Saturday, July 27, 2013

Revue critique de l’ouvrage « A quoi sert l'état ? » de Christian Laurut

Cet article constitue une revue critique de l’ouvrage « A quoi sert l'état ? » de Christian Laurut, un minarchiste décroissant qui pense qu’il a développé une vision, un modèle de société cohérent et proche de l’idéal, alors que sa simple revendication de décroissant montre qu’il n’a pas su voir certains des mécanismes clés de la société. Voir l’ouvrage ici.

Mon objectif à travers cet exercice est multiple :
  •           Répondre très concrètement à C.Laurut qui m’a plusieurs fois mis au défi de commenter ses travaux ;
  •           Montrer que la notion d’état quand elle est mal définie et mal comprise conduit à des confusions ;
  •           Montrer que ces confusions expliquent que les minarchistes, tout minarchiste, sont incohérents et ne vont pas jusqu’au bout de leurs propres raisonnements ;
  •           Dégager les quelques thèmes obsessionnels qui fondent sa vision
  •           Illustrer que C.Laurut est en réalité un constructiviste qui s’ignore.

 J’ai structuré cette critique de manière systématique et probablement laborieuse et peu digeste. Mais il m’a semblé que respecter le texte et son ordre était la seule manière de ne pas tricher avec l’auteur. J’ai donc pris chapitre après chapitre, paragraphe après paragraphe et sélectionné quelques extraits présentant des confusions ou contre-vérités pour les commenter chacune en détails.

Pour aider à la lecture et éviter de devoir tout lire, une synthèse des erreurs et confusions principales faites par l’auteur est donnée juste après. Elle peut suffire au lecteur pressé, ou elle peut aider à la lecture des notes au fil des extraits.

  • Synthèse des Erreurs et Confusions

L’erreur la plus profonde que C.Laurut commette est d’ordre méthodologique. Il propose un audit de l’état à travers l’histoire, ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose, mais ce faisant il ne fait rien de moins qu’oublier ce qu’est un audit. Un audit suppose un crible, un modèle, une théorie antérieure qui sert de référence et qui permet de poser le jugement. On compare un existant à un modèle. Il évoque bien, en début de conclusion, que « la mission [de l’état] constitutionnellement, est celle de servir le peuple » mais cela est tellement vague que sans intérêt.

Au-delà d’une logique d’audit et son formalisme, l’idée même de reprendre l’histoire pour tenter d’en dégager, d’en inférer un rôle de l’état est une erreur empiriste typique : elle permet au mieux de dégager ce que l’état est ou a pu être, mais pas ce qu’il devrait être. Ce n’est pas parce que l’état a toujours existé en France qu’il doit exister encore.

De plus, faire une étude historique de l’état en France est quelque peu limité, oubliant deux choses, ie que le rôle de l’état ne devrait pas dépendre du pays ni de l’histoire de référence et que l’histoire ne peut rien nous apprendre de définitif. A ce titre, la légitimité d’un état ne peut pas venir de son histoire, mais de son rôle, ou à la rigueur de son efficacité.

On tombe alors dans un second travers qui est que nulle part il ne pose de définition de l’état. Ni ne fait-il l’analyse du pourquoi un état, ce qui est en réalité plus grave. Car pour comprendre l’état, pouvoir argumenter pour ou contre ou pour ou contre une fonction régalienne, encore faut-il avoir compris que le besoin de ces fameuses fonctions résultent du fonctionnement social lui-même. Et que si on doit, si on peut juger d’un état français, anglais ou du Moyen-Age, ce ne peut être que par rapport à ce besoin social. Et c’est là où on voit qu’il n’est pas possible de parler d’état sans en avoir a priori un modèle, une théorie a priori, au lieu d’espérer en inférer un idéal de l’histoire.

Plus dans les détails, l’auteur pris dans cette contradiction procède régulièrement à une logique circulaire évidemment erronée, où il pose sa conclusion puis conclut un peu plus loin avec cette même conclusion. Comme son hypothèse d’audit est irréalisable du fait du point précédent, il oscille en permanence entre le constat historique – mais qui ne permet de rien conclure – et le jugement a priori mais selon une rationalité qui n’a pas été posée.

L’auteur est indiscutablement érudit et connais à fond notre histoire, mais hélas ses bases en économie sont éloignées de la voie autrichienne ce qui se manifeste par un utilitarisme qui l’oblige souvent à sortir d’une argumentation logique. C.Laurut fait ainsi montre de positions ou avis qui sont souvent dignes du parfait gauchiste ou du moins étatiste, par exemple sur l’idée d’une retraite égale pour tous, mais à bien d’autres endroits également.

On se trouve finalement devant une étude qui n’est pas sans intérêt sous l’angle historique, voire même qui apporte des avis de pertinence, mais qui parce qu’essentiellement empiriste, utilitariste et vide d’orientation ne donne aucun recul cohérent quant au rôle de l’état dans l’absolu et à la société minarchiste en particulier.

  • Quelques unes de ses marottes :

-          Les droits régaliens : Il commet deux erreurs majeures à ce niveau. La première, c’est de croire que l’empirisme, la recherche des faits historiques comme seule base d’analyse, peut lui permettre de déduire – inférer plutôt – ce que le régalien doit être. Et ainsi il dégage des droits qui n’ont aucune légitimité réelle. La seconde, c’est de ne pas avoir su voir l’importance de la dissociation du régalien, c’est-à-dire la distinction entre fonctionnel et opérationnel (ou exécutif). Or c’est cette distinction qui permet de concevoir la société libre qui ne serait pas possible si le régalien ne pouvait être confié au marché capitaliste.

-          La décroissance obligée : Selon C.Laurut, le pétrole et les ressources en général vont venir à manquer et donc nous n’avons, nous aurons bientôt pas d’autre option que de réduire nos trains de vie, d’affronter la décroissance. J’ai tenté déjà plusieurs fois de lui expliquer la position de Pascal Salin et bien d’autres sur la relativité des ressources et la capacité du marché à renouveler la technologie, mais monsieur s’arc-boute sur sa position « décroissante ».

-          Le capitalisme désormais esclavagiste de l’étatisme : C.Laurut n’aime pas le capitalisme mais aime les entrepreneurs. Le capitalisme, selon lui, c’est en fait celui des grandes entreprises dont la collusion avec le pouvoir les conduit, leur permet de sortir du droit et pour partie des lois économiques. Il a totalement raison de dénoncer le capitalisme de connivence, l’oligarchie. Mais il se trompe sur la causalité sous-jacente. Il ne sait pas voir que ce n’est pas l’état qui est aux bottes du Kapital, mais l’inverse. Il ne voit pas que si l’état ne disposait pas du pouvoir, il n’y aurait aucun intérêt pour le capital à tenter d’en tirer profit. Il ne voit pas que le capitalisme, comme insiste Ludwig von Mises à le dire, n’est jamais le Boss, le Boss c’est le consommateur. Mais le Boss ultime quand il y a état, c’est l’état lui-même, car il possède l’arbitraire du pouvoir.

-          Les résultats de l’état et l’utilitarisme : Tout au long de cet ouvrage et de ses 17 chapitres, l’auteur ne se pose pas une seule fois la question de la légitimité morale ni de droit de l’état. Telle un Milton Friedmann raté, il ne juge de la bonne capacité, que des résultats de Léviathan, voir s’il est ou a été efficace et sinon, ben là c’est pas bien. C’est là une différence énorme avec nous autres jusnaturalistes qui ne regardons la justice sociale qu’à travers le seul prisme de l’égalité devant le droit.

-          Une constitution : L’idée d’une constitution revient souvent dans ce texte, la constitution étant bien sûr classiquement le mécanisme juridique ultime permettant de contenir Léviathan. Mais hélas toute sa logique tombe, car il ne sait pas voir que l’état ne peut pas se juger ni se limiter soi-même…. Ahh, ces minarchistes…

-          Par contre, il passe complètement à côté de la critique de la démocratie, du type de celle de H-H.Hoppe. A aucun moment il ne sait voir que tous ces travers s’expliquent – au-delà du potentiel glouton de tout état – par la conjoncture historique du XXe siècle qui a vu la démocratie et son clientélisme imposer peu à peu le socialisme.

-          Les assurances sont également un sujet qu’il omet complètement. Jamais, je dis bien jamais dans ce texte ne sont évoquées les assurances comme pouvant de près ou de loin jouer un rôle en lieu et place de l’état. Tu parles d’un libéral… 

  • Détail des commentaires linéaires, chapitre par chapitre

Introduction
-          Ce texte introductif est riche de circonvolutions et d’affirmations mais se garde bien de commencer par le commencement, à savoir définir le concept d’état. Il est vrai que le reste du texte y revient, mais ce défaut méthodologique me semble à lui seul suffisant pour peu apprécier ces lignes.

-           « la fin du dix-septième siècle marqua l’émergence d’une entité moderne, interface nécessaire entre le peuple et le pouvoir, distincte des deux, mais néanmoins revendiquée, plus tard et tour à tour, par l’un comme par l’autre » : Pourquoi tout de suite poser l’état, ici interface, comme nécessaire ? C’est de la logique circulaire : on veut analyser ce qu’est l’état et pour ce faire on commence par le poser comme nécessaire. Manipulation.
-          « Car l’Etat n’est pas l’identique du Pouvoir ! Rendu indispensable par l’évolution de la société et la complexification des rapports socio-économiques entre les individus, son essence est purement technique, sa vocation résolument utilitaire et sa pensée naturellement inexistante. » : Ici il frôle le véritable fond du sujet mais ne réussit malgré tout pas à y entrer. On parle de pouvoir, mais sans dire clairement que c’est lui le fond du problème, on l’oublie ensuite. Oui, l’état est indispensable socialement, mais d’un point de vue fonctionnel seulement, jamais le fonctionnement social n’a imposé l’état jacobin comme le seul possible, ni même les fonctions régaliennes comme telles. Il passe à côté de la différence entre fonction et organe qui est pourtant le cœur du sujet. Jamais il n’aborde ce point.
-          « En effet, depuis qu’il existe, l’Etat Moderne n’est que la traduction politique du Pouvoir réel, et, de même que Richelieu voulut qu’il fut celle de la monarchie, les chéfaillons successifs de l’oligarchie démocratique actuelle s’appliquent à le maintenir dans sa fonction principale de représentation des intérêts du capitalisme. » : Il a tout à fait raison sur cet extrait, mais il est dommage qu’il ne prenne pas le recul nécessaire. Tout d’abord, on le voit bien, on parle de la seule France, il n’y a rien d’intrinsèque à l’état à devenir jacobin et centralisateur. Ensuite, il recommence, il a une idée en tête (intérêts du capitalisme), fausse en plus, mais ce n’est pourtant pas une idée déduite de son analyse, il repart dans la logique circulaire.
-          « les développements qui en découlent devraient non seulement déterminer si les objectifs qui sont assignés à cet Etat sont correctement remplis par lui, mais aussi, et surtout, si ces missions, ainsi définies, sont bien celles qu’un peuple adulte et responsable se devrait de lui confier. » : Tient donc, il y aurait donc des missions absolues qu’un peuple serait en droit d’attendre de l’état ? Mais si c’est la cas, pourquoi ne pas commencer par là ?
1. Les fonctions régaliennes et les autres
-          « Les droits régaliens désignent les marques de souveraineté dont dispose l'État. » : Parler de droit relève à nouveau de la logique circulaire. Je ne discute pas que François 1er ait pu parler de ses droits à cet égard, mais une fois de plus, ce n’est pas l’état lui-même qui peut décider de ses prérogatives, ni l’histoire qui ne peut nous révéler ce qui n’a pas été mais devrait être. L’état n’a strictement aucun droit a priori et la notion est hors de propos. Un droit répond au besoin social de régler, anticiper les conflits entre hommes ou citoyens. Comment l’état, qui n’est pas une personne mais un concept, pourrait-il avoir des conflits avec les hommes qui justifieraient des droits ? Poser cette idée, ce n’est rien de moins que poser le principe d’un état a priori égal ou supérieur au citoyen alors qu’il ne peut qu’être au service de ceux-ci. Un libéral qui imagine un état au-dessus de l’homme ne saurait être libéral.
-          « qui se composerait approximativement de la sécurité intérieure (police, justice), de la sécurité extérieure (armée) et de la monnaie. » : Très approximativement alors, car la monnaie n’est pas nécessaire au maintien du droit donc ne saurait être une fonction régalienne. D’ailleurs, la monnaie est un effet du marché libre, elle existe spontanément et n’a pas besoin d’un état ni même d’une autorité pour voir le jour et se mettre en place.
-          « sous une transposition sémantique plus soft de fonctions régaliennes, qui semble avoir pour objectif, en remplaçant le mot droit par le mot fonction, d’équilibrer autant que possible les deux termes de la locution. » : Il y a là une confusion profonde, une occasion manquée majeure. Le terme ‘fonction’ n’a rien d’un tour de passe-passe, il correspond bien à la nature d’un rôle social. Dans toute organisation sociale pérenne, on s’attache à définir les rôles des uns et des autres, c’est le qui-fait-quoi classique. Ces rôles s’expriment toujours par des verbes, donc par l’action ou le service. C’est la même chose pour le régalien, il n’a de réalité concrète et opérationnelle que si les fonctions de chaque acteur sont définies, connues, reconnues et réalisées – ou plutôt assurées. De plus, ne pas voir l’importance majeure de ce besoin fonctionnel du point de vue social empêche l’auteur de faire la différence entre définition et réalisation. C’est pourtant cette nuance qui est la clé de la société libre et ne pas le voir, ne pas même voir l’importance de cette nuance, c’est ne pas avoir vu la société libre.

-          « Il faut donc s’en tenir, en la matière, à l’application d’un droit coutumier, pourtant totalement absent des pratiques juridiques française actuelles. » : Déjà, en vertu de quoi commencer par ce « il faut » ? Surtout qu’alors que toute sa démarche est empirique, c'est-à-dire basée sur l’histoire et les faits, il faudrait tout d’un coup aller chercher des choses hors des pratiques françaises ? Il y a vraiment un problème de rigueur dans ce texte.

-          « Bref, il existerait donc deux types de fonctions étatiques, celles qui ne pourraient être exercées par personne d’autre que l’Etat et celles qui pourraient être sous-traitées à d’autres organisations. » : Nous voilà pile-poil en présence de la preuve que notre ami n’a pas su voir l’importance de la différence évoquée entre fonction et organe, entre la définition du rôle régalien et les modalités de sa mise en œuvre. Car il évoque tout d’un coup l’exécution mais sans jamais ne s’y être intéressé avant, sans jamais avoir appuyé le fait qu’il y a là un aspect crucial de l’organisation sociale. C’est comme si dans une entreprise, on considérait la fonction comptable mais sans faire de différence entre un comptable salarié et un comptable externe dont on achète les services.

-          « Une idée théorique paraît toutefois émerger de ce galimatias savamment orchestré, et sur laquelle s’accordent toutes les tendances de l’oligarchie politique : c’est bien le Peuple qui délègue sa souveraineté à l’Etat, et qui, de ce fait, exerce le Pouvoir par l‘intermédiaire de ses représentants. » : Cette phrase pose problème par l’ambiguïté de la position qu’elle induit : est-ce là la seule conclusion qu’il tire des faits historiques, ou est-ce aussi une position qui correspond à celle qu’il soutient ? La nuance est majeure et j’avoue que pour ma part, je l’ai lue comme voulant dire « voici les faits et je les approuve » vu qu’il n’y a aucune didascalie aidant, prévenant le lecteur de tout doute éventuel. Et dans ce cas là, nous serions à nouveau dans ce qu’il faut bien qualifier de manipulation.

-          « Que, par une évidente forfaiture de la classe politique, cet exercice soit en réalité détourné au profit du capitalisme n’est qu’un détail de l’histoire, car ce qu’il importe de bien discerner pour juger de l’utilité et de l’efficacité de l’entité étatique, c’est en réalité la validité juridique des missions que, la plupart du temps, il s’attribue lui même sans avoir à en référer à aucune table officielle ou aucun commandement institutionnel. » : Ouf ! Que de choses à dire ici ! Pas moins de quatre concepts fondamentaux passent sans crier gare ! Au profit du capitalisme. Voir plus haut, c’est là une des marottes de notre ami, l’état serait à la merci du capitalisme, lequel serait un monstre. Ensuite, l’utilité. On pourrait juger, ce qui compterait finalement, c’est l’utilité de l’état. Tout serait acceptable si utile. Voir plus haut aussi : qui juge ce qui est utile ou pas ? Validité juridique ? Même question : qui juge de cette validité ? Et enfin, une table officielle, il s’agit bien sûr de la croyance en une constitution. Mais une constitution ne peut s’appliquer qu’à une entité constituée, donc à nouveau nous sommes dans de la logique circulaire. Bel exercice d’objectivité digne d’un audit, non ? Pour moi, il a bien un modèle en tête – c’est obligé – et il aurait été plus clair, plus honnête de le décrire explicitement plutôt que de tenter de nous l’inculquer indirectement.

-          « Les anarchistes prônent un système d’organisation sociale sans Etat en s’appuyant, en premier lieu, sur un respect scrupuleux de la liberté individuelle mais également sur la constatation objective que l’Etat échoue dans tout ce qu’il entreprend et que, dans ces conditions, mieux vaut encore s’en passer. D’autres voient la nécessité de limiter le rôle de l’Etat à ses strictes fonctions régaliennes sans étendre ses attributions à quelque autre domaine de la vie des individus. Toutefois, avant de contester l’utilité de l’Etat ou d’imaginer son rétrécissement à quelques fonctions jugées nécessaires à la collectivité, il convient d’abord de procéder à un audit détaillé de son action. Et c’est l’objet de cette étude. » : Ce paragraphe est décisif à plusieurs titres. La première phrase montre qu’il n’a pas compris l’anarchie, ce qui explique qu’il puisse la rejeter et chercher une minarchie pourtant bien plus utopique. Car l’anarchiste ne demande pas une société sans état, contrairement à ce qu’on entend souvent. Les fonctions régaliennes sont indispensables pour toute société, il faut pouvoir assurer le droit. Mais l’anarchie confie l’opération, l’exécution de ces fonctions aux entreprises du libre marché. C’est cette nuance qui fait tout et c’est pour cela que j’insiste tant sur le besoin de bien différencier fonction et opération. En anarchie, il n’y a pas de bureaucratie, pas de fonctionnaires, mais pourtant les fonctions régaliennes sont assurées. Ensuite, les anarchistes ne sont pas utilitaristes, ils se disent pas « il vaut mieux » se passer de l’état. Ils sont sur le registre du droit et sur ce registre seul. La bureaucratie suppose des fonctionnaires qui par statut « ont plus de droits que les autres ». Cela n’est pas envisageable. L’anarchie, c’est la stricte égalité devant le droit, quoi qu’il en coûte – si tant est qu’il en coûte quelque chose à quiconque à part les fonctionnaires. Enfin, c’est ici que notre ami parle d’audit…

2. La sécurité intérieure
-          « Fonction régalienne primordiale et historique, la garantie de la sécurité intérieure est réclamée par le peuple comme principale condition de sa soumission à l’Etat. » : Non mais je rêve ! En vertu de quel sondage ou referendum peut-on ainsi affirmer que le peuple réclame quoi que ce soit ? D’ailleurs, la seule manière de déterminer une demande du peuple c’est de faire des offres sur le marché libre.

-          « une horde défaite devenant souvent une société anarchique, sans administration crédible pour la soutenir. » : Ici, on place au passage une pique à l’anarchie histoire de continuer à la dévaloriser comme il se doit.

-          « En réalité, le changement ne réside pas tant dans le respect du prévenu ou du suspect de fait délictueux, mais dans l’échelle des sanctions susceptibles de lui être appliquées. Car il est faux de croire que les accusés de naguère ne bénéficiaient pas de justes procès, ni d’études attentives et circonspectives de leur culpabilités putatives. C’est principalement au niveau de la peine encourue que se situe la différence entre les systèmes anciens et nouveaux. » : Notre ami commet ici une erreur. La nature des peines a beaucoup évolué. On n’envoyait pas en prison pour le moindre larcin, car de toute façon il n’y avait pas assez de place en prison. Et s’il avait élargi son champ d’étude, il aurait vu que la structure même de l’appareil judiciaire était très différente dans de nombreux pays, spécialement les pays celtes ou scandinaves.

-          « Il est à noter que certains délits ne relèvent pas de la nuisance objective envers autrui, tels ceux concernant le commerce et l’usage de stupéfiants, les infractions au droit du travail, ajoutés à quelques autres, et témoignent plus du choix d’une société n’hésitant pas à empiéter délibérément sur la liberté individuelle pour imposer à tous les inclinaisons d’une soi-disant majorité, que d’une réelle nécessité universellement et historiquement reconnue. » : Bravo, je ne peux qu’être d’accord, mais pourquoi louper cette opportunité de réaliser – et dire – que l’un de nos plus gros problème social actuel vient du régime démocratique lui-même ?

-          « En effet, la propagande officielle a réussi à enraciner dans l’esprit commun la certitude que la sévérité de la sanction encourue par un malfaiteur dans l’exercice de ses fonctions, n’est aucunement dissuasive de leur perpétration. C’est ainsi que l’amplitude de l’échelle des peines n’a fait que se réduire depuis l’instauration de la civilisation industrielle et de l’Etat serviteur du capitalisme, en contrepartie d’une priorité affichée aux soi-disant actions de prévention. » : Que vient faire cette remarque ubuesque et sans objet envers le capitalisme ? Voir plus haut, il y a en effet un problème de collusion entre pouvoir et grandes entreprises, mais cela n’a aucun lien avec le sujet de la justice ici. Comment peut-il espérer être crédible avec de telles manipulations ?

-          « Mais peu importe les moyens, pourvu que les résultats soient ceux attendus par le peuple souverain, c’est à dire une protection quasi parfaite des biens et des personnes assurée par une administration à laquelle il délègue en confiance les pleins pouvoirs. » : Ahh, on revient sur la marotte utilitariste, seuls les résultats comptent. Et en plus, on a droit à une auto-contradiction dans la même phrase, qui commence par « peu importe les moyens » mais finit en inférant sans raison aucune une administration comme moyen qui irait de soi…

3. La monnaie
-          « Mais depuis que la monnaie existe, c’est à dire depuis l’antiquité, le problème de sa vraie valeur, de sa crédibilité et, pour tout dire, de sa justification a été régulièrement posée, créant ainsi crises,… » : La monnaie existe depuis bien plus longtemps que l’antiquité. Ce point est important, car il n’est pas juste de laisser penser que la monnaie suppose une société disposant d’un « état ». La monnaie n’a rien de régalien car elle est le fruit du marché et en même temps elle permet de développer celui-ci. Il n’y a aucune relation de cause à effet entre monnaie et état.

-           « La monnaie moderne était née, conçue et produite par une autorité étatique, et devant progressivement mais irrémédiablement remplacer les monnaies spontanées, locales et anarchiques. » : Encore une entourloupe. Il n’y a pas de monnaie « moderne », étatique de surcroît. L’étatisme n’a rien d’inéluctable – BitCoin le démontre – et ce qualificatif de moderne semble vouloir flatter la monnaie étatisée. Ensuite, le caractère « irrémédiable » est faux, un fait empirique ne permet de rien conclure sur l’avenir. Et c’est de plus oublier que c’est par abus de monopole et de violence que les monnaies étatiques ont été imposées, il n’y a justement rien de spontané et naturel – donc libre et libéral – à cela. Enfin, l’usage péjoratif du qualificatif « anarchique » montre à quel point notre pseudo-libéral ne comprend pas ce terme, qu’il confond avec « anomie ».

-          « Par contre, à partir du moment où les pièces de monnaie, pour des raisons politico-économiques dont l’étude n’entre pas dans le cadre de ce chapitre, furent frappées d’une valeur faciale supérieure à leur poids réel de métal et à plus forte raison, fabriqués avec du bronze (pièces de billon), il apparut impératif que l’entité responsable de la communauté concernée monopolise et garantisse la valeur de cette monnaie ainsi dévaluée, et notamment son éventuelle convertibilité en métal véritable. » : Encore plus fort dans la démagogie ! Ce problème du « coin clipping » est bien connu comme la première méthode de fraude sur le poids des pièce et donc de création d’inflation, mais c’est bien sûr l’émetteur qui seul pouvait ainsi frauder – or, qui était l’émetteur sinon l’état dont encore une fois par logique circulaire il tente de justifier l’intervention !? Ne pas le dire relève de la manipulation.

-          « Et c’est ainsi que le « battre monnaie » fut édicté en fonction régalienne de l’Etat, afin que ce dernier puisse assurer la sécurité de la monnaie, c’est à dire, en termes plus clairs, se réserver le droit exclusif à la fabrication de fausse monnaie. » : C’est en effet la motivation prétexte selon l’histoire, mais c’est justement ainsi que – par le monopole non naturel – l’état a pu tricher et se donner les moyens de tricher toujours plus. Là encore, ne pas dire clairement que cet prise de pouvoir n’avait rien de régalien, rien de naturel ni d’indispensable et que c’est justement la source de tous les problème monétaires connus encore à ce jour relève de l’ignorance glauque ou de la malhonnêteté.

-          « Sans référence à l’étalon-or, la monnaie n’était plus rien, rien d’autre que de la confiance imperturbable vouée par un peuple à son Etat régulateur (ou du moins supposé tel), qui avale sans broncher la potion virtuelle de la finance dominatrice. » : Jusqu’avant le « qui », je ne peux qu’être d’accord, et c’est la seule partie informative d’intérêt. Pourquoi alors, une fois encore, polluer avec sa croyance que c’est la finance qui commande à l’état ? Tu parles d’un audit…

-          « Mais, bien avant cette mascarade étatique, la monnaie fiduciaire avait déjà perdu son importance au profit de la monnaie scripturale, et la Banque avait dépossédé l’Etat de son privilège de faux monnayeur, en silence, en douceur, mais en profondeur… » : Même chose. Quel fait objectif, quelle théorie logiquement cohérente et confirmée par les faits peut-il avancer pour nous convaincre – et non glisser insidieusement telle une 25eme image – que c’est la banque qui a dé possédé l’état ? Cela d’autant que si c’était vrai, alors la banque aurait dépossédé le peuple de sa monnaie, et non l’état qui n’y a aucun droit. Il ne semble pas comprendre que, comme pour les grandes entreprises, c’est l’état qui rend la collusion possible avec le capitalisme et avec la finance. Et non l’inverse.

-           « Cette monnaie scripturale fantasmagorique, qui ne repose que sur de pures conventions, échappe désormais à tout contrôle étatique sans que nous puissions déterminer avec certitude si c’est plutôt un avantage ou un inconvénient. » : Mais pourquoi faudrait-il qu’il y ait un contrôle étatique de la monnaie ? Je suis opposé farouchement à toute forme de monnaie scripturale et basée sur une réserve fractionnaire, mais pas pour une telle raison. Ensuite, plus grave peut-être, notre ami avoue son incompétence économique – il ne connais pas l’école autrichienne en fait – en avouant qu’il ne peut déterminer s’il y a avantage ou inconvénient. Bien sûr que si on peut le savoir, et de manière certaine et incontestable. Toute la théorie monétaire de L.von Mises puis M.Rothbard permet de l’établir sans l’ombre d’un doute.

-          « En effet, l’Etat qui a été réduit au rôle accessoire de simple fabriquant de quelques piécettes et bouts de papiermonnaie ne peut que constater impuissant les crises à répétition du système bancaire et l’instabilité de cette monnaie scripturale qui lui échappe. » : Le pov’ état qui a été réduit, vous vous rendez compte ? Non mais bonjour le foutage de gueule ! L’état a tous les pouvoirs et s’il avait vraiment voulu, tout au long du XXe siècle, éviter les crises monétaires, rien, mais rien ne l’en empêchait. C’est lui, tel R.Nixon en 1971 qui a pris les décisions pour virtualiser de plus en plus la monnaie, de manière a pouvoir grossir tant et tant sans contrainte. Certes, les banquiers sont complices, voire même ce sont eux qui poussent les politiques, c’est possible. Mais il demeure : c’est l’état qui a créé la FED et le FMI et la Banque mondiale et l’euro et j’en passe, pas la finance.

-          « En abandonnant sciemment son droit régalien sur la création monétaire, l’Etat moderne faut également au devoir essentiel qui y est attaché, celui de garantir et de sécuriser un instrument volatil dont l’instabilité est pernicieusement masquée par la fréquence de l’usage. » : (je suppose qu’il faut lire : « fait défaut ») Encore une fois, il n’y a rien de régalien à émettre la monnaie. Surtout, le devoir évoqué ne découle justement que de l’appropriation de la monnaie par l’état, ce qui donne une fois de plus une logique circulaire. Car si la monnaie était libre et laissée spontanément issue des mécanismes de marché, la problématique de la sécurité de celle-ci serait automatiquement assurée par le marché lui-même, l’apport du service de sécurité étant la raison même de l’apparition de la monnaie sur le marché. Logique circulaire donc, relevant soit de l’incompétence, soit de la manipulation.

-          « L’Etat moderne n’est plus en mesure de répondre sérieusement à la question monétaire. Dans ce domaine, il ne sert plus à rien. » : Grandiose ! Un minarchiste qui ne voit pas que les fonctions régaliennes (hors monnaie) sont essentielles !

4. La sécurité extérieure
-          « L’étude attentive de l’histoire militaire met en lumière une curieuse corrélation entre le degré d’étatisme d’une société et le niveau de sa conscription, entraînant la troublante constatation que les sociétés très étatisées utilisent abondamment le recours forcé et gratuit à la population combattante, alors que les sociétés peu étatisés n’utilisent pas ce mode de recrutement pour constituer leurs forces armées. » : LOL. Tout d’abord, il n’a pas compris que de l’étude de l’histoire on ne peut tirer aucune conclusion, mais tout au plus confirmer une théorie. Ensuite, la constatation est « troublante » mais le trouble ne semble pas lui permettre de conclure à l’horreur de l’état.

-          « Si nous partons d’un premier principe, universellement bien admis, qui veut que le peuple attende de l’autorité interne qui le ponctionne, un bouclier protecteur contre les envahisseurs extérieurs, complété par un deuxième principe, moins énoncé mais partagé par tous les individus lucides, qui veut que les affrontements armés entre nations soient généralement le produit de conflits d’intérêts entre états, c’est à dire entre les pouvoirs (clans, castes, oligarchies, etc… ) représentés par ces états, mais rarement corroborés par l’intérêt réel des peuples, nous en concluons qu’un Etat responsable se devrait de gérer lui même les conflits qui l’oppose au monde extérieur, par l’intermédiaire de ses propres forces spécifiques. » : Incroyable ! C’est de l’ironie ou son premier principe est du grand n’importe quoi ? Quant au second, il exprime une idée intéressante (l’état est responsable de ses guerres) mais fait passer quelques idées tout sauf libérales, comme l’intérêt des peuples, la représentation par l’état, les nations… ah les incohérences des minarchistes…

-          « Autrement dit, le recours à la conscription constitue la démission manifeste d’un l’Etat se révélant incapable d’assurer la mission de sécurité qui lui a été confiée par le peuple souverain. Le service militaire obligatoire et la réquisition par l’État d'une partie de la population afin de servir ses forces armées, marque, de ce point de vue, une rupture néfaste par rapport aux armées professionnelles de l'Ancien Régime ou des troupes de mercenaires utilisées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. » : Démission manifeste ? Mission confiée ?

-          « En 1970, les peuples français et prussien » : Il y a une erreur ici, il s’agit de 1870. Il y a pas mal de coquilles.

-          « Un Etat responsable, détenant tous les pouvoirs fiscaux de taxation sur le bon peuple, devrait pouvoir se donner les moyens de faire face aux besoins de gestion des conflits qu’il déclenche, ou auquel il décide de participer, par l’utilisation de troupes de fonctionnaires, au même titre que les besoins d’éducation sont assurés par les fonctionnaires de l’éducation, les besoins de la justice par les fonctionnaires de la justice, etc… . Ces troupes étatiques pourraient naturellement être grossie ponctuellement en cas de besoin par le recrutement de volontaires, ou même de professionnels étrangers (comme c’est le cas dans d’autres secteurs de la vie économique ou civile). » : Excellente idée. Soyons honnête, il y a beaucoup de passages que je n’ai pas recopiés et qui mérite lecture, dans cet ouvrage. Mais il ne peut pas s’empêcher, même ici, de les polluer par ses idées préconçues => Etat responsable, quid ?

-          « première vue, et depuis l’abandon du service militaire obligatoire début 2000, il semblerait que l’Etat français corresponde depuis quelques années à cette idée de serviteur du peuple pour les affaires concernant la sécurité extérieure et que, dans ce domaine précis, il assume correctement le rôle d’un Pouvoir responsable. » : Il assume correctement ???? Plait-il ? C’est un libéral qui parle ?

-          « Mais cette situation visible risque fort de n’être qu’un simple trompe-l’oeil, et ceci pour un certain nombre de raisons. En premier lieu, le niveau de technologie avancé de notre civilisation induit une stratégie défensive basée sur un arsenal d’armes sophistiquées pilotées par des spécialistes permanents et incompatibles au maniement par des recrues novices. » : Et en quoi cela serait-il incompatible avec une armée privée faite de professionnels ?

-          « En second lieu, la mondialisation économique et la déconfiture des idéologies alternatives ont laissé la place nette au capitalisme généralisé et à la pensée unique, » : Ahh, encore une petite pique en passant à son copain le capitalisme…

-          « Seule une inscription formelle dans la Constitution, interdisant à l’Etat de recourir au recrutement militaire forcé des individus quelque soient les circonstances, serait de nature à nous garantir un fonctionnement responsable dans ce domaine régalien. » : Mais voyons… Qui va interdire à l’état de faire ce qu’il lui est interdit par la constitution ? Ahh ben oui, c’est l’état. On voit de nos jours ce que cela donne, quand on espère que l’état va s’auto-réguler. C’est la raison fondamentale qui fait qu’une constitution – et de là une minarchie – ne peut pas fonctionner : il n’y a aucun auto-contrôle dans une minarchie, alors que l’anarchie capitaliste s’auto-contrôle par le marché et sa concurrence.
5. Les mœurs
-          Tout d’abord, jusqu’ici, ok, je pouvait comprendre qu’on discute du périmètre régalien. Mais en quoi les mœurs touchent-ils le régalien ??? Et au-delà, en quoi les mœurs sont-ils une affaire de l’état ?

-           « Mettre l'accent, de façon primordiale, sur l'approche juridique des bonnes moeurs, ce n'est pas succomber au fétichisme du droit, c'est simplement prendre acte de ce que les bonnes moeurs ont partie étroitement liée avec lui. » : Pardon ? Un libéral parle ? N’a-t-il donc pas lu l’Ethique de la Liberté ? Et compris que la seule manière de préserver la moralité, c’est de ne surtout pas légiférer à son sujet et laisser faire l’ostracisme social ? Car il n’y a pas une et une seule moralité et il est donc impossible de graver « la morale » dans le marbre.

-          « Cette dictature du plus grand nombre qui n’hésite pas à s’appliquer jusque dans la morale individuelle pourrait naturellement être jugée détestable et combattue avec détermination, mais tel n’est pas l’objet de ce chapitre dans lequel nous nous bornerons à évaluer si la coercition de l’Etat dans le domaine des moeurs sert à réellement quelque chose, compte tenu des intentions placées dans sa mise en oeuvre. » : Une fois de plus, il laisse passer l’occasion de dénoncer la démocratie, qu’il n’arrive pas à voir comme le problème majeur de notre époque. Et puis sinon, toujours cette approche utilitariste de la fonction étatique, qui ne peut mener nulle part.

-          « L’Etat, dans ce cas, brille par son absence de faire, ce qui lui évite d‘échouer une fois de plus dans sa volonté d’agir. » : C’est marrant aussi de voir un pseudo-libéral, qui est en effet globalement peu pro-étatique, ne pas réussir à éviter de parler de l’état comme une personne, qui aurait une volonté, des décisions…

-          « Le constat d’inutilité de l’Etat dans le domaine de la codification sexuelle peut s’établir à l’identique lorsque nous observons les efforts dérisoires qu’il déploie pour établir une norme juridique pour la consommation humaine des substances dites stupéfiantes. » : Là encore, la constatation reste acceptable, mais pourquoi chercher à juger la légitimité de l’état par une approche utilitariste, qui ne peut aboutir ?

-          « Comme pour la sexualité, les concerts de morale de l’Etat, et de son commanditaire l’oligarchie capitaliste, paraissent largement dissonants lorsqu’on sait que nombre de hauts potentats, de l’un comme de l’autre, font un usage régulier de divers cannabinoïdes, alcaloïdes ou opioïdes, sans parler de cocktails plus bonhommes à base de psychotropes, neuroleptiques ou autres tranquillisants. » : Ahh, il y avait longtemps qu’on n’avait pas eu droit à une pique envers le capitalisme, totalement hors sujet.

-          « L’inefficacité de cette disposition, quotidiennement vérifiée notamment sur internet, saute aux yeux de tout un chacun et consacre l’inutilité de l’action de l’Etat dans ce domaine. » : Toujours l’approche utilitariste…

-          « Ses intrusions répétées dans la sphère individuelle sont malheureusement favorisées par le fait qu’il n’existe aucune disposition constitutionnelle délimitant avec précision les contours d’un espace strictement réservé à l’individu et inviolable par l’Etat. » : Nous revoici devant le fantasme d’une constitution. Ce qui me fais rire, c’est qu’il ne s’est même pas servi de sa vision de la constitution idéale pour servir de crible à ce soi-disant audit.

6. La santé
-          « la sécurité constituait la principale monnaie d’échange entre le Peuple et l’Etat, le premier consentant une quotité de soumissions proportionnelle à la quantité de garanties promises par le second. » : Non mais où avons-nous trouvé cela ? Dans quel texte ? Il n’est pas faux d’avancer que le rôle tacite ou même historique de l’état envers le peuple a porté en premier lieu sur la sécurité, mais de la à l’exprimer de manière collectiviste, où le Peuple et l’Etat (notez les majuscules) négocieraient entre eux ! Non, décidément, qu’on ne vienne pas me dire qu’un tel texte peut être d’une main libérale.

-          A noter, s’agissant ici de la santé, qu’en réalité le plus gros de ce chapitre ne traite pas directement de la santé mais tente de justifier par la sécurité générale la supposée légitimité qu’il y aurait à voir l’état dans cette sphère.

-          « L’appétit venant en mangeant, la garantie de l’Etat est également sollicitée dans d’autres domaines moins fondamentaux mais cohérents avec le degré de confort moral jugé méritoire comme le droit au logement, à l’homosexualité, à la bonne bouffe, aux vacances au soleil, au divorce express, à la piscine protégée, bref au bonheur garanti » : Juste critique de l’expansion de l’état, comme indiqué juste au-dessus. Mais une fois de plus, il ne vois pas que cela découle du clientélisme démocratique plus que d’une dynamique intrinsèquement étatique.

-          « Si nous considérons la pyramide des besoins fondamentaux de l’homme, celui de se maintenir en bonne santé vient en bonne place derrière ceux de se nourrir, s’abriter, et se protéger des prédateurs, il semble donc légitime qu’il figure dans la liste des attributions principales de l’Etat, et, pourquoi pas dans celle de ses fonctions régaliennes. » : Voilà une idée qui va plaire à mon ami Patrick Aubin qui est un fana de l’application de la pyramide de Maslow aux idées libérales. Pour autant, ce qui différencie un libéraux indiscutable comme Patrick et notre joyeux drille, c’est que le premier se sert de la pyramide pour expliquer que nous n’avons pas besoin de l’état.

-          « Comme pour de nombreuses autres fonctions dont nous avons déjà parlé ou dont nous parlerons plus loin, nous assistons, avec le traitement social de la santé, à un exemple symptomatique d’hypocrisie, de compromission et, en fin de compte, de lâcheté de la part de l’Etat qui n’intervient qu’en tant que timide législateur et gendarme bienveillant, dans un dispositif où il conviendrait plutôt qu’il officie en tant que maître d’oeuvre fort et généreux. » : Ca commençait bien et patatras la fin est du meilleur goût collectiviste…  « fort et généreux »…. Pincez-moi.

-          « La santé, de même que la police, la justice ou la création monétaire ne saurait être sous-traitée à une corporation particulière dans une société où la notion de service public est reconnue comme devant rester primordiale. Dans la mesure où le financement d’un service collectif est assuré par des prélèvements obligatoires, il n’est pas acceptable que ce même service ne soit pas mis en oeuvre par l’Etat lui même. » : Et en vertu de quel principe les fonctions « sensibles sinon strictement régaliennes ne pourraient-elles pas être sous-traitées ? Il n’a pas suffisamment compris et donc confiance dans l’entreprise pour voir que le marché reste pourtant la seule option. Il parle de corporation, sa crainte est donc toujours celle du manque de concurrence, mais il ne voit pas que cela ne peut résulter que des privilèges accordés par l’état que le minarchiste n’arrive pas à supprimer ! Il ne voit pas que le capitalisme plongé dans un système sans bureaucrate ne peut pas devenir oligarchique. Et dès lors il monte sur ses grands chevaux, rien n’est plus « acceptable » alors que c’est lui qui se trompe d’analyse.

7. La retraite
-           « A cause de son omnipotence et de son intrusion dans tous les domaines de la vie civile, sociale et économique omnipotence, l’Etat apparaît comme le responsable unique de tous les dispositifs régissant les activités humaines. De ce point de vue, il est donc logique que les gens considèrent que c’est à l’Etat d’assurer le bon fonctionnement du système des retraites. Or il s’agit là d’un exercice délicat, plus encore que celui d’équilibrer le régime santé ou d’éradiquer la délinquance, exercice dont Michel Rocard, alors fraîchement débarqué de son poste de premier ministre, avait déclaré, dans une formule restée célèbre, qu’ « il y a là de quoi faire tomber vingt gouvernements ». » : Et donc ? Sa première phrase est à nouveau une phrase pertinente, mais pourquoi en reste-t-il là pour repartir sur cette logique utilitariste indécrottable ?

-          « Par bonheur, le peuple n’est pas dupe de ce stratagème et il y a fort à parier que l’Etat n’échappera pas à cette mise au pied du mur, sauf à reconnaître de lui même son incompétence dans de nombreux domaines similaires, et par voie de conséquence abdiquer les prérogatives correspondantes qu’il y exerce sans résultat probant. » : Et donc ? Ne serait-ce pas alors justement une excellente chose ?

-          « Puisque le système par répartition n’est pas viable à court terme et que, malgré l’allongement de la durée du travail, les retraites ne pourront plus être payées de cette façon, l’Etat sera alors contraint de servir enfin à quelque chose dans ce domaine, ou de s’effacer. » : Même remarque, pourquoi raisonner encore et toujours utilitariste et jamais légitimiste, et pourquoi le phraser d’une manière laissant à penser à un regret ?

-          « Elle implique la création d’une caisse de retraite unique pour tous les travailleurs (salariés ou non) à laquelle sont versées toutes les cotisations des différentes catégories professionnelles. Le volume total de ces cotisations, diminué des frais de gestion interne (considérablement diminués) est alors divisé par le nombre de retraités et chacun perçoit une allocation identique. Ce système mettrait ainsi fin au caractère discriminatoire du régime des retraites qui est en contradiction flagrante avec le principe d’Egalité, Liberté et Fraternité de la République. En effet, il n’y a aucune raison pour que tel individu touche une retraite supérieure à tel autre, au prétexte qu’il a bénéficié de revenus supérieurs durant son existence. » : Elle implique ? Pourquoi une caisse unique serait-elle la seule option ? Caractère
discriminatoire des retraites ? Mais enfin, une retraite, la retraite n’est pas un droit social, pas une récompense de la société, c’est juste une rente fruit d’une épargne qui devrait être individuelle et parce que telle est forcément de montant variables, en fonction de l’épargne accumulée. Voici que notre libéral veut une retraite égalitaire !!!!

-          « De plus, il ne faut pas perdre de vue que la retraite est un salaire de non activité, que tous les inactifs sont égaux devant le non-travail et que chacun pèse d’un poids égal sur les finances de la nation. » : L’égalitarisme se confirme.

-          « Pris à son propre piège et empêtré dans les mailles du filet qu’il a lui même tendu au dessus de son peuple l’Etat Tout Puissant se voit aujourd’hui sommé d’aller jusqu’au bout de sa logique tutélaire, pourrait alors être contraint de considérer la retraite comme « un droit » public et donc financer son coût par l’impôt au même titre que l’éducation ou l’armée. » : Pronostic intéressant, il est en effet possible que cela finisse ainsi.

-          « L’Etat, seul payeur des retraites, serait alors ainsi clairement identifié comme interlocuteur unique et le schéma revendicatif qui préside aujourd’hui à la régulation des salaires et avantages sociaux serait tout simplement élargi à celui de la détermination des pensions de vieillesse. » : J’aime le « tout simplement », dont on sent qu’il respire la révolte qu’il est permis d’espérer de la part d’un minarchiste qui a pourtant tant écrit pour le peuple…

8. Le chômage
-          « la garantie contre un événement dont le caractère fortuit n’est pas indubitablement prouvé. » : Pardon ? Voilà que l’incompétence économique de notre minarchiste se révèle. Sait-il seulement que le chômage n’est dû qu’au prix exagéré du travail ?

-          « Les ennuis de santé d’un individu jeune ou adulte sont imprévisibles (du moins nous conviendrons de considérer qu’ils le sont afin de simplifier notre propos), ce qui justifie l’intervention étatique dans le domaine de la prise en charge des soins médicaux en tant que sécurité contre les aléas naturels. » : Et pourquoi SVP ces ennuis de santé ne serait-ils pas du domaine de la simple assurance s’il vous plait ? si on commence à admettre que le risque justifie l’intervention étatique, alors s’en est fini de toute vue libérale !

-          « Dans tous ces cas, l’Etat intervient en tant que régulateur chargé d’atténuer  autant que possible les dégâts de l’ancestrale agression de la nature contre l’homme, ce qui constitue un niveau de  couverture minimale standard, comparable à une assurance aux tiers en matière de prévention routière. » : Ah l’ancestrale agression, c’est ce qui vient désormais justifier l’intervention. On croit rêver de la part d’un libéral. Un danger public, oui !

-          « Dans le cas de la protection contre le chômage, nous entrons dans un domaine de garanties plus luxueuses, de type « tous risques », dont les limites ne peuvent être fixées avec précision mais dont le principe générateur englobe grosso modo tout ce que le mode de vie choisi et construit par l’homme lui-même pourrait produire de défavorable à son encontre. C‘est ainsi que la couverture étatique se déploie inexorablement pour tenter de soulager la société humaine de ses propres turpitudes. » : La réponse est pourtant simple : le chômage n’a rien d’inéluctable et ne justifie aucune forme d’assurance (du moins d’ordre étatique).

-          « En effet, à partir du moment où les cotisations sont obligatoires, c’est-à-dire qu’elles constituent en réalité un impôt qui n’ose pas dire son nom, le principe de solidarité devrait prévaloir sur celui d’individualisation. » : Là on franchit un pas de plus vers le scandale ! Comme le chômage est entériné comme inéluctable, voilà qu’il devrait dépendre de l’impôt ! Non mais où allons-nous avec un minarchiste pareil ?

-          « C’est ainsi que, nous l’avons déjà dit, le principe de solidarité devant la maladie, principal fléau dominant de loin tous les autres (car mettant en jeu la vie même de l’individu), est traité, à juste titre de façon égalitaire. » :  Merci pour la pensée de droit fil communiste !

-          « La privation d’emploi est de toute autre nature car elle ne présuppose pas un événement contingent d’origine naturelle mais, au contraire, un événement prévisible et dégénérescent de l’organisation humaine. Alors que la maladie ou la vieillesse sont des notions objectives et implacables qui échappent à la volonté de l’individu, les notions de privation d’emploi ou de perte d’emploi sont chargées de subjectivité et d’arrangement humain. » : Voilà maintenant que le chômage résulterait de la dégénérescence sociétale ou entrepreneuriale – mais toujours pas du simple coût artificiel du travail….

-          « En effet, les simples différences vestimentaires adoptées par l’Etat à la suite de tel ou tel changement de majorité soulignent de manière éclatante la continuité de l’institution qui, malgré de fréquents renouvellements de personnels fort peu dissemblables les uns des autres, issus des mêmes écoles du pouvoir et tous parfaits serviteurs du capitalisme, confirme jour après jour son incapacité chronique à mener à bien le mandat dont il a la charge. » : Nous aurions là une superbe tirade libérale, si tout d’un coup ne s’était glissé un « serviteur du capitalisme » qui manifeste d’un ancien gauchisme toujours mal digéré…

9. L’aide sociale
-          « Sur le fond, les objectifs étatiques peuvent être regroupés en deux domaines principaux : le soutien à la natalité et la lutte contre la précarité. » : Objectifs issus de l’histoire, constatés sans doute. C’est un bon exemple d’illustration qu’il n’est pas possible d’inférer les justes objectifs à partir de l’analyse empirique.

-          « Face à la situation de décroissance déjà amorcée et bientôt inéluctablement confirmée de notre civilisation industrielle, compte tenu de la raréfaction prochaine des ressources fossiles et minérales de la planète, et étant donné l’effondrement probable des rendements agricoles mondiaux lorsque les carburants, amendements et produits phytosanitaires issus des hydrocarbures viendront à faire défaut, il semble évident que toute politique étatique tendant à favoriser l’accroissement de la population ne peut que témoigner d’une cécité prospectiviste grave et d’une irresponsabilité coupable. » : Nous voici face à un des paragraphes les plus vigoureusement décroissants et j’aime spécialement le mélange incertain de tons, où on commence par un « inéluctablement » mais on finit par un « il semble évident » plus spontané. Il y a eut une période anti-nataliste en Chine – enfant unique – dont je doute fort qu’aucun chinois ait considéré qu’elle était spécialement responsable. Notre ami se confirme ici comme un incorrigible constructiviste incapable de faire confiance à l’espèce humaine.

-          « Cette incompétence manifeste dans l’appréciation des contraintes démographique prochaines, relayée par l’ignorance des problèmes énergétiques à venir et bercée par le credo inepte d’une terre pouvant facilement nourrir six milliards d’êtres humains, conduit ainsi l’Etat à dépenser près de 50 milliards d’aides directes à la natalité, c’est à dire autant que le remboursement annuel de la fameuse dette ( 49,921 milliards en 2012) dont on nous rebat les oreilles comme étant celle de tous les dangers. » : Passons sur les six milliards qui sont devenus sept entre-temps et qui continuent au-delà, pour découvrir une nouvelle marotte : la dette ne serait pas un problème ! Cela dit, s’il était un pur autrichien, je me mettrais à espérer qu’il considère que la dette des états, c’est celle de ceux qui ont signé, pas la nôtre. Mais dans son cas, j’avoue que je crains que l’analyse ne soit pas si subtile.

10. L’éducation
-           « N’oublions pas que, pour l’exercice de la sécurité extérieure, le mercenariat militaire a longtemps été la règle, de sorte que n'importe qui, pourvu qu'il dispose d'or ou d'intéressantes propositions de pillage, pouvait lever une armée pour se défendre ou attaquer. Que pour celui de la justice, même si tous les souverains étaient bien juges en dernier ressort, l’exercice ordinaire a pu être administré par d'autres autorités, un seigneur ou un "sage" reconnu. Que pour celui de la police, la recherche et la répression du crime furent longtemps l'affaire des victimes elles-mêmes, ou de leurs proches, l'autorité cherchant surtout à limiter la portée des représailles pour éviter l'escalade de la vengeance. » : Je reste perplexe devant ce paragraphe. En gros il nous explique que l’histoire montre qu’il y a eut par le  passé des modes d’organisation sociale où les fonctions régaliennes ont été exécutées par les instances privées non-étatique – ce qui est la thèse anarcap – il le présente de manière plutôt positive mais il en reste là. Mystère.

-           « La première question que nous pourrions nous poser est précisément celle de la validité du monopole de l’Etat sur l’éducation de nos enfants. L’histoire nous a enseigné que l’indépendance de l’école par rapport au pouvoir politique est rarement assumée et celle ci est généralement inversement proportionnelle au niveau de despotisme du régime en place. » :  Bravo ! Mais la question n’est pas tant celle du monopole que de la stricte immixtion.

-           « Mais sans aller puiser son raisonnement dans les cas les plus extrêmes, la simple analyse lucide du dispositif actuel, en ces temps paisibles et confortables où la démocratie n’est pas chahutée, montre objectivement une corrélation troublante entre les besoins du capitalisme dominant et les objectifs assignés à l’école par l’Etat. De là à imaginer que, en bon serviteur de l’oligarchie économique, l’Etat fabrique pour son maître les pions humains dont ce dernier a besoin, il n’y a qu’un pas que, pour notre part, nous n’hésiterons pas à franchir. » : Les choses sont claire : l’analyse lucide n’y peut rien, il a un préjugé négatif quant à la relation état – capitalisme. Mais ce n’est pas ce qui me frappe le plus ici. La démocratie n’est pas souvent évoquée – soit – et quand elle l’est comme ici, il semble la considérer comme une source de paix – ce que pourtant le XXe a passé son temps à contredire.

-           « Si nous entérinons le fait, peu discutable, que l’enseignement primaire et secondaire vise à inculquer une culture générale polyvalente,… » : Notons le « peu discutable »… Constructiviste ?

-           « Quand on sait que la connaissance de la géographie est nécessaire à l’individu contemporain pour comprendre l’économie, et que celle de l’histoire passée lui livre les clefs de la politique d’aujourd’hui, on se prend à imaginer que cet oubli étatique n’est peut être pas uniquement le fait de son inconséquence, mais aussi celui de sa volonté de faire en sorte que l’individu, même instruit, n’ait pas vraiment les moyens de comprendre ni l’une, ni l’autre. » : Bravo pour cet instant de lucidité. Dommage juste de parler de l’état comme d’une personne douée de volonté.

11. L’agriculture
-          « Car il a été décidé, à l’échelle de tout un continent, d’appliquer à l’agriculture le système d’exploitation capitaliste, et d’imposer par la force de la loi la métamorphose de toute une profession ainsi que l’abandon d’une logique professionnelle pourtant historiquement validée. En effet, cette révolution subie ne peut pas être comparée à l’essor de l’industrie, qui, a contrario, a été portée par le libéralisme et l’esprit d’entreprise. » : La partie sur l’agriculture repose sur une thèse partiellement fondée mais biaisée par son aveuglement envers le capitalisme. Ici par exemple, il a raison de critiquer l’approche quasi communiste de transformation de notre agriculture et de la mise en œuvre de la PAC. Mais de la à avancer que l’agriculture ne relève en aucune façon de la liberté d’entreprise, c’est un point où je n’irai pas pour ma part.

-          Il est par ailleurs à remarquer sur ce chapitre, un des plus virulents mais aussi à mon sens un des plus pertinents, qu’il a complètement changé de stratégie de rédaction. On n’est plus dans l’audit empirique de l’état en matière d’agriculture, on est dans une critique rangée de la politique européenne de ces 40 dernières années et il est complètement oublié toute référence au rôle de l’état hors de ce cadre étroit.

-          « il est important de bien avoir à l’esprit que c’est l’Etat, et l’Etat seul, qui porte toute la responsabilité des différentes composantes du secteur, que ce soit les conditions et le niveau de vie des agriculteurs, la qualité des aliments proposés au consommateur, leur traçabilité, leur prix et, d’une façon générale, toute l’information liée au domaine agro-alimentaire. » : Même remarque.

-          « C’est ainsi que le revenu de l’agriculteur s’éloigne progressivement de la logique entrepreneuriale pour se rapprocher de la logique salariale, voire du système d’assistance sociale. » : Idem.

-          « Au delà du jugement sur la validité de l’application forcée d’un modèle étatique sur un secteur d’activité historiquement géré de façon libérale, il importe surtout d’évaluer les résultats objectifs de cette main mise de l’Etat sur la production agricole. La conséquence la plus aveuglante de cet asservissement est la dépendance absolue de l’agriculture étatique à la filière capitalistique des hydrocarbures, situation qui serait sans doute toute autre si ce secteur avait gardé son autonomie. » : Ahh, une petite couche d’utilitarisme et une petite dose de décroissance…

-          « A ce triste tableau, vient s’ajouter une faillite stratégique prévisible, liée la raréfaction prochaine et inéluctable de l’énergie fossile sur laquelle est fondée le modèle étatique. Car il est un fait indiscutable que la déplétion pétrolière signifiera bientôt la disette de carburant pour les tracteurs et les moissonneuses, le manque d’engrais, de pesticides et de fongicides pour les terres, autrement dit l’écroulement du système intensif à haute énergie fossile sans que, pour autant, une autre source soit dores et déjà identifiée comme capable de lui succéder. » : Bien, donc la décroissance due au pétrole est un fait indiscutable. Et ce gougnafier ose en public dire qu’il est favorable au doute.

-          « Si nous ajoutons, en prime, les difficultés prévisibles d’approvisionnement des grandes villes par suite de l’inévitable phénomène de relocalisation des productions, c’est un bon zéro pointé que nous attribuerons à l’Etat pour sa copie agricole. Note éliminatoire ! » : Rions deux secondes, c’est une occasion rare dans cet ouvrage : voyons, une note ? Mais c’est une bonne idée ça ! C’est typiquement ce que fait un auditeur, il finit par mettre une note, comme à l’école. Mais alors, pourquoi si ce texte est un audit, pourquoi ne pas mettre une note partout ? Je vous le dis, il y a un problème de cohérence méthodologique dans cet ouvrage…

12. L’écologie
-          « L’écologie est une science qui étudie les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes, etc.) avec leur habitat et l’environnement, ainsi qu'avec les autres êtres vivants » : Une science ? Dont l’homme semble exclu ? Ah non pardon, il est un des animaux. On sent tout de suite l’importance de sa place.

-          « A ce titre nous pouvons raisonnablement nous interroger sur les raisons qui ont amené l’Etat à intervenir dans un domaine totalement étranger à ses prérogatives historiques. Si demain, l’Etat créait un ministère des mathématiques ou de la chimie, nous penserions immédiatement à un canular et porterions notre regard sur le calendrier pour vérifier s’il ne s’agit pas d’un poisson d’avril. Mais hélas, l’affaire est sérieuse, bien que l’Etat ne sache pas trop quoi faire avec ce thème, et tourne autour du pot depuis 1971, date du premier ministère ad hoc. » : Voilà une bonne question : on peut s’interroger sur l’intervention de l’état. Mais on voit ici le biais de sa démarche : on regarde les « prérogatives » historiques. Comme si l’histoire avait comme fonction de transformer une pratique en prérogative. On comprend alors que l’état cherche à aborder qui les maths qui la chimie, car cela sera bientôt des prérogatives. Ridicule.

-          « mais l’affaire se corsa lorsque le capitalisme mondial s’empara du thème pour le transformer en créneau marketing juteux et que, après avoir monté de toutes pièces, et par le biais de son lobbying onusien, un organisme de propagande catastrophiste planétaire, le GIEC, il entreprit de proposer des produits susceptibles d’éviter cette même catastrophe imaginaire, tel le pyromane allumant lui même des incendies pour alimenter en travail son entreprise de lutte contre le feu. » : Capitalisme mondial ? Al Gore et sa clique sont loin de représenter le capitalisme mondial ! Quant au GIEC, c’est pour l’essentiel du domaine de recherche financé par le public. Balle au centre.

-           « Mais, le plus grave est que ces trois objectifs sont poursuivis au nom d’une formidable imposture planétaire, ce fameux développement durable, car, conscient tout de même de l’impossibilité de maintenir une croissance infinie dans un monde fini, l’Etat tente un tour de prestidigitation dont il a le secret, en misant comme d’habitude, sur la crédulité du bon peuple. Ainsi, par l’effet de la magie étatique, le mot croissance est remplacé par développement et l’adjectif infini par durable. » : Croissance infinie dans un monde fini !? L’aveuglement décroissant est lâché.

-           « Même aujourd’hui, où tous les indicateurs économiques confirment la fin de la croissance dans les pays développés,… » : Cela est vrai, mais par pour les raisons indiquées – ressources finies. La décroissance des pays anciennement développés est due à l’essoufflement de la démocratie qui a imposé le socialisme. Sinon, comment expliquer que le manque de ressources frappe les uns mais pas les autres ?

13. La culture
-          « La civilisation industrielle et son corollaire de consommation a transformé la culture en produit marketing et l’Art en Loisir, et ceci en grande partie grâce à l’action de l’Etat et de son ministère éponyme. » : Il le regrette ? En quoi est-ce un mal que la culture se diffuse ? Encore un qui a une vue « luxueuse » et élitiste ?

-          « En conclusion, et mis à part l’entretien des monuments et du patrimoine historique, dont l’Etat s’acquitte fort bien, prouvant ainsi une fois encore qu’il est capable d’effectuer avec compétence des tâches qui ne le dépassent pas, » : L’état s’acquitte fort bien de l’entretien des monuments et du patrimoine ? Ne venez plus me dire que ce mec est un libéral : nous sommes devant un flagrant délit d’approbation de l’atteinte à la propriété privée !

14. Les collectivités locales
-          « Qu’est ce qu’une collectivité locale ? Question intéressante mais déjà biaisée, puisque sa formulation présuppose qu’Etat et Collectivité Locale soient deux entités différentes. Car si nous répondions que Collectivité Locale et Etat ne sont qu’une seule et même entité, nous serions conduits, pour les besoins de notre démonstration, à déconstruire fil à fil l’écheveau patiemment tressé depuis 1981 par le pouvoir, dans le seul but de diluer son autoritarisme dans une potion analgésique et incolore. » : Nous commençons par une excellente question et un excellent diagnostic, super. Mais justement, pourquoi différencier les deux in fine, puisqu’il s’agit de conclure que les Collectivités ne sont autres que l’état masqué ?

-          « Le budget des collectivités locales fait partie des grandes omertas médiatiques dont personne ne parle jamais, telles le pic pétrolier, la monnaie ou la natalité. » : Hop, une petite couche de décroissance ?

15. L’économie et l’emploi
-          « Il ne s’agit pas d’accumuler du métal précieux dans les coffres de la Banque de France, puisque l’Etat se désintéresse désormais de la monnaie et qu’il confie aux banques le soin de la fabriquer » : Totalement faux. L’enjeu de la monnaie reste au contraire de revenir à l’or et c’est l’état qui mène la danse monétaire, pas les banques. Il suffit de regarder la FED, qui est un bras de l’état.

-          « Il ne s’agit pas non plus de devenir lui même un acteur économique à part entière, puisque, en fidèle serviteur du capitalisme, il laisse à ce dernier le monopole de l’esprit d’entreprise et se contente de gérer deux affaires en tout et pour tout, la Poste et la SNCF (dont il se débarrasserait d’ailleurs volontiers s’il n’y avait pas ces maudits syndicats !…). » : Il laisse le monopole de l’esprit d’entreprise ??? Pourquoi, l’’état devrait-il avoir l’esprit d’entreprise ? Autrement dit, notre ami considère normal que nous ayons des entreprises publiques ? Libéral de mes deux, oui.

-          « La mise en place du système l’Etat-Providence, qui permet de financer la paix sociale pour le compte de l’oligarchie capitaliste, a induit progressivement des effets pervers dont les politiciens ont du tenir compte pour présenter leurs suffrages au peuple. » : LOL, on croirait cela écrit par le meilleur des bureaucrates de l’ENA ! Des effets pervers dont il a fallut tenir compte ?! Autrement dit, à cause du méchant capital, il est logique que l’état ait dû intervenir dans l’économie car sinon ils n’auraient pas été réélus ! On croit rêver, c’est du socialisme pur jus !

-          « Car s’il est un domaine où l’Etat actuel ne sert à rien c’est bien celui de l’économie et de l’emploi. » : Point de vue typiquement utilitariste. Il ne sert pas à rien hélas, son intervention illégitime conduit à des dysfonctionnements.

-           « Or, nous savons que l’Etat est lui même au service du capitalisme, d’une part, et qu’il répugne à s’engager dans la production, d’autre part. » : Nous savons ? De Marseille ? Il répugne ? Pourquoi, il devrait produire ? MDR.

-           « En dehors de La Poste et la SNCF, que l’Etat possède en totalité, et dont il s’acquitte d’ailleurs fort honnêtement de la gestion directe, » : Ah, voilà que l’état gère fort « honnêtement » La Poste et la SNCF ! Il est vrai que lorsqu’on voit combien de fois il a renfloué la SNCF et combien de postiers sont payés à rien faire, on peut parler d’honnêteté envers le peuple ! Non mais sortez-moi ce guignol !

-          « En effet, lorsqu’une entreprise se trouve en difficulté, que des emplois sont menacés, que les syndicats soutiennent que l’entreprise est viable et que la gestion patronale est contestée, cet Etat investi de toute sa puissance et de sa responsabilité se devrait d’inciter et de favoriser la reprise de l’entreprise par ceux-là même qui croient dur comme fer à sa viabilité, par la mise en oeuvre de tout un arsenal d’aides, de primes et de subventions dont il n’est pas avare par ailleurs. » : Ah parce si les syndicats soutiennent que l’entreprise est viable c’est qu’elle doit l’être ? Mais dans ce cas, la reprise proposée ici ne devrait PAS avoir besoin d’aides ni de primes ni de subventions, justement. Un guignol, vraiment.

-          « En conclusion, il apparaît clairement au vu de tous ces éléments, que l’Etat joue, dans l’économie, un simple rôle d’opérette passablement inutile en terme d’efficacité pratique, mais nécessaire cependant en tant que leurre détournant les insatisfactions des travailleurs de sa véritable cible, le pouvoir capitaliste » : Donc en gros, l’état aide le méchant capital en posant un écran de fumée entre Rothschild et Germinal ? Mais à part ça, l’état ne joue qu’un rôle d’opérette, manifeste quand on voit en ce moment le nombre d’emplois perdus et de boîtes qui ferment. Je préfère ne pas qualifier ce pseudo-libéral qui croirait de telles choses.

Conclusion
-          « son inféodation à peine masquée à l’oligarchie capitaliste qui tient les rênes du pouvoir économique. L’erreur la plus grossière de la doctrine anarchiste est précisément d’ignorer cette interaction ; celle de juger qu’une société peut très bien se passer d’une structure autoritaire centralisée n’étant qu’un fourvoiement de moindre importance. » : Ahh, voilà des choses intéressantes ! En gros, l’anarchiste a tort car il n’a pas compris que le vrai pouvoir est économique et que l’état n’est que son jouet. Bien sûr, la réalité est exactement inverse. Je ne vois comme réponse que Ludwig von Mises lui-même, dans Economic Policy, 2nd lecture :

« The American consumer, the individual, is both a buyer and a boss.
When you leave a store in America, you may find a sign saying: "Thank you for your patronage. Please come again." But when you go into a shop in a totalitarian country-be it in present-day Russia, or in Germany as it was under the regime of Hitler-the shopkeeper tells you: "You have to be thankful to the great leader for giving you this."
In socialist countries, it is not the seller who has to be grateful, it is the buyer. The citizen is not the boss; the boss is the Central Committee, the Central Office. Those socialist committees and leaders and dictators are supreme, and the people simply have to obey them. »

-          « Car supprimer l’Etat sans empêcher le capitalisme de fonctionner, c’est livrer encore plus l’individu à l’esclavage des potentats économiques, alors que l’existence d’un Etat, comme nous l’avons vu précédemment, permet quand même d’appliquer quelques onguents analgésiques sur les plaies des travailleurs, tel le maton bienveillant adoucissant les rigueurs de l’administration pénitentiaire. » : Empêcher le capitalisme de fonctionner, voilà donc son « driver », sa motivation, sa hargne. M.Laurut est au mieux un post-communiste en voie de repentance, mais un libéral certainement pas.

-          « La doctrine anarchiste, malheureusement pour elle, ne propose aucun moyen pour empêcher le capitalisme d’exister faute d’avoir suffisamment étudié ses rouages et d’avoir compris son fait générateur. » : LOL, comme si l’école autrichienne n’avait pas étudié les rouages du fonctionnement politico-économique.

-          « Par ailleurs, et accessoirement, l’idée qu’une société civilisée puisse prospérer sans un minimum d’autorité centrale et de services publics est tout simplement une aberration, dont nous nous abstiendrons de débattre ici. » : Ah ben voilà, faute de meilleur argument, on pose l’aberration comme acquise et sans besoin de la justifier. LOL.

-          « Loin d’être un épouvantail et un repoussoir, l’individualisme est donc partout, mais n’a encore jamais fait l’objet d’une doctrine politique à part entière, se réclamant ouvertement et complètement de lui. » : Dommage, l’anarcho-capitalisme a exactement cet objet.

-          « C’est sur ces bases conceptuelles que doit s’édifier la société minarchiste, avec pour objectif de promouvoir un Individu Responsable, autonome, lucidement prospectif, ayant enfin maîtrisé le déferlement législatif coercitif qui annihile sa liberté, et domestiqué l’animal étatique pour l’affecter à des tâches réellement efficaces. » : Suberbe auto-contradiction minarchiste : l’état ne doit être qu’efficace, tel un planton et doit être « domestiqué ». Mnce, il y a juste un problème. Max Weber nous rappelle que c’est l’état qui a le monopole de la violence légitime…

Pauvre fou…


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