Ces derniers jours, la SNCF a fait parler d’elle, non pas en
arrivant à l’heure, mais en décidant soudain d’imposer des frais d’annulation
aux réservations de TGV. A savoir : « selon les nouvelles conditions d’échange, le voyageur TGV devra s’acquitter
de 5 euros de frais d’annulation de tout ticket. Ces frais grimperont à 15
euros la veille du départ. … La SNCF fait également une petite fleur aux
détenteurs de cartes de réduction. Aucun frais ne leur sera appliqué jusqu’à l’avant-veille
du départ. »
Cela fit grand bruit et la une des journaux et de la presse
télévisée. Rendez-vous compte, la SNCF fait payer ses clients, même quand ils
ne prennent pas le train ! Il me semble pourtant qu’on se trompe de sujet.
La SNCF est indiscutablement un scandale, mais un scandale n’en cache-t-il pas
un autre ?
Tout d’abord, faire payer une annulation de voyage n’a rien
de scandaleux en soi. La preuve, c’est ce que pratiquent la plupart des
compagnies hôtelières et aériennes sans que cela choque quiconque.
Après tout,
l’achat d’un billet suppose un engagement de la part du client, l’annuler peut parfois
être nécessaire, mais avec des effets sur le prestataire dont il n’est pas
responsable ; il est donc logique qu’il demande une légère compensation. A minima, des frais contribuent à éviter
l’abus d’annulation et à rendre toute prévision de rentabilité impossible. A ce
titre, la SNCF revient à la normale.
On devrait d’ailleurs trouver choquant le fait que ce retour
à une plus saine gestion ne concerne pas les détenteurs de cartes de réduction.
Tout d’abord, tarif réduit et droit de libre annulation ne semblent pas
forcément aller de pair. Surtout, vu le nombre de cartes, peu vont réellement
payer. On a encore en France ce besoin de voir les services publics qu’on utilise
être payés par son voisin.
Mais ce débat occulte la motivation de la SNCF, qui motive
sa décision par le remboursement de sa dette colossale. Comme toujours en
économie, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. De prime abord, vouloir
contribuer à rembourser est une bonne chose. En réalité on l’a vu, l’espoir de
gain est probablement marginal vu le nombre d’exemptés et celui de ceux qui
vont éviter d’annuler.
Un regard plus affûté notera que cette dette qui sert d’argument
ne fait pas la une en soi. La presse fait grand bruit de 5 euros de frais, mais
oublie d’évoquer les milliers d’euros que chacun de nous paie annuellement pour
renflouer la dette de la SNCF, et cela depuis des décennies. On dit penser aux
pauvres gens, mais on évite consciencieusement de leur rappeler leur spoliation
quotidienne.