Ainsi donc, juste après le référendum pour le Brexit, notre
Flamby nous inventait la formule régionale, anticonstitutionnelle, qui plus est
pour accoucher d’un monstre où ni le ‘oui’ ni le ‘non’ ne sont pertinents,
acceptables ni même démocratiques. Pour ma part, j’y vois une belle illustration
de la nocivité des concepts même de démocratie et de référendum. Voyons rapidement
pourquoi.
Pertinence. Deux aspects viennent à l’esprit. En premier, la
nature du projet : ce qui est beau avec une réponse limitée à oui ou non,
c’est qu’elle ne laisse aucune place à des positions telle que : ‘oui pour
des petits avions, non pour des longs courriers’ ; ou bien : ‘oui
pour les bretons, non pour les autres’. A ce titre, second aspect, on n’a offert
qu’aux seuls locaux de voter ; ainsi, il est probable que l’immense
majorité des voyageurs qui passeront par-là n’auront jamais eu droit à la
parole. Une approche libérale aurait consisté à tout simplement laisser le
marché s’exprimer, par exemple via une souscription à l’achat d’actions du
futur aéroport par ses futurs usagers ou supporters…
Acceptabilité. On le voit déjà, le ‘oui’ n’est pas parti
pour résoudre grand-chose, puisque les opposants contestent déjà le caractère
définitif de la décision qu’il est censé matérialiser. Et je peux les
comprendre : si j’étais propriétaire d’un des terrains saisis pour les
pistes, jamais personne ne pourrait me faire accepter une telle décision,
personne ne pourrait me faire accepter ce qui s’appelle un vol (sans avion) en
langue des Landes. Mais dans l’autre sens, un ‘non’ n’aurait donné aucune
légitimité aux opposants à empêcher des travaux menés par des entrepreneurs
disposant de contrats en bonne et due forme. Le problème n’est pas dans le
vote, il est dans la nature politique du projet.
Démocratique. Je suppose que le paragraphe précédent permet
de voir l’idée : il s’agit d’un projet de nature fondamentalement
économique – investir dans une infrastructure pour en espérer des gains et donc
une valeur économique et sociale – un projet économique devrait être confié au
marché pour que celui décide de la pertinence économique et sociale dudit
projet. C’est là le rôle social du marché, un rôle que lui seul peut assurer,
sauf à tomber dans l’arbitraire, comme on le voit.
Et pourtant, on a eu recours à des mécanismes politiques –
un référendum – pour régler un sujet qui n’a rien de politique, avec les
conséquences qu’on voit depuis des mois. C’est ne pas comprendre que le libre
marché est le seul mécanisme qui soit de nature réellement démocratique, c’est-à-dire
libre et populaire, là où la soi-disant démocratie par les urnes finit en
réalité toujours dans l’arbitraire binaire de la tyrannie d’une minorité de « pour »
face à une autre minorité de « contre ». Hélas.
Comment fallait-il faire ? Il ne fallait pas décider arbitrairement
que l’aéroport pouvait justifier l’arrêt des porcs, que demain le voyage fermait
la génisse. C’est une question économique, car la seule et unique manière de
savoir si ce projet, comme tout projet, se justifie, c’est de le demander au
marché, c’est-à-dire à tous ceux qui sont concernés, de près ou de loin. C’est
pourtant simple…
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