Alors que je venais de rédiger un post sur comment aborder une stratégie pour le libéralisme, dont un des grands enjeux consiste à traiter habilement le problème de la dette, je me rends compte que notre ami Facebook vient d’ajouter une fonctionnalité très accessible pour mener un sondage auprès de « ses amis.»
Ce problème (la dette, pas Facebook, faut suivre) restant épineux, autant faire travailler les nombreux cerveaux de mes amis libres-héros, je me dis donc que voilà une occasion à la fois de tester la bestiole et de trouver des pistes supplémentaires comme base de notre future réflexion sur la liquidation de la dette.
Aller, l’interface est simple, proposons une question, quelques options de réponse pas trop débiles, mais loin d’être complètes et hop, vas-y mon FB. Histoire de ne pas passer à côté de l’occasion, j’utilise à plein l’option « Demander à des amis » en invitant à répondre la quasi-totalité de mes contacts FB connus pour être plus ou moins libéraux – histoire aussi d’éviter d’interroger des gauchistes primaires qui ne manqueraient pas de passer à côté du sujet.
Les contributions ne tardent pas à venir, et en fin de journée nous étions à 260 votes. Je laisse mariner encore et le lendemain, à 461 votes on sent bien que nous sommes entrés dans la phase de convergence asymptotique. Sans plus attendre, j’entreprends d’analyser les résultats, que voici plus bas.
Avant de détailler, sous différents angles, disons tout de suite que l’expérience est selon moi un succès. Elle montre que le libéral ne reste pas dans son coin et contribue volontiers à trouver des solutions à un tel sujet, certaines pistes s’avérant à mon humble avis tout à fait intelligentes. Le libéral est de plus fort d’un humour certain, avec des propositions inapplicables mais qui au moins déclenchent une hilarité immédiate et optimiste. Et puis, bien sûr, hélas, il faut bien reconnaître qu’il y a quelques hurluberlus qui se sont glissés dans le panel et qui ne font qu’illustrer combien la culture économico-politique de ce pays est affligeante.
Voici donc les résultats bruts, classés par nombre de voix décroissant et corrigés des fautes d’orthographe probablement saisonnières :
Num. | Réponses | Nb. Votes | (%) |
1 | Réduire les dépenses publiques, libérer l’économie | 108 | 23.4% |
2 | Libérer des excédents budgétaires et rembourser progressivement | 62 | 13.4% |
3 | Supprimer tous subsides et déductions, tant aux entreprises qu’aux particuliers. | 45 | 9.8% |
4 | Je ne sais pas, des lasagnes ? | 25 | 5.4% |
5 | Sucrer 50% des subventions aux associations | 21 | 4.6% |
6 | Il n’y a de dette qu’individuelle | 18 | 3.9% |
7 | La dette est la responsabilité des gouvernants, à eux de rembourser, pas à nous | 13 | 2.8% |
8 | La rembourser comme due, mais au moins cesser de s’endetter encore | 12 | 2.6% |
9 | Vendre Versailles, Le Louvre et la tour Eiffel pour rembourser | 11 | 2.4% |
10 | Sortir de l’Europe de Bruxelles | 10 | 2.2% |
11 | Une politique de croissance soutenue par une ré-allocation de l’argent public | 10 | 2.2% |
12 | Interdire le cumul des fonctions électives, les avantages en nature | 9 | 2.0% |
13 | La renégocier point à point avec les créanciers | 9 | 2.0% |
14 | Immigrer en Suisse | 8 | 1.7% |
15 | Obi-Wan-Kenobi | 8 | 1.7% |
16 | Prendre les milliards nécessaires à ceux qui les détiennent : les super-riches | 8 | 1.7% |
17 | Privatiser les biens de l’état | 8 | 1.7% |
18 | Vendre les organes des hommes politiques au marché noir | 7 | 1.5% |
19 | Coup d’état | 6 | 1.3% |
20 | La dette n’a pas à être remboursée | 6 | 1.3% |
21 | Laisser l’inflation faire son boulot | 6 | 1.3% |
22 | La dette n’existe pas, elle n’est que fictive | 5 | 1.1% |
23 | Arrêtons de prendre aux petits pour enrichir les caisses de l’état | 4 | 0.9% |
24 | Effacer la dette, dire qu’elle n’existe pas | 4 | 0.9% |
25 | Faire faillite, sortir de l’UE et faire de la France un paradis fiscal | 4 | 0.9% |
26 | Organiser une grande kermesse | 4 | 0.9% |
27 | Relancer l’investissement, l’industrie (dont PME) | 4 | 0.9% |
28 | 42 | 3 | 0.7% |
29 | Créer un impôt sur les transactions financières | 3 | 0.7% |
30 | Recouvrir notre indépendance économique en sortant de l’Europe de Bruxelles | 3 | 0.7% |
31 | Une Europe des Monarchies, Chrétienne | 3 | 0.7% |
32 | Audit par les citoyens de chaque collectivité et ministère | 2 | 0.4% |
33 | Augmenter les impôts sur le patrimoine | 2 | 0.4% |
34 | D, la réponse D | 2 | 0.4% |
35 | Interdire le déficit de fonctionnement, augmenter la TVA sur certains produits | 2 | 0.4% |
36 | Que les banques remboursent le prêt de l’état | 2 | 0.4% |
37 | Taxer correctement l’héritage et les transmissions | 2 | 0.4% |
38 | Emigrer au Canada | 1 | 0.2% |
39 | Harmoniser au niveau européen l’impôt sur les sociétés | 1 | 0.2% |
40 | La dette n’est pas un problème | 0 | 0.0% |
La première (bonne ?) nouvelle, c’est que personne ne semble considérer que « la dette n’est pas un problème » (#40) – bon, mais on n’est guère avancés.
Commençons par les comiques – ils sont quand même 12,5%, soit 1 sur 8, respectable. On peut se demander si les 25 qui ont opté pour « les lasagnes » (#4) avaient à l’esprit la dette morale qu’a sans aucun doute Nicolas envers Silvio pour lui avoir tout appris de la manière de profiter des medias en politique. L’optimisme est bien présent quand on propose une « kermesse » (#26) ou de « vendre des organes » (fussent-ils politiques) (#18), et il est vrai que cette dernière option n’est pas à négliger. Attention cependant, si certains morceaux, comme les poumons, sont probablement de première qualité vu que le politique ne manque pas d’air, d’autres seront plus incertains, tel le trou de balle, probablement distendu d’avoir eu à subir de trop nombreux suppositoires politiques…
Enfin, il faut espérer que les 8 qui ont proposé Obi-Wan Kenobi (#15) ne sont pas désespérés au point d’attendre La Force comme seule solution – pourvu qu’elle ne soit pas « tranquille…» On peut aussi penser que les candidats émigrants, en Suisse (#14) ou au Canada (#38) sont un peu dans le même état… d’esprit.
Regardons maintenant les « vraies » réponses, celles qui font réellement avancer le schmilblick. On verra les fumisteries non-libérales ou tout simplement idiotes plus tard. Deux familles sautent aux yeux – sans toutefois altérer la vision : les pragmatiques et les rigoristes. Commençons par ces derniers.
Les rigoristes sont des libertariens – ou tout comme – qui considèrent la dette sous l’angle de la responsabilité, pour dire : pourquoi devrait-on payer, rembourser, quand on n’est pas responsable de la dette ? Je dois dire que je fais partie de ceux qui ont – notamment – voté dans ce camp là. Pour un libéral, il est inimaginable de faire subir au peuple innocent un tel fardeau sans sanctionner les fauteurs de dette maudite (ce qui n'est pas une contrepèterie). Parmi les diverses options choisies – au total 10,4%, n’aurions-nous que 10% de libertariens dans la salle ? – trois sont plutôt classiques (#6, #7, #36) elles consistent à rejeter la somme énorme sur les oligarques – si un jour nous faisons la révolution, il faudra probablement garder cette idée.
Les rigoristes sont des libertariens – ou tout comme – qui considèrent la dette sous l’angle de la responsabilité, pour dire : pourquoi devrait-on payer, rembourser, quand on n’est pas responsable de la dette ? Je dois dire que je fais partie de ceux qui ont – notamment – voté dans ce camp là. Pour un libéral, il est inimaginable de faire subir au peuple innocent un tel fardeau sans sanctionner les fauteurs de dette maudite (ce qui n'est pas une contrepèterie). Parmi les diverses options choisies – au total 10,4%, n’aurions-nous que 10% de libertariens dans la salle ? – trois sont plutôt classiques (#6, #7, #36) elles consistent à rejeter la somme énorme sur les oligarques – si un jour nous faisons la révolution, il faudra probablement garder cette idée.
Les trois autres options (#20, #22, #24) méritent il me semble plus notre attention : la dette n’existerait pas. Il est indéniable que cela est vrai d’un point de vue juridique. On pourrait également considérer que dans un monde de monnaie fiduciaire, la monnaie étant virtuelle, la dette l’est aussi. Cela est tentant, cela simplifie tellement les choses, pas besoin de s’en préoccuper de la dette, pffff, envolée. Mais dans les deux cas, ignorer la dette implique ignorer les créanciers, obstacle qui pourrait vite devenir majeur à la transition vers le non-état. Le pragmatisme semble imposer de trouver une solution acceptable pour tous à ce fardeau.
Au tour des pragmatiques, ce sont les plus intéressants dans notre contexte. A noter que pendant que cette note était rédigée, une nouvelle idée est apparue : « Supprimer l’emploi à vie.»
Au tour des pragmatiques, ce sont les plus intéressants dans notre contexte. A noter que pendant que cette note était rédigée, une nouvelle idée est apparue : « Supprimer l’emploi à vie.»
Tout d’abord, les réponses peuvent être regroupées, plusieurs options revenant plus ou moins au même. Ainsi, on peut regrouper :
- #1, #2 et #8 sous la bannière « Réduire les dépenses publiques, libérer l’économie » : Avec un total de 39,4% des votes, c’est le choix du bon sens qui fort heureusement prime. Mais rien de bien original, messieurs, l’imagination, tu la libères, ta rien…
- #3 et #5 font ensemble « Supprimer tous subsides et déductions, tant aux entreprises qu’aux particuliers » (14,4%) : Très concret, tout ce qu’il y a de pertinent, mais à mon sens c’est un cas particulier du groupe précédent, puisqu’il s’agit de réduire un type particulier de dépenses publiques. La majorité des libéraux aurait-elle besoin d’inspiration ?
- Viennent #9 et #17 pour « Privatiser les biens de l’état » (4,1%) : Voilà une idée qui semble intéressante, puisqu’elle permettrait de dégager des sommes probablement considérables (à combien Versailles, les œuvres du Louvre, la tour Eiffel ou encore Notre Dame ?) sans impacter aucunement le bas de laine des ménages. La vraie question reste, avec 1500 milliards sur le dos, combien de châteaux de Versailles faudrait-il pouvoir vendre pour rembourser sur moins de 5 ans ?
- Arrivent enfin en vrac #12 « Interdire le cumul des fonctions électives, les avantages en nature,» #13 « La renégocier point à point avec les créanciers,» #32 « Audit par les citoyens de chaque collectivité et ministère » et #35 « Interdire le déficit de fonctionnement » et donc la petite dernière « Supprimer l’emploi à vie.» Bravo messieurs (et dames) !
Gardant le meilleurs pour la fin, il nous reste 75 votes dont le libéralisme est pour le moins douteux – des étatistes se seraient-ils infiltrés dans Facebook ??
- Tout un groupe de réponses (#10, #25, #30, #31) propose de « Sortir de l’Europe de Bruxelles » pour régler la dette. Allo ?? Quel rapport ? Indépendamment de l’euro, la dette de la France est bien la dette de la France, pas celle de l’Europe. Certes, l’euro nous impose une politique monétaire qui ne permet ni inflation in dévaluation à notre guise, mais pour le coup, c’est plutôt une bonne chose, car s’il est vrai que cela aiderait à faire fondre la valeur de notre endettement, cela aurait aussi et surtout un effet désastreux sur l’épargne populaire.
- Certains ensuite se révèlent de tendance keynesienne en proposant « une politique de croissance soutenue,» de « relancer l’investissement,» et une « inflation [qui fait] son boulot » (#11, #21, #27). Je suggère de leur offrir un stage d’économie autrichienne de 1 semaine en accéléré au Mises Institute, financé par la performance de leurs propositions. Mieux, faisons le en une phrase : l’économie ne se relance que par une seule chose, l’épargne. La seule option économique viable, c’est la réduction des dépenses publiques.
- Tous les autres (à part la proposition de « coup d’état ») propose, ô imagination débordante, d’augmenter taxes et impôts. On les excusera, ils n’ont pas dû se rendre compte que la question d’origine était celle d’un libéral
Pour info, pendant la rédaction de cette note, le nombre total de votes est passé à 573, mais sans changer notablement le poids de chaque option en pourcentage.
Que conclure de tout cela ? Tout d’abord que l’expérience consistant à faire appel aux cerveaux de ses amis libéraux fonctionne. Plusieurs idées ont émergé ici et là et vont pouvoir être reprises pour nos travaux de programme politique. L’option de cet outil laissant libre à chaque participant le choix d’ajouter des option de réponse est à cet égard une idée brillante – même si après il faut nettoyer les résultats des impuretés keynesiennes…
Enfin et surtout, on voit qu’il existe de nombreuses pistes pour réduire la dette, en libérer les français de demain et même d’aujourd’hui. Beaucoup d’autres existent sans doute. La vente des biens immeubles de la France semble une piste pleine de potentiel. Il est extremement positif de pouvoir penser qu’il ne s’agit pas là d’une quelconque malédiction. On se demande dès lors (enfin, on craint de savoir pourquoi…) pourquoi nos chers (très chers) dirigeants ne se préoccupent pas plus de mettre en œuvre de telles mesures dès à présent….
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