique que nous devons nous atteler. C'est le but de l'écologie positive, tout entière au service de l'homme et de la nature. La France doit être pionnière en la matière.
- Financer les politiques de développement durable : créer un fonds d’investissement dédié au développement durable, alimenté par les quotas carbone issus du protocole de Kyoto, l’investissement privé, et l’épargne populaire. Il investira dans l’efficacité énergétique du logement et des transports, dans le capital des projets industriels d’énergie renouvelable, la recherche dans le domaine des énergies nouvelles, et la restauration et la préservation de la biodiversité.
Créer un malus environnemental sur les produits de consommation les plus nuisibles à l’environnement.
- Rénover le bâti ancien pour limiter nos émissions de CO2 […]
- Organiser un débat sur l’avenir de la production électrique en France […] Pour le nucléaire, énergie de transition, la garantie de sécurité des installations est non négociable.
- Conforter l’indépendance de l’Autorité de Sureté Nucléaire […]
- Stabiliser et simplifier les règlementations administratives et fiscales […]
- Créer un consortium européen de l’énergie renouvelable, à l’image d’EADS […]
- Préserver la biodiversité : limiter l’imperméabilisation des sols […]
- Moduler dans un cadre européen l’impôt sur les sociétés en fonction de leurs performances environnementales. »
Ouf ! Un gros morceau que l’ambition durable du MoDem. Après la France modèle social, voilà que nous aurions les moyens de devenir un modèle du « durable ». Et bien sûr on commence par oublier le pourtant très durable « principe de précaution » qui ici ne semble pas s’appliquer : on fonce tête baissée vers des projets infondés et même tout sauf durables. Le premier paragraphe est à ce titre assez étonnant : le durable va tellement de soi, il est tellement évident que l’écologie sera au service de l’homme alors que jusqu’ici, le méchant capitalisme n’était qu’un ogre pour l’homme, que les autres pays ne nous ont pas déjà devancés et que nous devons à nouveau éclairer le monde.
Et tout cela avec bien sûr un train de mesures aussi socialistes / étatistes les unes que les autres, donc condamnées à l’échec. Le point sur l’organisation d’un débat est spécialement lumineux : dans une société complexe, il n’y a pas, aucun moyen d’organiser un débat, un débat réel qui nous implique tous. On peut tout au plus espérer un référendum. Sauf si au lieu de prendre la voie démocratique, illusoire, on privatisait le nucléaire, toute l’énergie. Le marché libre serait alors un moyen bien plus efficace de débattre, chacun influençant à sa mesure et librement, l’ensemble sans ne rien imposer aux autres.
Cet exemple démontre s’il en était besoin la supériorité à la fois économique et démocratique des options libérales sur l’étatisme attardé du parti orange…
(Proposition coupée en deux – Partie I)
« L’école de la réussite
Elle repose sur quelques certitudes. L'enseignement valide, c'est celui qui unit l'acquisition de connaissances solides à l'épanouissement personnel. L'un est l'appui de l'autre. C'est dans l'expérience, le savoir-faire, l'humanité des maîtres que se situe, dans le premier et le second degré, le gisement de progrès de l'éducation. La clé de l'égalité des chances, à l'école comme dans la vie, c'est la langue : elle est la priorité car elle donne accès, en même temps, à l'univers des connaissances, des sentiments et de la création. Enfin, la valorisation méthodique des aptitudes est la condition de la mise en confiance, de l'estime de soi des élèves.
- Ecrire un Contrat de progrès entre l'école et la nation qui garantira le maintien des moyens et précisera les objectifs que la nation assigne à son école.
- Exclure la violence de l’école et refaire du respect la règle entre élèves et enseignants, dans la classe comme dans la cour de l’école.
- Définir les méthodes pédagogiques par l’évaluation des résultats : ce n'est ni au gouvernement ni au président de la République de trancher des méthodes d'apprentissage, c'est à la classe, au résultat effectif, à condition qu'aucune méthode ne se voie exclue pour raison idéologique.
- Fixer comme objectif la maîtrise de la lecture et de l’écriture à l’entrée au collège. Si l’élève est en défaut, une pédagogie adaptée doit lui permettre de reconstruire son rapport à l'écrit.
- Faire débattre le Parlement du principe des programmes et de leur lisibilité.
- Maintenir le nombre d’enseignants, ainsi que le décret qui définit leur statut.
- Défendre les concours de recrutement nationaux qui sont la voie la plus républicaine et la plus légitime pour sélectionner les enseignants du second degré.
- Reconstruire une année de formation des enseignants, en alternance avec exercice dans la classe et transmission de l'expérience d'autres enseignants.
- Rendre l’évaluation des enseignants plus objective, en réservant la notation pédagogique des enseignants à des évaluateurs expérimentés.
- Mettre fin aux surcharges administratives.
- Donner aux chefs d'établissement des possibilités nouvelles, par exemple recrutement direct des remplaçants, gestion des volumes d'heures pour organiser des soutiens individualisés ou en petit groupe. »
Cette proposition est longue, nous l’avons coupée en deux et pourtant elle reste comme infinie. Ce n’est pas surprenant quand on se souvient que M.Bayrou fut ministre de l’éducation. Et il faut bien reconnaître que l’enseignement, et non l’éducation, est un sujet essentiel qui mérite qu’on s’y attarde.
L’introduction contient deux mythes largement contestés par le libéral. L’égalité des chances est une illusion : cela veut dire que les meilleurs doivent être bridés au niveau des plus faibles. Pourquoi cela devrait-il être un objectif de l’école ? Quant à la valorisation « méthodique » des aptitudes, elle serait un objectif plus noble si seulement l’école passait en effet en revue toutes, vraiment toutes les compétences. Mais quand on aime jardiner, ou chanter, ou simplement faire du théâtre, où est cette valorisation « méthodique » annoncée ?
Ensuite, certaines des propositions sont spécialement gratinées. Ainsi l’idée d’un « contrat de progrès entre l'école et la nation » est totalement stupide, la nation étant un machin informe sans réalité et qui n’a en aucun cas le pouvoir « d’assigner [un objectif] à son école ». « Exclure la violence » est un superbe vœu pieu qui restera sans effet. Par contre, « Maintenir le nombre d’enseignants », voilà une mesure bien politiquement correcte !
Ainsi, toutes ces mesures n’envisagent pas une seule seconde que l’état puisse devoir se désengager de l’enseignement, alors que ce n’est pas son rôle, lequel se limite à la seule garantie du respect du droit pour et par tous.
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