Wednesday, March 22, 2017

Du « négationnisme » contemporain

Le négationnisme fait partie de ces concepts du domaine de l’horreur, du tabou. Selon Larousse, le négationnisme est une « doctrine niant la réalité du génocide des Juifs par les nazis, notamment l’existence des chambres à gaz ». C’est clairement une saine attitude que de dénoncer de telles croyances, qui se rencontrent hélas encore trop souvent, l’actualité ne saurait me contredire.

Pourtant, il me semble que la portée de cette définition est en réalité bien trop étroite, tout comme celle du tabou, de la révulsion et de la honte qui vont de pair. En effet, si la Shoah fut un fait horrible véridique dont la contestation mérite d’être dénoncée, avec tout mon respect pour le peuple juif, je ne suis pas sûr que ce soit le pire ni surtout le seul de tous les faits indiscutables et aux immenses et graves conséquences dont nous devrions dénoncer la négation quotidienne. Des exemples ?

Pourquoi n’est-il pas par exemple « négationniste » d’oser se revendiquer du communisme tout en affirmant que les millions de morts dont les pays qui l’ont adopté sont responsables – on pense à l’URSS, à la Chine, au Cambodge, etc. – n’étaient pas en fait soumis à un communisme véritable ?

Pourquoi n’est-il pas « négationniste » de faire la promotion du protectionnisme national, alors qu’on sait sans l’ombre d’un doute et depuis quelques deux cents ans que cette politique conduit toujours à la misère et à l’appauvrissement inéluctable des populations auxquelles elle est imposée ?

Pourquoi n’est-il pas « négationniste » de continuer de promouvoir la démocratie représentative comme le seul système à même d’assurer notre liberté, alors que les centaines de millions de morts qui ont marqué le XXe siècle sont le résultat de guerres généralement menées par des démocraties ?

Il y aurait bien d’autres sujets, notamment en lien avec la théorie économique, qui pourraient venir prolonger cette première liste macabre, mais le but n’est pas ici de faire une liste exhaustive, plutôt juste de mettre le doigt sur cette forme d’incohérence : quid de ces sujets qui ne font « négation » ?

On peut cependant oser une hypothèse. Le « négationnisme » de la Shoah est disons plutôt très à droite – on se souvient du « détail de l’histoire » de Jean-Marie Le Pen qui lui avait valu d’être condamné malgré la « liberté d’expression ». Par contre, tous les autres sujets évoqués mettent en défaut des croyances ou des mensonges soit de gauche, soit plus généralement étatistes. Et nous vivons dans un pays à la fois franchement étatiste et maladivement attardé à gauche… Alors…

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