Cet article constitue une revue critique de l’ouvrage « A quoi sert l'état ? » de Christian
Laurut, un minarchiste décroissant qui pense qu’il a développé une vision, un
modèle de société cohérent et proche de l’idéal, alors que sa simple revendication
de décroissant montre qu’il n’a pas su voir certains des mécanismes clés de la
société. Voir l’ouvrage ici.
Mon objectif à travers cet
exercice est multiple :
- Répondre très concrètement à C.Laurut qui m’a plusieurs fois mis au défi de commenter ses travaux ;
- Montrer que la notion d’état quand elle est mal définie et mal comprise conduit à des confusions ;
- Montrer que ces confusions expliquent que les minarchistes, tout minarchiste, sont incohérents et ne vont pas jusqu’au bout de leurs propres raisonnements ;
- Dégager les quelques thèmes obsessionnels qui fondent sa vision
- Illustrer que C.Laurut est en réalité un constructiviste qui s’ignore.
J’ai structuré cette critique de
manière systématique et probablement laborieuse et peu digeste. Mais il m’a
semblé que respecter le texte et son ordre était la seule manière de ne pas
tricher avec l’auteur. J’ai donc pris chapitre après chapitre, paragraphe après
paragraphe et sélectionné quelques extraits présentant des confusions ou contre-vérités
pour les commenter chacune en détails.
Pour aider à la lecture et
éviter de devoir tout lire, une synthèse des erreurs et confusions principales
faites par l’auteur est donnée juste après. Elle peut suffire au lecteur
pressé, ou elle peut aider à la lecture des notes au fil des extraits.
- Synthèse des Erreurs et Confusions
L’erreur la plus profonde que
C.Laurut commette est d’ordre méthodologique. Il propose un audit de l’état à
travers l’histoire, ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose, mais ce
faisant il ne fait rien de moins qu’oublier ce qu’est un audit. Un audit
suppose un crible, un modèle, une théorie antérieure qui sert de référence et
qui permet de poser le jugement. On compare un existant à un modèle. Il évoque bien,
en début de conclusion, que « la mission [de l’état] constitutionnellement,
est celle de servir le peuple » mais cela est tellement vague que sans intérêt.
Au-delà d’une logique d’audit et
son formalisme, l’idée même de reprendre l’histoire pour tenter d’en dégager,
d’en inférer un rôle de l’état est une erreur empiriste typique : elle
permet au mieux de dégager ce que l’état est ou a pu être, mais pas ce qu’il
devrait être. Ce n’est pas parce que l’état a toujours existé en France qu’il
doit exister encore.
De plus, faire une étude
historique de l’état en France est quelque peu limité, oubliant deux
choses, ie que le rôle de l’état ne devrait pas dépendre du pays ni de
l’histoire de référence et que l’histoire ne peut rien nous apprendre de
définitif. A ce titre, la légitimité d’un état ne peut pas venir de son histoire,
mais de son rôle, ou à la rigueur de son efficacité.
On tombe alors dans un second
travers qui est que nulle part il ne pose de définition de l’état. Ni ne
fait-il l’analyse du pourquoi un état, ce qui est en réalité plus grave. Car
pour comprendre l’état, pouvoir argumenter pour ou contre ou pour ou contre une
fonction régalienne, encore faut-il avoir compris que le besoin de ces fameuses
fonctions résultent du fonctionnement social lui-même. Et que si on doit, si on
peut juger d’un état français, anglais ou du Moyen-Age, ce ne peut être que par
rapport à ce besoin social. Et c’est là où on voit qu’il n’est pas possible de
parler d’état sans en avoir a priori un modèle, une théorie a priori, au lieu
d’espérer en inférer un idéal de l’histoire.
Plus dans les détails, l’auteur
pris dans cette contradiction procède régulièrement à une logique circulaire
évidemment erronée, où il pose sa conclusion puis conclut un peu plus loin avec
cette même conclusion. Comme son hypothèse d’audit est irréalisable du fait du
point précédent, il oscille en permanence entre le constat historique – mais qui
ne permet de rien conclure – et le jugement a priori mais selon une rationalité
qui n’a pas été posée.
L’auteur est indiscutablement érudit et connais à fond
notre histoire, mais hélas ses bases en économie sont éloignées de la voie
autrichienne ce qui se manifeste par un utilitarisme qui l’oblige souvent à sortir
d’une argumentation logique. C.Laurut fait ainsi montre de positions ou avis
qui sont souvent dignes du parfait gauchiste ou du moins étatiste, par exemple
sur l’idée d’une retraite égale pour tous, mais à bien d’autres endroits également.
On se trouve finalement devant une étude qui n’est pas sans
intérêt sous l’angle historique, voire même qui apporte des avis de pertinence,
mais qui parce qu’essentiellement empiriste, utilitariste et vide d’orientation
ne donne aucun recul cohérent quant au rôle de l’état dans l’absolu et à la
société minarchiste en particulier.
- Quelques unes de ses marottes :
-
Les droits régaliens : Il commet deux erreurs majeures
à ce niveau. La première, c’est de croire que l’empirisme, la recherche des
faits historiques comme seule base d’analyse, peut lui permettre de déduire –
inférer plutôt – ce que le régalien doit être. Et ainsi il dégage des droits
qui n’ont aucune légitimité réelle. La seconde, c’est de ne pas avoir su voir l’importance
de la dissociation du régalien, c’est-à-dire la distinction entre fonctionnel
et opérationnel (ou exécutif). Or c’est cette distinction qui permet de concevoir
la société libre qui ne serait pas possible si le régalien ne pouvait être confié
au marché capitaliste.
-
La décroissance obligée : Selon C.Laurut, le pétrole
et les ressources en général vont
venir à manquer et donc nous n’avons, nous aurons bientôt pas d’autre option
que de réduire nos trains de vie, d’affronter la décroissance. J’ai tenté déjà plusieurs
fois de lui expliquer la position de Pascal Salin et bien d’autres sur la
relativité des ressources et la capacité du marché à renouveler la technologie,
mais monsieur s’arc-boute sur sa position « décroissante ».
-
Le capitalisme désormais esclavagiste de l’étatisme : C.Laurut
n’aime pas le capitalisme mais aime les entrepreneurs. Le capitalisme, selon
lui, c’est en fait celui des grandes entreprises dont la collusion avec le
pouvoir les conduit, leur permet de sortir du droit et pour partie des lois économiques.
Il a totalement raison de dénoncer le capitalisme de connivence, l’oligarchie.
Mais il se trompe sur la causalité sous-jacente. Il ne sait pas voir que ce n’est
pas l’état qui est aux bottes du Kapital, mais l’inverse. Il ne voit pas que si
l’état ne disposait pas du pouvoir,
il n’y aurait aucun intérêt pour le capital à tenter d’en tirer profit. Il ne
voit pas que le capitalisme, comme insiste Ludwig von Mises à le dire, n’est
jamais le Boss, le Boss c’est le consommateur. Mais le Boss ultime quand il y a
état, c’est l’état lui-même, car il possède l’arbitraire du pouvoir.
-
Les résultats de l’état et l’utilitarisme : Tout au
long de cet ouvrage et de ses 17 chapitres, l’auteur ne se pose pas une seule
fois la question de la légitimité morale ni de droit de l’état. Telle un Milton
Friedmann raté, il ne juge de la bonne capacité, que des résultats de Léviathan,
voir s’il est ou a été efficace et sinon, ben là c’est pas bien. C’est là une
différence énorme avec nous autres jusnaturalistes qui ne regardons la justice
sociale qu’à travers le seul prisme de l’égalité devant le droit.
-
Une constitution : L’idée d’une constitution revient
souvent dans ce texte, la constitution étant bien sûr classiquement le mécanisme
juridique ultime permettant de contenir Léviathan. Mais hélas toute sa logique
tombe, car il ne sait pas voir que l’état ne peut pas se juger ni se limiter soi-même….
Ahh, ces minarchistes…
-
Par contre, il passe complètement à côté de la critique de
la démocratie, du type de celle de H-H.Hoppe. A aucun moment il ne sait voir
que tous ces travers s’expliquent – au-delà du potentiel glouton de tout état –
par la conjoncture historique du XXe siècle qui a vu la démocratie et son
clientélisme imposer peu à peu le socialisme.
-
Les assurances sont également un sujet qu’il omet complètement.
Jamais, je dis bien jamais dans ce texte ne sont évoquées les assurances comme
pouvant de près ou de loin jouer un rôle en lieu et place de l’état. Tu parles
d’un libéral…
- Détail des commentaires linéaires, chapitre par chapitre
Introduction
-
Ce texte introductif
est riche de circonvolutions et d’affirmations mais se garde bien de commencer
par le commencement, à savoir définir le concept d’état. Il est vrai que le
reste du texte y revient, mais ce défaut méthodologique me semble à lui seul
suffisant pour peu apprécier ces lignes.
-
« …la fin du dix-septième siècle
marqua l’émergence d’une entité moderne, interface nécessaire entre le peuple
et le pouvoir, distincte des deux, mais néanmoins revendiquée, plus tard et
tour à tour, par l’un comme par l’autre » :
Pourquoi tout de suite poser l’état, ici interface, comme nécessaire ?
C’est de la logique circulaire : on veut analyser ce qu’est l’état et pour
ce faire on commence par le poser comme nécessaire. Manipulation.
-
« Car l’Etat
n’est pas l’identique du Pouvoir ! Rendu indispensable par l’évolution de la
société et la complexification des rapports socio-économiques entre les
individus, son essence est purement technique, sa vocation résolument
utilitaire et sa pensée naturellement inexistante. » : Ici il frôle le véritable fond du sujet
mais ne réussit malgré tout pas à y entrer. On parle de pouvoir, mais sans dire
clairement que c’est lui le fond du problème, on l’oublie ensuite. Oui, l’état
est indispensable socialement, mais d’un point de vue fonctionnel seulement,
jamais le fonctionnement social n’a imposé l’état jacobin comme le seul
possible, ni même les fonctions régaliennes comme telles. Il passe à côté de la différence entre fonction et
organe qui est pourtant le cœur du sujet. Jamais il n’aborde ce point.
-
« En effet,
depuis qu’il existe, l’Etat Moderne n’est que la traduction politique du
Pouvoir réel, et, de même que Richelieu voulut qu’il fut celle de la monarchie,
les chéfaillons successifs de l’oligarchie démocratique actuelle s’appliquent à
le maintenir dans sa fonction principale de représentation des intérêts du
capitalisme. » : Il a tout à
fait raison sur cet extrait, mais il est dommage qu’il ne prenne pas le recul
nécessaire. Tout d’abord, on le voit bien, on parle de la seule France, il n’y
a rien d’intrinsèque à l’état à devenir jacobin et centralisateur. Ensuite, il
recommence, il a une idée en tête (intérêts du capitalisme), fausse en plus,
mais ce n’est pourtant pas une idée déduite de son analyse, il repart dans la
logique circulaire.
-
« les
développements qui en découlent devraient non seulement déterminer si les
objectifs qui sont assignés à cet Etat sont correctement remplis par lui, mais
aussi, et surtout, si ces missions, ainsi définies, sont bien celles qu’un
peuple adulte et responsable se devrait de lui confier. » : Tient donc, il y aurait donc des missions
absolues qu’un peuple serait en droit d’attendre de l’état ? Mais si c’est
la cas, pourquoi ne pas commencer par là ?
1. Les fonctions régaliennes et
les autres
-
« Les droits
régaliens désignent les marques de souveraineté dont dispose l'État. » : Parler de droit relève à nouveau de la
logique circulaire. Je ne discute pas que François 1er ait pu parler
de ses droits à cet égard, mais une fois de plus, ce n’est pas l’état lui-même
qui peut décider de ses prérogatives, ni l’histoire qui ne peut nous révéler ce
qui n’a pas été mais devrait être. L’état n’a strictement aucun droit a
priori et la notion est hors de propos. Un droit répond au besoin social de régler,
anticiper les conflits entre hommes ou citoyens. Comment l’état, qui n’est pas
une personne mais un concept, pourrait-il avoir des conflits avec les hommes
qui justifieraient des droits ? Poser cette idée, ce n’est rien de moins
que poser le principe d’un état a priori égal ou supérieur au citoyen alors qu’il
ne peut qu’être au service de ceux-ci. Un libéral qui imagine un état au-dessus
de l’homme ne saurait être libéral.
-
« qui se
composerait approximativement de la sécurité intérieure (police, justice), de
la sécurité extérieure (armée) et de la monnaie. » : Très approximativement alors, car la
monnaie n’est pas nécessaire au maintien du droit donc ne saurait être une
fonction régalienne. D’ailleurs, la monnaie est un effet du marché libre, elle
existe spontanément et n’a pas besoin d’un état ni même d’une autorité pour
voir le jour et se mettre en place.
-
« sous une
transposition sémantique plus soft de fonctions régaliennes, qui semble avoir
pour objectif, en remplaçant le mot droit par le mot fonction, d’équilibrer
autant que possible les deux termes de la locution. » : Il y a là une confusion profonde,
une occasion manquée majeure. Le terme ‘fonction’ n’a rien d’un tour de
passe-passe, il correspond bien à la nature d’un rôle social. Dans toute
organisation sociale pérenne, on s’attache à définir les rôles des uns et des
autres, c’est le qui-fait-quoi classique. Ces rôles s’expriment toujours par
des verbes, donc par l’action ou le service. C’est la même chose pour le régalien,
il n’a de réalité concrète et opérationnelle que si les fonctions de chaque
acteur sont définies, connues, reconnues et réalisées – ou plutôt assurées. De
plus, ne pas voir l’importance majeure de ce besoin fonctionnel du point de vue
social empêche l’auteur de faire la différence entre définition et réalisation.
C’est pourtant cette nuance qui est la clé de la société libre et ne pas le
voir, ne pas même voir l’importance de cette nuance, c’est ne pas avoir vu la
société libre.
-
« Il faut donc
s’en tenir, en la matière, à l’application d’un droit coutumier, pourtant
totalement absent des pratiques juridiques française actuelles. » : Déjà, en vertu de quoi commencer par ce « il
faut » ? Surtout qu’alors que toute sa démarche est empirique, c'est-à-dire
basée sur l’histoire et les faits, il faudrait tout d’un coup aller chercher des
choses hors des pratiques françaises ? Il y a vraiment un problème de
rigueur dans ce texte.
-
« Bref, il
existerait donc deux types de fonctions étatiques, celles qui ne pourraient
être exercées par personne d’autre que l’Etat et celles qui pourraient être
sous-traitées à d’autres organisations. » : Nous voilà pile-poil
en présence de la preuve que notre ami n’a pas su voir l’importance de la différence
évoquée entre fonction et organe, entre la définition du rôle régalien et les
modalités de sa mise en œuvre. Car il évoque tout d’un coup l’exécution mais
sans jamais ne s’y être intéressé avant, sans jamais avoir appuyé le fait qu’il
y a là un aspect crucial de l’organisation sociale. C’est comme si dans une
entreprise, on considérait la fonction comptable mais sans faire de différence
entre un comptable salarié et un comptable externe dont on achète les services.
-
« Une idée
théorique paraît toutefois émerger de ce galimatias savamment orchestré, et sur
laquelle s’accordent toutes les tendances de l’oligarchie politique : c’est
bien le Peuple qui délègue sa souveraineté à l’Etat, et qui, de ce fait, exerce
le Pouvoir par l‘intermédiaire de ses représentants. » : Cette phrase pose problème par l’ambiguïté
de la position qu’elle induit : est-ce là la seule conclusion qu’il tire
des faits historiques, ou est-ce aussi une position qui correspond à celle qu’il
soutient ? La nuance est majeure et j’avoue que pour ma part, je l’ai lue
comme voulant dire « voici les faits et je les approuve » vu qu’il n’y
a aucune didascalie aidant, prévenant le lecteur de tout doute éventuel. Et
dans ce cas là, nous serions à nouveau dans ce qu’il faut bien qualifier de
manipulation.
-
« Que, par une
évidente forfaiture de la classe politique, cet exercice soit en réalité
détourné au profit du capitalisme n’est qu’un détail de l’histoire, car ce
qu’il importe de bien discerner pour juger de l’utilité et de l’efficacité de
l’entité étatique, c’est en réalité la validité juridique des missions que, la
plupart du temps, il s’attribue lui même sans avoir à en référer à aucune table
officielle ou aucun commandement institutionnel. » : Ouf ! Que de choses à dire ici !
Pas moins de quatre concepts fondamentaux passent sans crier gare ! Au
profit du capitalisme. Voir plus haut, c’est là une des marottes de notre ami,
l’état serait à la merci du capitalisme, lequel serait un monstre. Ensuite, l’utilité.
On pourrait juger, ce qui compterait finalement, c’est l’utilité de l’état.
Tout serait acceptable si utile. Voir plus haut aussi : qui juge ce qui
est utile ou pas ? Validité juridique ? Même question : qui juge
de cette validité ? Et enfin, une table officielle, il s’agit bien sûr de
la croyance en une constitution. Mais une constitution ne peut s’appliquer qu’à
une entité constituée, donc à nouveau nous sommes dans de la logique
circulaire. Bel exercice d’objectivité digne d’un audit, non ? Pour moi,
il a bien un modèle en tête – c’est obligé – et il aurait été plus clair, plus honnête
de le décrire explicitement plutôt que de tenter de nous l’inculquer
indirectement.
-
« Les anarchistes
prônent un système d’organisation sociale sans Etat en s’appuyant, en premier
lieu, sur un respect scrupuleux de la liberté individuelle mais également sur
la constatation objective que l’Etat échoue dans tout ce qu’il entreprend et
que, dans ces conditions, mieux vaut encore s’en passer. D’autres voient la
nécessité de limiter le rôle de l’Etat à ses strictes fonctions régaliennes
sans étendre ses attributions à quelque autre domaine de la vie des individus.
Toutefois, avant de contester l’utilité de l’Etat ou d’imaginer son
rétrécissement à quelques fonctions jugées nécessaires à la collectivité, il
convient d’abord de procéder à un audit détaillé de son action. Et c’est
l’objet de cette étude. » : Ce paragraphe
est décisif à plusieurs titres. La première phrase montre qu’il n’a pas compris
l’anarchie, ce qui explique qu’il puisse la rejeter et chercher une minarchie pourtant
bien plus utopique. Car l’anarchiste ne demande pas une société sans état,
contrairement à ce qu’on entend souvent. Les fonctions régaliennes sont
indispensables pour toute société, il faut pouvoir assurer le droit. Mais l’anarchie
confie l’opération, l’exécution de ces fonctions aux entreprises du libre marché.
C’est cette nuance qui fait tout et c’est pour cela que j’insiste tant sur le
besoin de bien différencier fonction et opération. En anarchie, il n’y a pas de
bureaucratie, pas de fonctionnaires, mais pourtant les fonctions régaliennes
sont assurées. Ensuite, les anarchistes ne sont pas utilitaristes, ils se
disent pas « il vaut mieux » se passer de l’état. Ils sont sur le
registre du droit et sur ce registre seul. La bureaucratie suppose des
fonctionnaires qui par statut « ont plus de droits que les autres ».
Cela n’est pas envisageable. L’anarchie, c’est la stricte égalité devant le
droit, quoi qu’il en coûte – si tant est qu’il en coûte quelque chose à quiconque
à part les fonctionnaires. Enfin, c’est ici que notre ami parle d’audit…
2. La sécurité intérieure
-
« Fonction régalienne primordiale et historique, la
garantie de la sécurité intérieure est réclamée par le peuple comme principale
condition de sa soumission à l’Etat. » : Non mais je rêve !
En vertu de quel sondage ou referendum peut-on ainsi affirmer que le peuple réclame
quoi que ce soit ? D’ailleurs, la seule manière de déterminer une demande
du peuple c’est de faire des offres sur le marché libre.
-
« une horde défaite devenant souvent une société
anarchique, sans administration crédible pour la soutenir. » : Ici, on place au passage une pique à
l’anarchie histoire de continuer à la dévaloriser comme il se doit.
-
« En réalité, le changement ne réside pas tant
dans le respect du prévenu ou du suspect de fait délictueux, mais dans
l’échelle des sanctions susceptibles de lui être appliquées. Car il est faux de
croire que les accusés de naguère ne bénéficiaient pas de justes procès, ni
d’études attentives et circonspectives de leur culpabilités putatives. C’est
principalement au niveau de la peine encourue que se situe la différence entre
les systèmes anciens et nouveaux. » : Notre ami commet
ici une erreur. La nature des peines a beaucoup évolué. On n’envoyait pas en
prison pour le moindre larcin, car de toute façon il n’y avait pas assez de
place en prison. Et s’il avait élargi son champ d’étude, il aurait vu que la
structure même de l’appareil judiciaire était très différente dans de nombreux
pays, spécialement les pays celtes ou scandinaves.
-
« Il est à noter que certains délits ne relèvent pas
de la nuisance objective envers autrui, tels ceux concernant le commerce et
l’usage de stupéfiants, les infractions au droit du travail, ajoutés à quelques
autres, et témoignent plus du choix d’une société n’hésitant pas à empiéter
délibérément sur la liberté individuelle pour imposer à tous les inclinaisons
d’une soi-disant majorité, que d’une réelle nécessité universellement et
historiquement reconnue. » : Bravo, je ne
peux qu’être d’accord, mais pourquoi louper cette opportunité de réaliser – et dire
– que l’un de nos plus gros problème social actuel vient du régime démocratique
lui-même ?
-
« En effet, la propagande officielle a réussi à
enraciner dans l’esprit commun la certitude que la sévérité de la sanction
encourue par un malfaiteur dans l’exercice de ses fonctions, n’est aucunement
dissuasive de leur perpétration. C’est ainsi que l’amplitude de l’échelle des
peines n’a fait que se réduire depuis l’instauration de la civilisation
industrielle et de l’Etat serviteur du capitalisme, en contrepartie d’une
priorité affichée aux soi-disant actions de prévention. » : Que vient faire cette remarque
ubuesque et sans objet envers le capitalisme ? Voir plus haut, il y a en effet
un problème de collusion entre pouvoir et grandes entreprises, mais cela n’a
aucun lien avec le sujet de la justice ici. Comment peut-il espérer être crédible
avec de telles manipulations ?
-
« Mais peu importe les moyens, pourvu que les
résultats soient ceux attendus par le peuple souverain, c’est à dire une
protection quasi parfaite des biens et des personnes assurée par une
administration à laquelle il délègue en confiance les pleins pouvoirs. » : Ahh, on revient sur la marotte utilitariste,
seuls les résultats comptent. Et en plus, on a droit à une auto-contradiction
dans la même phrase, qui commence par « peu importe les moyens » mais
finit en inférant sans raison aucune une administration comme moyen qui irait
de soi…
3. La monnaie
-
« Mais depuis que la monnaie existe, c’est à dire
depuis l’antiquité, le problème de sa vraie valeur, de sa crédibilité et, pour
tout dire, de sa justification a été régulièrement posée, créant ainsi crises,… » : La monnaie existe depuis bien plus
longtemps que l’antiquité. Ce point est important, car il n’est pas juste de
laisser penser que la monnaie suppose une société disposant d’un « état ».
La monnaie n’a rien de régalien car elle est le fruit du marché et en même temps
elle permet de développer celui-ci. Il n’y a aucune relation de cause à effet
entre monnaie et état.
-
« La
monnaie moderne était née, conçue et produite par une autorité étatique, et
devant progressivement mais irrémédiablement remplacer les monnaies spontanées,
locales et anarchiques. » : Encore une
entourloupe. Il n’y a pas de monnaie « moderne », étatique de surcroît.
L’étatisme n’a rien d’inéluctable – BitCoin le démontre – et ce qualificatif de
moderne semble vouloir flatter la monnaie étatisée. Ensuite, le caractère « irrémédiable »
est faux, un fait empirique ne permet de rien conclure sur l’avenir. Et c’est
de plus oublier que c’est par abus de monopole et de violence que les monnaies étatiques
ont été imposées, il n’y a justement rien de spontané et naturel – donc libre
et libéral – à cela. Enfin, l’usage péjoratif du qualificatif « anarchique »
montre à quel point notre pseudo-libéral ne comprend pas ce terme, qu’il
confond avec « anomie ».
-
« Par contre, à partir du moment où les pièces de
monnaie, pour des raisons politico-économiques dont l’étude n’entre pas dans le
cadre de ce chapitre, furent frappées d’une valeur faciale supérieure à leur
poids réel de métal et à plus forte raison, fabriqués avec du bronze (pièces de
billon), il apparut impératif que l’entité responsable de la communauté concernée
monopolise et garantisse la valeur de cette monnaie ainsi dévaluée, et
notamment son éventuelle convertibilité en métal véritable. » : Encore plus fort dans la démagogie !
Ce problème du « coin clipping » est bien connu comme la première méthode
de fraude sur le poids des pièce et donc de création d’inflation, mais c’est bien
sûr l’émetteur qui seul pouvait ainsi frauder – or, qui était l’émetteur sinon
l’état dont encore une fois par logique circulaire il tente de justifier l’intervention !?
Ne pas le dire relève de la manipulation.
-
« Et c’est ainsi que le « battre monnaie » fut édicté
en fonction régalienne de l’Etat, afin que ce dernier puisse assurer la sécurité
de la monnaie, c’est à dire, en termes plus clairs, se réserver le droit
exclusif à la fabrication de fausse monnaie. » : C’est en effet
la motivation prétexte selon l’histoire, mais c’est justement ainsi que – par le
monopole non naturel – l’état a pu tricher et se donner les moyens de tricher
toujours plus. Là encore, ne pas dire clairement que cet prise de pouvoir n’avait
rien de régalien, rien de naturel ni d’indispensable et que c’est justement la
source de tous les problème monétaires connus encore à ce jour relève de l’ignorance
glauque ou de la malhonnêteté.
-
« Sans référence à l’étalon-or, la monnaie n’était
plus rien, rien d’autre que de la confiance imperturbable vouée par un peuple à
son Etat régulateur (ou du moins supposé tel), qui avale sans broncher la
potion virtuelle de la finance dominatrice. » : Jusqu’avant le
« qui », je ne peux qu’être d’accord, et c’est la seule partie
informative d’intérêt. Pourquoi alors, une fois encore, polluer avec sa
croyance que c’est la finance qui commande à l’état ? Tu parles d’un audit…
-
« Mais, bien avant cette mascarade étatique, la
monnaie fiduciaire avait déjà perdu son importance au profit de la monnaie
scripturale, et la Banque avait dépossédé l’Etat de son privilège de faux
monnayeur, en silence, en douceur, mais en profondeur… » : Même chose. Quel fait objectif,
quelle théorie logiquement cohérente et confirmée par les faits peut-il avancer
pour nous convaincre – et non glisser insidieusement telle une 25eme image –
que c’est la banque qui a dé possédé l’état ? Cela d’autant que si c’était
vrai, alors la banque aurait dépossédé le peuple de sa monnaie, et non l’état
qui n’y a aucun droit. Il ne semble pas comprendre que, comme pour les grandes
entreprises, c’est l’état qui rend la collusion possible avec le capitalisme et
avec la finance. Et non l’inverse.
-
« Cette
monnaie scripturale fantasmagorique, qui ne repose que sur de pures
conventions, échappe désormais à tout contrôle étatique sans que nous puissions
déterminer avec certitude si c’est plutôt un avantage ou un inconvénient. » : Mais pourquoi faudrait-il qu’il y
ait un contrôle étatique de la monnaie ? Je suis opposé farouchement à toute
forme de monnaie scripturale et basée sur une réserve fractionnaire, mais pas
pour une telle raison. Ensuite, plus grave peut-être, notre ami avoue son incompétence
économique – il ne connais pas l’école autrichienne en fait – en avouant qu’il
ne peut déterminer s’il y a avantage ou inconvénient. Bien sûr que si on peut
le savoir, et de manière certaine et incontestable. Toute la théorie monétaire
de L.von Mises puis M.Rothbard permet de l’établir sans l’ombre d’un doute.
-
« En effet, l’Etat qui a été réduit au rôle
accessoire de simple fabriquant de quelques piécettes et bouts de papiermonnaie
ne peut que constater impuissant les crises à répétition du système bancaire et
l’instabilité de cette monnaie scripturale qui lui échappe. » : Le pov’ état qui a été réduit, vous
vous rendez compte ? Non mais bonjour le foutage de gueule ! L’état a
tous les pouvoirs et s’il avait vraiment voulu, tout au long du XXe siècle, éviter
les crises monétaires, rien, mais rien ne l’en empêchait. C’est lui, tel R.Nixon
en 1971 qui a pris les décisions pour virtualiser de plus en plus la monnaie,
de manière a pouvoir grossir tant et tant sans contrainte. Certes, les
banquiers sont complices, voire même ce sont eux qui poussent les politiques, c’est
possible. Mais il demeure : c’est l’état qui a créé la FED et le FMI et la
Banque mondiale et l’euro et j’en passe, pas la finance.
-
« En abandonnant sciemment son droit régalien sur la
création monétaire, l’Etat moderne faut également au devoir essentiel qui y est
attaché, celui de garantir et de sécuriser un instrument volatil dont
l’instabilité est pernicieusement masquée par la fréquence de l’usage. » : (je suppose qu’il faut lire : « fait
défaut ») Encore une fois, il n’y a rien de régalien à émettre la monnaie.
Surtout, le devoir évoqué ne découle justement que de l’appropriation de la
monnaie par l’état, ce qui donne une fois de plus une logique circulaire. Car
si la monnaie était libre et laissée spontanément issue des mécanismes de marché,
la problématique de la sécurité de celle-ci serait automatiquement assurée par
le marché lui-même, l’apport du service de sécurité étant la raison même de l’apparition
de la monnaie sur le marché. Logique circulaire donc, relevant soit de l’incompétence,
soit de la manipulation.
-
« L’Etat moderne n’est plus en mesure de répondre
sérieusement à la question monétaire. Dans ce domaine, il ne sert plus à rien. » : Grandiose ! Un minarchiste qui
ne voit pas que les fonctions régaliennes (hors monnaie) sont essentielles !
4. La sécurité extérieure
-
« L’étude attentive de l’histoire militaire met en
lumière une curieuse corrélation entre le degré d’étatisme d’une société et le
niveau de sa conscription, entraînant la troublante constatation que les
sociétés très étatisées utilisent abondamment le recours forcé et gratuit à la
population combattante, alors que les sociétés peu étatisés n’utilisent pas ce
mode de recrutement pour constituer leurs forces armées. » : LOL. Tout d’abord, il n’a pas
compris que de l’étude de l’histoire on ne peut tirer aucune conclusion, mais
tout au plus confirmer une théorie. Ensuite, la constatation est « troublante »
mais le trouble ne semble pas lui permettre de conclure à l’horreur de l’état.
-
« Si nous partons d’un premier principe,
universellement bien admis, qui veut que le peuple attende de l’autorité
interne qui le ponctionne, un bouclier protecteur contre les envahisseurs extérieurs, complété par
un deuxième principe, moins énoncé mais partagé par tous les individus lucides,
qui veut que les affrontements armés entre nations soient généralement le
produit de conflits d’intérêts entre états, c’est à dire entre les pouvoirs
(clans, castes, oligarchies, etc… ) représentés par ces états, mais rarement corroborés
par l’intérêt réel des peuples, nous en concluons qu’un Etat responsable se
devrait de gérer lui même les conflits qui l’oppose au monde extérieur, par
l’intermédiaire de ses propres forces spécifiques. » : Incroyable ! C’est de l’ironie
ou son premier principe est du grand n’importe quoi ? Quant au second, il
exprime une idée intéressante (l’état est responsable de ses guerres) mais fait
passer quelques idées tout sauf libérales, comme l’intérêt des peuples, la représentation
par l’état, les nations… ah les incohérences des minarchistes…
-
« Autrement dit, le recours à la conscription
constitue la démission manifeste d’un l’Etat se révélant incapable d’assurer la
mission de sécurité qui lui a été confiée par le peuple souverain. Le service
militaire obligatoire et la réquisition par l’État d'une partie de la
population afin de servir ses forces armées, marque, de ce point de vue, une
rupture néfaste par rapport aux armées professionnelles de l'Ancien Régime ou
des troupes de mercenaires utilisées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. » : Démission manifeste ? Mission
confiée ?
-
« En 1970, les peuples français et prussien » : Il y a une erreur ici, il s’agit de 1870. Il y a pas mal
de coquilles.
-
« Un Etat responsable, détenant tous les pouvoirs
fiscaux de taxation sur le bon peuple, devrait pouvoir se donner les moyens de
faire face aux besoins de gestion des conflits qu’il déclenche, ou auquel il
décide de participer, par l’utilisation de troupes de fonctionnaires, au même
titre que les besoins d’éducation sont assurés par les fonctionnaires de
l’éducation, les besoins de la justice par les fonctionnaires de la justice,
etc… . Ces troupes étatiques pourraient naturellement être grossie
ponctuellement en cas de besoin par le recrutement de volontaires, ou même de
professionnels étrangers (comme c’est le cas dans d’autres secteurs de la vie
économique ou civile). » : Excellente idée.
Soyons honnête, il y a beaucoup de passages que je n’ai pas recopiés et qui mérite
lecture, dans cet ouvrage. Mais il ne peut pas s’empêcher, même ici, de les
polluer par ses idées préconçues => Etat responsable, quid ?
-
« première vue, et depuis l’abandon du service
militaire obligatoire début 2000, il semblerait que l’Etat français corresponde
depuis quelques années à cette idée de serviteur du peuple pour les affaires
concernant la sécurité extérieure et que, dans ce domaine précis, il assume
correctement le rôle d’un Pouvoir responsable. » : Il assume correctement ????
Plait-il ? C’est un libéral qui parle ?
-
« Mais cette situation visible risque fort de n’être
qu’un simple trompe-l’oeil, et ceci pour un certain nombre de raisons. En
premier lieu, le niveau de technologie avancé de notre civilisation induit une
stratégie défensive basée sur un arsenal d’armes sophistiquées pilotées par des
spécialistes permanents et incompatibles au maniement par des recrues novices. » : Et en quoi cela serait-il incompatible
avec une armée privée faite de professionnels ?
-
« En second lieu, la mondialisation économique et la
déconfiture des idéologies alternatives ont laissé la place nette au capitalisme
généralisé et à la pensée unique, » : Ahh, encore
une petite pique en passant à son copain le capitalisme…
-
« Seule une inscription formelle dans la
Constitution, interdisant à l’Etat de recourir au recrutement militaire forcé
des individus quelque soient les circonstances, serait de nature à nous garantir
un fonctionnement responsable dans ce domaine régalien. » : Mais voyons… Qui va interdire à l’état
de faire ce qu’il lui est interdit par la constitution ? Ahh ben oui, c’est
l’état. On voit de nos jours ce que cela donne, quand on espère que l’état va s’auto-réguler.
C’est la raison fondamentale qui fait qu’une constitution – et de là une
minarchie – ne peut pas fonctionner : il n’y a aucun auto-contrôle dans
une minarchie, alors que l’anarchie capitaliste s’auto-contrôle par le marché et
sa concurrence.
5. Les mœurs
-
Tout d’abord, jusqu’ici, ok, je pouvait comprendre qu’on
discute du périmètre régalien. Mais en quoi les mœurs touchent-ils le régalien ??? Et au-delà, en
quoi les mœurs sont-ils une affaire de l’état ?
-
« Mettre
l'accent, de façon primordiale, sur l'approche juridique des bonnes moeurs, ce
n'est pas succomber au fétichisme du droit, c'est simplement prendre acte de ce
que les bonnes moeurs ont partie étroitement liée avec lui. » : Pardon ? Un libéral parle ?
N’a-t-il donc pas lu l’Ethique de la Liberté ? Et compris que la seule
manière de préserver la moralité, c’est de ne surtout pas légiférer à son sujet
et laisser faire l’ostracisme social ? Car il n’y a pas une et une seule
moralité et il est donc impossible de graver « la morale » dans le
marbre.
-
« Cette dictature du plus grand nombre qui n’hésite
pas à s’appliquer jusque dans la morale individuelle pourrait naturellement
être jugée détestable et combattue avec détermination, mais tel n’est pas
l’objet de ce chapitre dans lequel nous nous bornerons à évaluer si la
coercition de l’Etat dans le domaine des moeurs sert à réellement quelque
chose, compte tenu des intentions placées dans sa mise en oeuvre. » : Une fois de plus, il laisse passer
l’occasion de dénoncer la démocratie, qu’il n’arrive pas à voir comme le problème
majeur de notre époque. Et puis sinon, toujours cette approche utilitariste de
la fonction étatique, qui ne peut mener nulle part.
-
« L’Etat, dans ce cas, brille par son absence de
faire, ce qui lui évite d‘échouer une fois de plus dans sa volonté d’agir. » : C’est marrant aussi de voir un pseudo-libéral,
qui est en effet globalement peu pro-étatique, ne pas réussir à éviter de
parler de l’état comme une personne, qui aurait une volonté, des décisions…
-
« Le constat d’inutilité de l’Etat dans le domaine de
la codification sexuelle peut s’établir à l’identique lorsque nous observons
les efforts dérisoires qu’il déploie pour établir une norme juridique pour la
consommation humaine des substances dites stupéfiantes. » : Là encore, la constatation reste
acceptable, mais pourquoi chercher à juger la légitimité de l’état par une
approche utilitariste, qui ne peut aboutir ?
-
« Comme pour la sexualité, les concerts de morale de
l’Etat, et de son commanditaire l’oligarchie capitaliste, paraissent largement dissonants
lorsqu’on sait que nombre de hauts potentats, de l’un comme de l’autre, font un
usage régulier de divers cannabinoïdes, alcaloïdes ou opioïdes, sans parler de
cocktails plus bonhommes à base de psychotropes, neuroleptiques ou autres
tranquillisants. » : Ahh, il y avait
longtemps qu’on n’avait pas eu droit à une pique envers le capitalisme,
totalement hors sujet.
-
« L’inefficacité de cette disposition,
quotidiennement vérifiée notamment sur internet, saute aux yeux de tout un
chacun et consacre l’inutilité de l’action de l’Etat dans ce domaine. » : Toujours l’approche utilitariste…
-
« Ses intrusions répétées dans la sphère individuelle
sont malheureusement favorisées par le fait qu’il n’existe aucune disposition
constitutionnelle délimitant avec précision les contours d’un espace
strictement réservé à l’individu et inviolable par l’Etat. » : Nous revoici devant le fantasme d’une
constitution. Ce qui me fais rire, c’est qu’il ne s’est même pas servi de sa
vision de la constitution idéale pour servir de crible à ce soi-disant audit.
6. La santé
-
« la sécurité constituait la principale monnaie
d’échange entre le Peuple et l’Etat, le premier consentant une quotité de
soumissions proportionnelle à la quantité de garanties promises par le second. » : Non mais où avons-nous trouvé cela ?
Dans quel texte ? Il n’est pas faux d’avancer que le rôle tacite ou même historique
de l’état envers le peuple a porté en premier lieu sur la sécurité, mais de la à
l’exprimer de manière collectiviste, où le Peuple et l’Etat (notez les
majuscules) négocieraient entre eux ! Non, décidément, qu’on ne vienne pas
me dire qu’un tel texte peut être d’une main libérale.
-
A noter, s’agissant ici de la santé, qu’en réalité le plus
gros de ce chapitre ne traite pas directement de la santé mais tente de
justifier par la sécurité générale la supposée légitimité qu’il y aurait à voir
l’état dans cette sphère.
-
« L’appétit venant en mangeant, la garantie de l’Etat
est également sollicitée dans d’autres domaines moins fondamentaux mais
cohérents avec le degré de confort moral jugé méritoire comme le droit au
logement, à l’homosexualité, à la bonne bouffe, aux vacances au soleil, au
divorce express, à la piscine protégée, bref au bonheur garanti » : Juste critique de l’expansion de l’état,
comme indiqué juste au-dessus. Mais une fois de plus, il ne vois pas que cela découle
du clientélisme démocratique plus que d’une dynamique intrinsèquement étatique.
-
« Si nous considérons la pyramide des besoins fondamentaux
de l’homme, celui de se maintenir en bonne santé vient en bonne place derrière
ceux de se nourrir, s’abriter, et se protéger des prédateurs, il semble donc
légitime qu’il figure dans la liste des attributions principales de l’Etat, et,
pourquoi pas dans celle de ses fonctions régaliennes. » : Voilà une idée qui va plaire à mon ami
Patrick Aubin qui est un fana de l’application de la pyramide de Maslow aux idées
libérales. Pour autant, ce qui différencie un libéraux indiscutable comme
Patrick et notre joyeux drille, c’est que le premier se sert de la pyramide
pour expliquer que nous n’avons pas besoin de l’état.
-
« Comme pour de nombreuses autres fonctions dont nous
avons déjà parlé ou dont nous parlerons plus loin, nous assistons, avec le
traitement social de la santé, à un exemple symptomatique d’hypocrisie, de compromission
et, en fin de compte, de lâcheté de la part de l’Etat qui n’intervient qu’en
tant que timide législateur et gendarme bienveillant, dans un dispositif où il
conviendrait plutôt qu’il officie en tant que maître d’oeuvre fort et généreux. » : Ca commençait bien et patatras la fin est
du meilleur goût collectiviste… « fort et généreux »…. Pincez-moi.
-
« La santé, de même que la police, la justice ou la
création monétaire ne saurait être sous-traitée à une corporation particulière
dans une société où la notion de service public est reconnue comme devant
rester primordiale. Dans la mesure où le financement d’un service collectif est
assuré par des prélèvements obligatoires, il n’est pas acceptable que ce même
service ne soit pas mis en oeuvre par l’Etat lui même. » : Et en vertu de quel principe les fonctions
« sensibles sinon strictement régaliennes ne pourraient-elles pas être sous-traitées ?
Il n’a pas suffisamment compris et donc confiance dans l’entreprise pour voir
que le marché reste pourtant la seule option. Il parle de corporation, sa
crainte est donc toujours celle du manque de concurrence, mais il ne voit pas
que cela ne peut résulter que des privilèges accordés par l’état que le
minarchiste n’arrive pas à supprimer ! Il ne voit pas que le capitalisme
plongé dans un système sans bureaucrate ne peut pas devenir oligarchique. Et dès
lors il monte sur ses grands chevaux, rien n’est plus « acceptable »
alors que c’est lui qui se trompe d’analyse.
7. La retraite
-
« A
cause de son omnipotence et de son intrusion dans tous les domaines de la vie
civile, sociale et économique omnipotence, l’Etat apparaît comme le responsable
unique de tous les dispositifs régissant les activités humaines. De ce point de
vue, il est donc logique que les gens considèrent que c’est à l’Etat d’assurer
le bon fonctionnement du système des retraites. Or il s’agit là d’un exercice délicat,
plus encore que celui d’équilibrer le régime santé ou d’éradiquer la
délinquance, exercice dont Michel Rocard, alors fraîchement débarqué de son
poste de premier ministre, avait déclaré, dans une formule restée célèbre, qu’
« il y a là de quoi faire tomber vingt gouvernements ». » : Et donc ? Sa première phrase
est à nouveau une phrase pertinente, mais pourquoi en reste-t-il là pour
repartir sur cette logique utilitariste indécrottable ?
-
« Par bonheur, le peuple n’est pas dupe de ce
stratagème et il y a fort à parier que l’Etat n’échappera pas à cette mise au
pied du mur, sauf à reconnaître de lui même son incompétence dans de nombreux
domaines similaires, et par voie de conséquence abdiquer les prérogatives correspondantes
qu’il y exerce sans résultat probant. » :
Et donc ? Ne serait-ce pas alors justement une excellente chose ?
-
« Puisque le système par répartition n’est pas viable
à court terme et que, malgré l’allongement de la durée du travail, les
retraites ne pourront plus être payées de cette façon, l’Etat sera alors
contraint de servir enfin à quelque chose dans ce domaine, ou de s’effacer. » : Même remarque, pourquoi raisonner encore
et toujours utilitariste et jamais légitimiste, et pourquoi le phraser d’une
manière laissant à penser à un regret ?
-
« Elle implique la création d’une caisse de retraite
unique pour tous les travailleurs (salariés ou non) à laquelle sont versées
toutes les cotisations des différentes catégories professionnelles. Le volume
total de ces cotisations, diminué des frais de gestion interne (considérablement
diminués) est alors divisé par le nombre de retraités et chacun perçoit une
allocation identique. Ce système mettrait ainsi fin au caractère
discriminatoire du régime des retraites qui est en contradiction flagrante avec
le principe d’Egalité, Liberté et Fraternité de la République. En effet, il n’y
a aucune raison pour que tel individu touche une retraite supérieure à tel autre,
au prétexte qu’il a bénéficié de revenus supérieurs durant son existence. » : Elle implique ? Pourquoi une caisse
unique serait-elle la seule option ? Caractère
discriminatoire des retraites ? Mais enfin, une retraite, la retraite n’est pas un droit social, pas une récompense de la société, c’est juste une rente fruit d’une épargne qui devrait être individuelle et parce que telle est forcément de montant variables, en fonction de l’épargne accumulée. Voici que notre libéral veut une retraite égalitaire !!!!
discriminatoire des retraites ? Mais enfin, une retraite, la retraite n’est pas un droit social, pas une récompense de la société, c’est juste une rente fruit d’une épargne qui devrait être individuelle et parce que telle est forcément de montant variables, en fonction de l’épargne accumulée. Voici que notre libéral veut une retraite égalitaire !!!!
-
« De plus, il ne faut pas perdre de vue que la
retraite est un salaire de non activité, que tous les inactifs sont égaux
devant le non-travail et que chacun pèse d’un poids égal sur les finances de la
nation. » : L’égalitarisme se
confirme.
-
« Pris à son propre piège et empêtré dans les mailles
du filet qu’il a lui même tendu au dessus de son peuple l’Etat Tout Puissant se
voit aujourd’hui sommé d’aller jusqu’au bout de sa logique tutélaire, pourrait
alors être contraint de considérer la retraite comme « un droit » public et donc
financer son coût par l’impôt au même titre que l’éducation ou l’armée. » : Pronostic intéressant, il est en effet
possible que cela finisse ainsi.
-
« L’Etat, seul payeur des retraites, serait alors
ainsi clairement identifié comme interlocuteur unique et le schéma revendicatif
qui préside aujourd’hui à la régulation des salaires et avantages sociaux
serait tout simplement élargi à celui de la détermination des pensions de vieillesse. » : J’aime le « tout simplement »,
dont on sent qu’il respire la révolte qu’il est permis d’espérer de la part d’un
minarchiste qui a pourtant tant écrit pour le peuple…
8. Le chômage
-
« la garantie contre un événement dont le caractère
fortuit n’est pas indubitablement prouvé. » :
Pardon ? Voilà que l’incompétence économique de notre minarchiste se révèle.
Sait-il seulement que le chômage n’est dû qu’au prix exagéré du travail ?
-
« Les ennuis de santé d’un individu jeune ou adulte
sont imprévisibles (du moins nous conviendrons de considérer qu’ils le sont afin
de simplifier notre propos), ce qui justifie l’intervention étatique dans le
domaine de la prise en charge des soins médicaux en tant que sécurité contre
les aléas naturels. » : Et
pourquoi SVP ces ennuis de santé ne serait-ils pas du domaine de la simple assurance
s’il vous plait ? si on commence à admettre que le risque justifie l’intervention
étatique, alors s’en est fini de toute vue libérale !
-
« Dans tous ces cas, l’Etat intervient en tant que
régulateur chargé d’atténuer autant que
possible les dégâts de l’ancestrale agression de la nature contre l’homme, ce
qui constitue un niveau de couverture
minimale standard, comparable à une assurance aux tiers en matière de
prévention routière. » : Ah l’ancestrale
agression, c’est ce qui vient désormais justifier l’intervention. On croit rêver
de la part d’un libéral. Un danger public, oui !
-
« Dans le cas de la protection contre le chômage,
nous entrons dans un domaine de garanties plus luxueuses, de type « tous risques
», dont les limites ne peuvent être fixées avec précision mais dont le principe
générateur englobe grosso modo tout ce que le mode de vie choisi et construit
par l’homme lui-même pourrait produire de défavorable à son encontre. C‘est
ainsi que la couverture étatique se déploie inexorablement pour tenter de
soulager la société humaine de ses propres turpitudes. » : La réponse est pourtant simple : le chômage
n’a rien d’inéluctable et ne justifie aucune forme d’assurance (du moins d’ordre
étatique).
-
« En effet, à partir du moment où les cotisations
sont obligatoires, c’est-à-dire qu’elles constituent en réalité un impôt qui
n’ose pas dire son nom, le principe de solidarité devrait prévaloir sur celui
d’individualisation. » : Là on
franchit un pas de plus vers le scandale ! Comme le chômage est entériné comme
inéluctable, voilà qu’il devrait dépendre de l’impôt ! Non mais où allons-nous
avec un minarchiste pareil ?
-
« C’est ainsi que, nous l’avons déjà dit, le principe
de solidarité devant la maladie, principal fléau dominant de loin tous les
autres (car mettant en jeu la vie même de l’individu), est traité, à juste
titre de façon égalitaire. » : Merci pour la pensée de droit fil communiste !
-
« La privation d’emploi est de toute autre nature car
elle ne présuppose pas un événement contingent d’origine naturelle mais, au
contraire, un événement prévisible et dégénérescent de l’organisation humaine.
Alors que la maladie ou la vieillesse sont des notions objectives et
implacables qui échappent à la volonté de l’individu, les notions de privation
d’emploi ou de perte d’emploi sont chargées de subjectivité et d’arrangement
humain. » : Voilà maintenant
que le chômage résulterait de la dégénérescence sociétale ou entrepreneuriale –
mais toujours pas du simple coût artificiel du travail….
-
« En effet, les simples différences vestimentaires adoptées
par l’Etat à la suite de tel ou tel changement de majorité soulignent de
manière éclatante la continuité de l’institution qui, malgré de fréquents
renouvellements de personnels fort peu dissemblables les uns des autres, issus des
mêmes écoles du pouvoir et tous parfaits serviteurs du capitalisme, confirme
jour après jour son incapacité chronique à mener à bien le mandat dont il a la
charge. » : Nous aurions là une
superbe tirade libérale, si tout d’un coup ne s’était glissé un « serviteur
du capitalisme » qui manifeste d’un ancien gauchisme toujours mal digéré…
9. L’aide sociale
-
« Sur le fond, les objectifs étatiques peuvent être
regroupés en deux domaines principaux : le soutien à la natalité et la lutte
contre la précarité. » : Objectifs
issus de l’histoire, constatés sans doute. C’est un bon exemple d’illustration
qu’il n’est pas possible d’inférer les justes
objectifs à partir de l’analyse empirique.
-
« Face à la situation de décroissance déjà amorcée et
bientôt inéluctablement confirmée de notre civilisation industrielle, compte
tenu de la raréfaction prochaine des ressources fossiles et minérales de la
planète, et étant donné l’effondrement probable des rendements agricoles
mondiaux lorsque les carburants, amendements et produits phytosanitaires issus
des hydrocarbures viendront à faire défaut, il semble évident que toute
politique étatique tendant à favoriser l’accroissement de la population ne peut
que témoigner d’une cécité prospectiviste grave et d’une irresponsabilité
coupable. » : Nous voici face à
un des paragraphes les plus vigoureusement décroissants et j’aime spécialement
le mélange incertain de tons, où on commence par un « inéluctablement »
mais on finit par un « il semble évident » plus spontané. Il y a eut
une période anti-nataliste en Chine – enfant unique – dont je doute fort qu’aucun
chinois ait considéré qu’elle était spécialement responsable. Notre ami se confirme
ici comme un incorrigible constructiviste incapable de faire confiance à l’espèce
humaine.
-
« Cette incompétence manifeste dans l’appréciation
des contraintes démographique prochaines, relayée par l’ignorance des problèmes
énergétiques à venir et bercée par le credo inepte d’une terre pouvant
facilement nourrir six milliards d’êtres humains, conduit ainsi l’Etat à
dépenser près de 50 milliards d’aides directes à la natalité, c’est à dire
autant que le remboursement annuel de la fameuse dette ( 49,921 milliards en
2012) dont on nous rebat les oreilles comme étant celle de tous les dangers. » : Passons sur les six milliards qui sont
devenus sept entre-temps et qui continuent au-delà, pour découvrir une nouvelle
marotte : la dette ne serait pas un problème ! Cela dit, s’il était
un pur autrichien, je me mettrais à espérer qu’il considère que la dette des états,
c’est celle de ceux qui ont signé, pas la nôtre. Mais dans son cas, j’avoue que
je crains que l’analyse ne soit pas si subtile.
10. L’éducation
-
« N’oublions
pas que, pour l’exercice de la sécurité extérieure, le mercenariat militaire a longtemps
été la règle, de sorte que n'importe qui, pourvu qu'il dispose d'or ou
d'intéressantes propositions de pillage, pouvait lever une armée pour se
défendre ou attaquer. Que pour celui de la justice, même si tous les souverains
étaient bien juges en dernier ressort, l’exercice ordinaire a pu être
administré par d'autres autorités, un seigneur ou un "sage" reconnu.
Que pour celui de la police, la recherche et la répression du crime furent
longtemps l'affaire des victimes elles-mêmes, ou de leurs proches, l'autorité
cherchant surtout à limiter la portée des représailles pour éviter l'escalade
de la vengeance. » : Je reste
perplexe devant ce paragraphe. En gros il nous explique que l’histoire montre
qu’il y a eut par le passé des modes d’organisation
sociale où les fonctions régaliennes ont été exécutées par les instances privées
non-étatique – ce qui est la thèse anarcap – il le présente de manière plutôt positive
mais il en reste là. Mystère.
-
« La
première question que nous pourrions nous poser est précisément celle de la
validité du monopole de l’Etat sur l’éducation de nos enfants. L’histoire nous
a enseigné que l’indépendance de l’école par rapport au pouvoir politique est
rarement assumée et celle ci est généralement inversement proportionnelle au
niveau de despotisme du régime en place. » :
Bravo ! Mais la question n’est pas tant
celle du monopole que de la stricte immixtion.
-
« Mais
sans aller puiser son raisonnement dans les cas les plus extrêmes, la simple
analyse lucide du dispositif actuel, en ces temps paisibles et confortables où
la démocratie n’est pas chahutée, montre objectivement une corrélation troublante
entre les besoins du capitalisme dominant et les objectifs assignés à l’école
par l’Etat. De là à imaginer que, en bon serviteur de l’oligarchie économique,
l’Etat fabrique pour son maître les pions humains dont ce dernier a besoin, il
n’y a qu’un pas que, pour notre part, nous n’hésiterons pas à franchir. » : Les choses sont claire : l’analyse
lucide n’y peut rien, il a un préjugé négatif quant à la relation état –
capitalisme. Mais ce n’est pas ce qui me frappe le plus ici. La démocratie n’est
pas souvent évoquée – soit – et quand elle l’est comme ici, il semble la considérer
comme une source de paix – ce que pourtant le XXe a passé son temps à contredire.
-
« Si
nous entérinons le fait, peu discutable, que l’enseignement primaire et secondaire
vise à inculquer une culture générale polyvalente,… » : Notons le « peu discutable »…
Constructiviste ?
-
« Quand
on sait que la connaissance de la géographie est nécessaire à l’individu contemporain
pour comprendre l’économie, et que celle de l’histoire passée lui livre les
clefs de la politique d’aujourd’hui, on se prend à imaginer que cet oubli
étatique n’est peut être pas uniquement le fait de son inconséquence, mais
aussi celui de sa volonté de faire en sorte que l’individu, même instruit,
n’ait pas vraiment les moyens de comprendre ni l’une, ni l’autre. » : Bravo pour cet instant de lucidité.
Dommage juste de parler de l’état comme d’une personne douée de volonté.
11. L’agriculture
-
« Car il a été décidé, à l’échelle de tout un
continent, d’appliquer à l’agriculture le système d’exploitation capitaliste, et
d’imposer par la force de la loi la métamorphose de toute une profession ainsi
que l’abandon d’une logique professionnelle pourtant historiquement validée. En
effet, cette révolution subie ne peut pas être comparée à l’essor de
l’industrie, qui, a contrario, a été portée par le libéralisme et l’esprit
d’entreprise. » : La partie
sur l’agriculture repose sur une thèse partiellement fondée mais biaisée par
son aveuglement envers le capitalisme. Ici par exemple, il a raison de
critiquer l’approche quasi communiste de transformation de notre agriculture et
de la mise en œuvre de la PAC. Mais de la à avancer que l’agriculture ne relève
en aucune façon de la liberté d’entreprise, c’est un point où je n’irai pas
pour ma part.
-
Il est par ailleurs à
remarquer sur ce chapitre, un des plus virulents mais aussi à mon sens un des
plus pertinents, qu’il a complètement changé de stratégie de rédaction. On n’est
plus dans l’audit empirique de l’état en matière d’agriculture, on est dans une
critique rangée de la politique européenne de ces 40 dernières années et il est
complètement oublié toute référence au rôle de l’état hors de ce cadre étroit.
-
« il est important de bien avoir à l’esprit
que c’est l’Etat, et l’Etat seul, qui porte toute la responsabilité des
différentes composantes du secteur, que ce soit les conditions et le niveau de
vie des agriculteurs, la qualité des aliments proposés au consommateur, leur
traçabilité, leur prix et, d’une façon générale, toute l’information liée au
domaine agro-alimentaire. » : Même
remarque.
-
« C’est ainsi que le revenu de l’agriculteur
s’éloigne progressivement de la logique entrepreneuriale pour se rapprocher de
la logique salariale, voire du système d’assistance sociale. » : Idem.
-
« Au delà du jugement sur la validité de
l’application forcée d’un modèle étatique sur un secteur d’activité historiquement
géré de façon libérale, il importe surtout d’évaluer les résultats objectifs de
cette main mise de l’Etat sur la production agricole. La conséquence la plus
aveuglante de cet asservissement est la dépendance absolue de l’agriculture
étatique à la filière capitalistique des hydrocarbures, situation qui serait
sans doute toute autre si ce secteur avait gardé son autonomie. » : Ahh, une petite couche d’utilitarisme et
une petite dose de décroissance…
-
« A ce triste tableau, vient s’ajouter une faillite
stratégique prévisible, liée la raréfaction prochaine et inéluctable de
l’énergie fossile sur laquelle est fondée le modèle étatique. Car il est un
fait indiscutable que la déplétion pétrolière signifiera bientôt la disette de
carburant pour les tracteurs et les moissonneuses, le manque d’engrais, de
pesticides et de fongicides pour les terres, autrement dit l’écroulement du
système intensif à haute énergie fossile sans que, pour autant, une autre
source soit dores et déjà identifiée comme capable de lui succéder. » : Bien, donc la décroissance due au pétrole
est un fait indiscutable. Et ce gougnafier ose en public dire qu’il est
favorable au doute.
-
« Si nous ajoutons, en prime, les difficultés
prévisibles d’approvisionnement des grandes villes par suite de l’inévitable
phénomène de relocalisation des productions, c’est un bon zéro pointé que nous
attribuerons à l’Etat pour sa copie agricole. Note éliminatoire ! » : Rions deux secondes, c’est une occasion rare
dans cet ouvrage : voyons, une note ? Mais c’est une bonne idée ça !
C’est typiquement ce que fait un auditeur, il finit par mettre une note, comme à
l’école. Mais alors, pourquoi si ce texte est un audit, pourquoi ne pas mettre
une note partout ? Je vous le dis, il y a un problème de cohérence méthodologique
dans cet ouvrage…
12. L’écologie
-
« L’écologie
est une science qui étudie les relations des êtres vivants (animaux, végétaux,
micro-organismes, etc.) avec leur habitat et l’environnement, ainsi qu'avec les
autres êtres vivants » : Une
science ? Dont l’homme semble exclu ? Ah non pardon, il est un des
animaux. On sent tout de suite l’importance de sa place.
-
« A ce titre nous pouvons raisonnablement nous
interroger sur les raisons qui ont amené l’Etat à intervenir dans un domaine
totalement étranger à ses prérogatives historiques. Si demain, l’Etat créait un
ministère des mathématiques ou de la chimie, nous penserions immédiatement à un
canular et porterions notre regard sur le calendrier pour vérifier s’il ne
s’agit pas d’un poisson d’avril. Mais hélas, l’affaire est sérieuse, bien que
l’Etat ne sache pas trop quoi faire avec ce thème, et tourne autour du pot
depuis 1971, date du premier ministère ad hoc. » : Voilà une bonne question : on peut s’interroger
sur l’intervention de l’état. Mais on voit ici le biais de sa démarche :
on regarde les « prérogatives » historiques. Comme si l’histoire
avait comme fonction de transformer une pratique en prérogative. On comprend
alors que l’état cherche à aborder qui les maths qui la chimie, car cela sera bientôt
des prérogatives. Ridicule.
-
« mais l’affaire se corsa lorsque le capitalisme
mondial s’empara du thème pour le transformer en créneau marketing juteux et
que, après avoir monté de toutes pièces, et par le biais de son lobbying
onusien, un organisme de propagande catastrophiste planétaire, le GIEC, il entreprit
de proposer des produits susceptibles d’éviter cette même catastrophe
imaginaire, tel le pyromane allumant lui même des incendies pour alimenter en
travail son entreprise de lutte contre le feu. » : Capitalisme mondial ? Al Gore et sa
clique sont loin de représenter le capitalisme mondial ! Quant au GIEC, c’est
pour l’essentiel du domaine de recherche financé par le public. Balle au
centre.
-
« Mais,
le plus grave est que ces trois objectifs sont poursuivis au nom d’une formidable
imposture planétaire, ce fameux développement durable, car, conscient tout de
même de l’impossibilité de maintenir une croissance infinie dans un monde fini,
l’Etat tente un tour de prestidigitation dont il a le secret, en misant comme
d’habitude, sur la crédulité du bon peuple. Ainsi, par l’effet de la magie
étatique, le mot croissance est remplacé par développement et l’adjectif infini
par durable. » : Croissance
infinie dans un monde fini !? L’aveuglement décroissant est lâché.
-
« Même
aujourd’hui, où tous les indicateurs économiques confirment la fin de la
croissance dans les pays développés,… » :
Cela est vrai, mais par pour les raisons indiquées – ressources finies. La décroissance
des pays anciennement développés est due à l’essoufflement de la démocratie qui
a imposé le socialisme. Sinon, comment expliquer que le manque de ressources
frappe les uns mais pas les autres ?
13. La culture
-
« La civilisation industrielle et son corollaire de
consommation a transformé la culture en produit marketing et l’Art en Loisir,
et ceci en grande partie grâce à l’action de l’Etat et de son ministère
éponyme. » : Il le regrette ?
En quoi est-ce un mal que la culture se diffuse ? Encore un qui a une vue « luxueuse »
et élitiste ?
-
« En conclusion, et mis à part l’entretien des
monuments et du patrimoine historique, dont l’Etat s’acquitte fort bien,
prouvant ainsi une fois encore qu’il est capable d’effectuer avec compétence
des tâches qui ne le dépassent pas, » :
L’état s’acquitte fort bien de l’entretien des monuments et du patrimoine ?
Ne venez plus me dire que ce mec est un libéral : nous sommes devant un
flagrant délit d’approbation de l’atteinte à la propriété privée !
14. Les collectivités locales
-
« Qu’est ce qu’une collectivité locale ? Question
intéressante mais déjà biaisée, puisque sa formulation présuppose qu’Etat et Collectivité
Locale soient deux entités différentes. Car si nous répondions que Collectivité
Locale et Etat ne sont qu’une seule et même entité, nous serions conduits, pour
les besoins de notre démonstration, à déconstruire fil à fil l’écheveau
patiemment tressé depuis 1981 par le pouvoir, dans le seul but de diluer son
autoritarisme dans une potion analgésique et incolore. » : Nous commençons par une excellente question
et un excellent diagnostic, super. Mais justement, pourquoi différencier les
deux in fine, puisqu’il s’agit de conclure que les Collectivités ne sont autres
que l’état masqué ?
-
« Le budget des collectivités locales fait partie des
grandes omertas médiatiques dont personne ne parle jamais, telles le pic
pétrolier, la monnaie ou la natalité. » :
Hop, une petite couche de décroissance ?
15. L’économie et l’emploi
-
« Il ne s’agit pas d’accumuler du métal précieux dans
les coffres de la Banque de France, puisque l’Etat se désintéresse désormais de
la monnaie et qu’il confie aux banques le soin de la fabriquer » : Totalement faux. L’enjeu de la monnaie
reste au contraire de revenir à l’or et c’est l’état qui mène la danse monétaire,
pas les banques. Il suffit de regarder la FED, qui est un bras de l’état.
-
« Il ne s’agit pas non plus de devenir lui même un
acteur économique à part entière, puisque, en fidèle serviteur du capitalisme,
il laisse à ce dernier le monopole de l’esprit d’entreprise et se contente de
gérer deux affaires en tout et pour tout, la Poste et la SNCF (dont il se
débarrasserait d’ailleurs volontiers s’il n’y avait pas ces maudits syndicats
!…). » : Il laisse le monopole
de l’esprit d’entreprise ??? Pourquoi, l’’état devrait-il avoir l’esprit d’entreprise ?
Autrement dit, notre ami considère normal que nous ayons des entreprises
publiques ? Libéral de mes deux, oui.
-
« La mise en place du système l’Etat-Providence, qui
permet de financer la paix sociale pour le compte de l’oligarchie capitaliste,
a induit progressivement des effets pervers dont les politiciens ont du tenir
compte pour présenter leurs suffrages au peuple. » : LOL, on croirait cela écrit par le
meilleur des bureaucrates de l’ENA ! Des effets pervers dont il a fallut
tenir compte ?! Autrement dit, à cause du méchant capital, il est logique
que l’état ait dû intervenir dans l’économie car sinon ils n’auraient pas été réélus !
On croit rêver, c’est du socialisme pur jus !
-
« Car s’il est un domaine où l’Etat actuel ne sert à
rien c’est bien celui de l’économie et de l’emploi. » : Point de vue typiquement utilitariste. Il ne sert pas à rien
hélas, son intervention illégitime conduit à des dysfonctionnements.
-
« Or,
nous savons que l’Etat est lui même au service du capitalisme, d’une part, et
qu’il répugne à s’engager dans la production, d’autre part. » : Nous savons ? De Marseille ? Il
répugne ? Pourquoi, il devrait produire ? MDR.
-
« En
dehors de La Poste et la SNCF, que l’Etat possède en totalité, et dont il
s’acquitte d’ailleurs fort honnêtement de la gestion directe, » : Ah, voilà que l’état gère fort « honnêtement »
La Poste et la SNCF ! Il est vrai que lorsqu’on voit combien de fois il a
renfloué la SNCF et combien de postiers sont payés à rien faire, on peut parler
d’honnêteté envers le peuple ! Non mais sortez-moi ce guignol !
-
« En effet, lorsqu’une entreprise se trouve en
difficulté, que des emplois sont menacés, que les syndicats soutiennent que
l’entreprise est viable et que la gestion patronale est contestée, cet Etat
investi de toute sa puissance et de sa responsabilité se devrait d’inciter et
de favoriser la reprise de l’entreprise par ceux-là même qui croient dur comme
fer à sa viabilité, par la mise en oeuvre de tout un arsenal d’aides, de primes
et de subventions dont il n’est pas avare par ailleurs. » : Ah parce si les syndicats soutiennent que
l’entreprise est viable c’est qu’elle doit l’être ? Mais dans ce cas, la
reprise proposée ici ne devrait PAS avoir besoin d’aides ni de primes ni de
subventions, justement. Un guignol, vraiment.
-
« En conclusion, il apparaît clairement au vu de tous
ces éléments, que l’Etat joue, dans l’économie, un simple rôle d’opérette passablement
inutile en terme d’efficacité pratique, mais nécessaire cependant en tant que
leurre détournant les insatisfactions des travailleurs de sa véritable cible,
le pouvoir capitaliste » : Donc
en gros, l’état aide le méchant capital en posant un écran de fumée entre
Rothschild et Germinal ? Mais à part ça, l’état ne joue qu’un rôle d’opérette,
manifeste quand on voit en ce moment le nombre d’emplois perdus et de boîtes
qui ferment. Je préfère ne pas qualifier ce pseudo-libéral qui croirait de
telles choses.
Conclusion
-
« son inféodation à peine masquée à l’oligarchie
capitaliste qui tient les rênes du pouvoir économique. L’erreur la
plus grossière de la doctrine anarchiste est précisément d’ignorer cette
interaction ; celle de juger qu’une société peut très bien se passer d’une
structure autoritaire centralisée n’étant qu’un fourvoiement de moindre
importance. » : Ahh, voilà des
choses intéressantes ! En gros, l’anarchiste a tort car il n’a pas compris
que le vrai pouvoir est économique et que l’état n’est que son jouet. Bien sûr,
la réalité est exactement inverse. Je ne vois comme réponse que Ludwig von
Mises lui-même, dans Economic Policy, 2nd lecture :
« The American consumer, the individual, is both a buyer and a boss. When you leave a store in America, you may find a sign saying: "Thank you for your patronage. Please come again." But when you go into a shop in a totalitarian country-be it in present-day Russia, or in Germany as it was under the regime of Hitler-the shopkeeper tells you: "You have to be thankful to the great leader for giving you this."
« The American consumer, the individual, is both a buyer and a boss. When you leave a store in America, you may find a sign saying: "Thank you for your patronage. Please come again." But when you go into a shop in a totalitarian country-be it in present-day Russia, or in Germany as it was under the regime of Hitler-the shopkeeper tells you: "You have to be thankful to the great leader for giving you this."
In socialist countries, it is not the seller who has to be grateful, it
is the buyer. The citizen is not the boss; the boss is the Central Committee,
the Central Office. Those socialist committees and leaders and dictators are
supreme, and the people simply have to obey them. »
-
« Car supprimer l’Etat sans empêcher le capitalisme
de fonctionner, c’est livrer encore plus l’individu à l’esclavage des potentats
économiques, alors que l’existence d’un Etat, comme nous l’avons vu
précédemment, permet quand même d’appliquer quelques onguents analgésiques sur
les plaies des travailleurs, tel le maton bienveillant adoucissant les rigueurs
de l’administration pénitentiaire. » : Empêcher le capitalisme de fonctionner, voilà donc son « driver »,
sa motivation, sa hargne. M.Laurut est au mieux un post-communiste en voie de repentance,
mais un libéral certainement pas.
-
« La doctrine anarchiste, malheureusement pour
elle, ne propose aucun moyen pour empêcher le capitalisme d’exister faute
d’avoir suffisamment étudié ses rouages et d’avoir compris son fait générateur. » : LOL, comme si l’école autrichienne n’avait
pas étudié les rouages du fonctionnement politico-économique.
-
« Par ailleurs, et accessoirement, l’idée qu’une
société civilisée puisse prospérer sans un minimum d’autorité centrale et de
services publics est tout simplement une aberration, dont nous nous
abstiendrons de débattre ici. » :
Ah ben voilà, faute de meilleur argument, on pose l’aberration comme acquise et
sans besoin de la justifier. LOL.
-
« Loin d’être un épouvantail et un repoussoir,
l’individualisme est donc partout, mais n’a encore jamais fait l’objet d’une
doctrine politique à part entière, se réclamant ouvertement et complètement de
lui. » : Dommage, l’anarcho-capitalisme
a exactement cet objet.
-
« C’est sur ces bases conceptuelles que doit
s’édifier la société minarchiste, avec pour objectif de promouvoir un Individu
Responsable, autonome, lucidement prospectif, ayant enfin maîtrisé le
déferlement législatif coercitif qui annihile sa liberté, et domestiqué
l’animal étatique pour l’affecter à des tâches réellement efficaces. » : Suberbe auto-contradiction minarchiste : l’état
ne doit être qu’efficace, tel un planton et doit être « domestiqué ».
Mnce, il y a juste un problème. Max Weber nous rappelle que c’est l’état qui a le
monopole de la violence légitime…
Pauvre fou…
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