Sunday, January 5, 2014

Série Analyse des Programmes : L'UDI : 1 à 6

Pour l'UDI, sans programme officiel, nous exploitons Les "Propositions du Contre-Gouvernement".

"Afrique et francophonie
A quelques jours du prochain du sommet de l’Élysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, Jean-Marie Bockel a présenté les 10 priorités et 70 mesures du rapport pour relancer les relations de la France avec les pays africains dans un partenariat d’égal à égal, fondé sur des intérêts communs.
Parmi celles-ci, la mise en place d’une 
université francophone pilote à Dakar, la meilleure association de l’Agence Française de Développement à la défense des intérêts français, ou encore, l’adaptation de nos points d’appui en Afrique afin de disposer de capacités réactives et flexibles en fonction de l’évolution des besoins, notamment au Sahel.
« Une partie de l’avenir de notre pays est clairement en Afrique et il convient dès à présent de relancer les relations de la France avec les pays africains à travers un partenariat rénové. Car une chose est sûre : l’Afrique ne nous attendra pas », a conclu l’ancien ministre."

On constate tout d'abord que le premier des thèmes de l'UDI est l'Afrique et non la France. Alors que le mot de marché n’apparaît nulle part, il est clair qu'on est en plein étatisme d'affaires. Ensuite, une université à Dakar, ce doit être pour contenir l'immigration étudiante ? Voilà vraiment un enjeu majeur à l'heure de l'urgence de l'assainissement des conditions de l’état de droit sur ce continent. Puis aussitôt, le renforcement de notre emprise militaire, comme si le militaire aller se monnayer durablement. On a l'impression d'une vieille maman qui fait tout pour que son cher enfant ne grandisse pas... Il est clair qu'avec une approche aussi nouvelle est commerciale, l'Afrique ne nous attend déjà plus, pour son plus grand bien sans doute.


« Dépense publique – Les retraites
[…] L’UDI propose des mesures courageuses pour équilibrer les régimes à moyen terme et entend bâtir un nouveau système à l’horizon 2020. L’adhésion des Français et des Françaises à l’effort nécessaire pour sauver notre système de répartition ne peut être emportée que par un nouveau pacte de confiance partagé entre les géné
rations. Ce pacte de confiance doit reposer sur la certitude pour ceux qui consentent aujourd’hui les sacrifices indispensables à la préservation de ce modèle qu’ils ne seront pas demain les oubliés de la solidarité nationale. »
Tout d’abord, sous le titre général de la dépense, l’UDI ne traite en réalité que des retraites, soit. Mais les « mesures courageuses » sont tout de suite amoindries par la fausse ambition de « sauver le système de répartition », alors que c’est justement ce système qu’il convient de – courageusement – remettre en cause. Il n’y a pas besoin de “pacte de confiance” car il faut au contraire rompre ce principe pour revenir au seul qui soit viable, celui où chacun prépare sa propre retraite, non seulement selon ses moyens mais surtout selon ses priorités. Après tout, pourquoi faudrait-il que tout le monde parte à la retraite ? La vraie « solidarité nationale » consiste au contraire à ne pas mettre sur les épaules des jeunes générations le poids de ses propres choix non assumés.


« Entreprises et croissance
Proposition de loi visant à lutter contre le dumping social et la concurrence déloyale dans le secteur du bâtiment
En parallèle de cette concurrence des entreprises « low cost » se développe une autre pratique : celle de sociétés d’intérim, aux contours juridiques extrêmement flous, qui inondent les entreprises françaises de bâti
ment de propositions de main d’œuvre étrangère à des tarifs horaires largement en dessous du minimum légal.
Face à ces phénomènes, il est urgent d’agir. Si aucune action vigoureuse n’est entreprise, c’est tout l’appareil de production français du secteur du bâtiment qui se trouve menacé, avec de très lourdes conséquences en matière d’emploi et les pertes correspondantes pour les différents régimes – Sécurité sociale, assurance-chômage, fiscalité… – mais aussi en matière de formation professionnelle, dont l’outil est immanquablement affecté par la réduction de l’activité des entreprises françaises. »

Hervé Morin, car il s’agit de lui, nous démontre ici, s’il en était besoin, combien il n’est pas libéral. Poser en prémisses les concepts mêmes de dumping social et de concurrence déloyale sont en effet digne du meilleur des discours socialistes. Le couplet sut l’intérim est tout aussi amusant, car il oublie bien sûr que si les agences « inondent », il faut que les entreprises y trouvent leur compte pour que cela dure. Ce paragraphe sur la main d’œuvre étrangère est à cet égard digne du meilleur de la famille Le Pen. Et bien sûr il est « urgent d’agir ». O le beau libéral que voilà. Il ne lui viendrait certes pas à l’esprit que ce soient les conditions du marché du travail et notamment l’existence même du code du travail qu’il faille remettre en cause.


« Consommation
L’actualité judiciaire interdisant à certaines grandes enseignes d’ouvrir leurs magasins le dimanche et après 21 heures, le maintien de leur ouverture en dépit de ces condamnations et du montant élevé des astreintes, la résistance des salariés eux-mêmes – sous le slogan « Yes Week End » s’agissant du travail dominical – mettent en évidence 
l’inadaptation de notre législation sur le repos des salariés. Or, si notre législation est inadaptée, c’est parce qu’elle est à la fois obsolète, inéquitable et illisible. Obsolète parce qu’elle apparait totalement en décalage avec le contexte de crise actuelle, où la création d’emplois et l’augmentation du pouvoir d’achat des salariés sont au cœur des défis à relever pour notre pays. Elle est ainsi devenue emblématique des obstacles règlementaires à la croissance dont souffre la France. Obsolète également parce qu’elle ne correspond plus à la France d’aujourd’hui [...] Ces changements de paradigme correspondent à des changements sociétaux, consuméristes et économiques profonds : une évolution de la société dans ses modes de vie et de consommation, l’explosion d’internet qui,- comme on le sait ne connait ni repos dominical, ni repos de nuit-, et une demande des salariés pour le travail choisi, mieux rémunéré. A cet égard, les mouvements de salariés des enseignes concernées contre les syndicats à l’origine de la fermeture de leurs magasins, en sont l’éclatante démonstration. […] »
L’UDI a ici très bien choisi son sujet et semble saisir l’occasion de montrer son orientation libérale en avançant un pion pour la liberté du travail. Mais hélas, l’argumentaire est l’expression une fois de plus de cette perception profondément erronée que nos « élites » ont du droit et du législatif. Car si l’auteur a raison de faire le diagnostic d’une législation dépassée et sans plus de lien avec la réalité de la vie sociale, elle commet pourtant la même erreur dans sa critique et ses proposition. Elle considère en effet implicitement que la loi doit être le reflet d’une époque ou d’un mode de vie, voire d’un environnement socio-économique. Ce faisant, elle donne une limite temporelle à la loi qui pourtant n’a aucune raison d’en avoir. Ce qui est bien est bien, le mal est mal, et cela ne dépend pas du cadre technologique. L’argument qu’il fallait donc utiliser en faveur du travail le dimanche n’a donc rien à voir avec l’obsolescence juridique, mais doit simplement rappeler que la loi, qui doit être intemporelle, ne peut justement pas traiter de sujets socio-économiques en général et du temps de travail en particulier.


« Mer, pêche et océan
I. Les enjeux
a. Une gouvernance efficace ?
Les organisations administratives en mer sont complexes. […]
Le premier enjeu consiste donc à simplifier la gouvernance maritime.
b. Un outil administratif unique et évolutif ?
[…]
Le deuxième enjeu consiste donc à rassembler dans un unique document administratif l’aménagement co
ncerté des espaces maritimes.
1. Protéger et valoriser.
[…] Le troisième enjeu est donc de réconcilier protection et valorisation de la mer.
2. Les études d’impact et mesures compensatoires.
[…] Le quatrième enjeu est donc de mettre en place des politiques d’encadrement incitatives plutôt que punitives vis à vis des porteurs de projets.
3. Permettre et soutenir l’innovation, en particulier dans les EMR.
[…] Le cinquième enjeu est donc de mobiliser tous les acteurs publics pour accompagner les acteurs industriels plutôt que de les considérer comme une menace. »

Il n’est pas sûr que ce domaine soit une priorité pour notre pays et sa liberté, mais il illustre cependant à merveille comment nos « élites » raisonnent, même quand elles se pensent plutôt libérales. Ils ne sont pour autant pas stupides et ainsi, d’emblée la bonne question est posée, celle de la mauvaise gouvernance. Le diagnostic ne tarde pas et vise juste lui aussi : la structure administrative est complexe et donc implicitement inefficiente. Fort bien. Mais les enjeux qu’il en tire ne sont évidemment pas à la hauteur, voire sont contradictoires. Car si la gouvernance est inefficiente, c’est avant tout parce qu’elle est administrative justement. Le premier enjeu devrait donc être de privatiser les espaces maritimes. Car sans cela, son enjeu, fort juste à nouveau, de « protéger et valoriser » ne peut tout simplement pas être atteint. Le reste en découle et on ne s’attardera pas sur les derniers enjeux qui dénotent la vision socialiste de l’économie habituelle en France.


« Possibilité d’utilisation de la géolocalisation en enquête préliminaire
[La] chambre criminelle de la Cour de cassation a validé les mesures de géolocalisation des téléphones portables ordonnées par un juge d'instruction mais les a déclarées non conformes à l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fo
ndamentales (CEDH) dans les enquêtes diligentées sous la direction du procureur de la République (enquêtes flagrantes, enquêtes en recherche des causes de la mort ou de la disparition et en recherche d’une personne en fuite). […]
Ces décisions portent gravement atteinte à l'efficacité de la lutte contre les cambriolages qui constituent actuellement un sujet d'inquiétude grandissant pour nos concitoyens, en effet la saisine du juge d'instruction en raison de sa lourdeur n'est pas compatible avec l'urgence nécessaire en la matière. Il est ainsi nécessaire de légiférer rapidement pour redonner une efficacité à l'action policière. […] »

L’UDI, rappelons-le, est ce machin du centre supposé vaguement de droite où se fait héberger le PLD et plus largement où de nombreux libéraux portent leurs espoirs. Or que dire face à un tel texte ? On ne se contente pas de prendre une gifle par la CEDH en matière de Liberté, on se dépêche vite de tendre l’autre joue ! 
Il y a comme souvent une bonne question au départ, mais leur vision du monde leur interdit toute réponse valable. En Libertalie, ce problème ne se poserait pas. Une victime, via son assurance, commissionne un détective pour retrouver le malfaiteur supposé. Pour cela, le détective utilise les moyens dont il a besoin, voilà tout. Pas de problème d’indépendance de la justice : la concurrence joue. Pas de problème de violation d’intimité non plus : le détective n’a pas le pouvoir ni l’intérêt d’abuser des données dont il dispose. Voilà. Car sur ce sujet on l’oublie trop souvent : ce ne sont pas les sociétés privées qui sont un danger pour nos données personnelles, mais les organes de l’état.

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