Friday, April 29, 2011

Le libéralisme connaît-il des variantes ?

Cet article est désormais accessible via les Lettres de Libéralie, ici. Merci de votre intérêt.



Tuesday, April 26, 2011

Contribution a une stratégie pour un Parti Libertarien en France - Introduction

A l’heure où tous les partis et autres groupuscules de France commencent à fourbir leurs armes verbales et démagogiques de tous ordres en vue de l’échéance de 2012, il peut être opportun de contribuer au réveil des libéraux en France en posant les bases d’une stratégie de transition vers l’instauration d’une véritable société libertarienne – on peut la rêver, en tout cas.

Un certain nombre d’initiatives existent déjà, fortes souvent de propositions très concrètes et allant dans le bon sens, mais qui pour autant, me semble-t-il, ne posent pas assez clairement les enjeux en termes d’objectif à atteindre et d’obstacles à franchir.

De même, des réflexions (en français) de fond existent, par exemple celle Bernard Lemenicier (http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/displayArticle.php?articleId=65) mais elles ne me semblent l’aborder que de manière théorique, n’étant pas non plus de la dernière actualité . Bien sûr, il y a aussi tout le matériau disponible via le Libertarian Party américain (www.lp.org), le Libertarian Forum de Rothbard (http://mises.org/journals//libertarianforum.asp) et beaucoup des idées sont à reprendre, mais la réalité de la France n’est pas celle des Etats-Unis, il faut donc adapter ce riche matériau.

Cette modeste contribution souhaite aider à clarifier les enjeux et les options quant à la démarche à suivre.

Une stratégie pour amener le libertarianisme, pardon, le libéralisme en France (*) devrait être réaliste et pour ce faire aborder le sujet de notre déplorable existant jusqu’à une cible future qu’il s’agira d’atteindre, ou du moins approcher.

(*) Dans la suite de ce texte, libéralisme est à prendre au sens de Pascal Salin, c'est-à-dire un libéralisme pur, dit « libertarien » pour éviter la confusion avec tous ces ersatz qui hantent les discours politiques de nos jours. C’est le libéralisme des grands penseurs libertariens, tels M.Rothbard, H-H.Hoppe ou L.v.Mises.

Pour ce faire, il me semble que nous devons envisager trois grandes phases et pour chacune des objectifs et des domaines d’action propre.

Ce premier texte propose la démarche générale, ses trois grandes phases, qui seront développées plus en détail chacune dans un texte propre, à venir (+) :

(+) J’espère que ce premier texte suscitera de nombreuses contributions des libéraux ;-)

  • 1) Reprendre le pouvoir :
« Reprendre le pouvoir,» pour bien marquer que le « pouvoir,» horrible mot de la politique politicienne, n’appartient pas à l’état mais au peuple, constitué de chaque individu.

Avant tout, il s’agit de créer ou de s’assurer que les conditions sont remplies pour que l’opinion soit suffisamment et consciemment demandeuse de liberté et de libéralisme. Tant que cette condition n’est pas remplie, il n’est qu’illusoire, sinon utopique, d’espérer plus qu’un infléchissement hypothétique de l’humeur de l’électorat en faveur de certaines mesures de nature à se rapprocher du libéralisme, sans jamais en poser les fondations.

Cette phase est déterminante et il ne faut pas la négliger, sous peine d’engager des moyens, lancer des projets, engager des frais sur des élections, susciter des espoirs, par exemple, qui resteront inéluctablement sans conséquence et sans impact notable.

L’objectif doit être de nature informative et de sensibilisation, il s’agit de créer la demande, d’éveiller nos concitoyens à la réalité du monde dans lequel on nous a peu à peu enfermés et, par la prise de conscience, accroître leur pression sur le système pour demander que celui-ci se libéralise concrètement, de plus en plus et sur de plus en plus de sujets.

Il faut cependant garder le cap, et le bon. Beaucoup de faux libéraux, n’ayant pas bien compris combien nous sommes loin d’un semblant de liberté, ont tendance à se contenter de quelques mesurettes de circonstance, et bien vite se préoccupent d’une prise de pouvoir, souvent élective, tout ce qu’il y a de dérisoire, voire despotique.

Cela passe par une longue campagne d’information, exploitant tous les vecteurs modernes, le web, facebook, les medias. Mais aussi d’autres moyens. L’infiltration des autres partis, les opportunités de prise de pouvoir locales – les free state projects – sont aussi des moyens à considérer. Et bien d’autres.

Cela passe aussi par la « prise du pouvoir » concrète, but ultime pour beaucoup de partis, y compris libéraux, mais qui pour un libertarien ne peut en aucun cas être le nirvana, puisque il s’agit une fois ce cap franchi de « rendre le pouvoir,» donc de poursuivre l’effort.

  • 2) Organiser une transition :
Une fois les conditions en place, une fois le « contrôle » repris, il faut faire en sorte de ramener ce pays, de l’amener plutôt, à un état (!) digne de la devise qui figure au front de ses multiples mairies et bâtiments dits publics.

De nombreuses choses devront donc être « défaites,» libéralisées, privatisées, sorties du joug de la loi et de la force. En théorie, une abrogation massive de 99% du Dalloz suffirait pour atteindre ce résultat. Ce n’est pourtant qu’une partie des travaux d’un Hercules libéral.

Les institutions elles-mêmes devront disparaître, être dissoutes, sans être remplacées. Adieu l’Elysées, l’Assemblée, le Sénat et autre Cours des Comptes. Ciao bonsoir…

Il faudra aussi rendre au peuple la propriété qui lui a été soustraite. Le Château de Versailles, les barrages, les voies ferrées, les ponts, les routes, la bibliothèque de France, Bercy, le Louvre, tous ces ouvrages, simplement pratiques et productifs, ou vrais symboles de notre histoire, tous devront être restitués. Ventes aux enchères, privatisation en sociétés par actions, les solutions existent et sont nombreuses, le principe, lui, doit rester immuable.

Les services publics devront être remplacés par des services venant du marché libre. La chose est simple sur la papier. Mais ces services ne sortiront pas du chapeau libéral, il faudra un peu de temps avant qu’ils soient mis sur le marché et que la concurrence fasse son œuvre. On ne remplace pas la SNCF par la SNCF, ni EDF par EDF.

Les fonctionnaires peuvent être facilement convertis en contractuels. Mais cela ne supprime pas leurs fiches de salaire, du moins pas tout de suite. Les impôts pourront-ils donc être immédiatement supprimés ? Quelle fiscalité adopter pendant cette transition ? La flat-tax est-elle la seule réponse possible ?

La dette, l’énorme dette doit faire l’objet d’un plan spécifique. Faut-il rendre les élus responsables sur leurs biens propres ces dettes contractées abusivement ? Est-il juste de demander au peuple de continuer à rembourser même ne serait-ce qu’une infime partie de ce monstre ? Qui rembourser ? Que renégocier ?

La monnaie enfin est sans doute un sujet encore plus délicat, dont les ramifications touchent tous les thèmes précédents. Sortir de l’euro semble une évidence, le retour à l’or aussi. Mais comment faire en sorte que chacun ait – très vite – un peu d’or dans son bas de laine quand seul le papier-monnaie a une réalité tangible ?

De plus, voire surtout, tout cela devra être accepté par le peuple, sinon, la guerre civile risquerait exploser à tout moment. Aller trop vite, c’est risquer de ne pas être compris par une opinion sans doute encore fragile, c’est se mettre trop de privilégiés à dos et risquer basculer dans le chaos. Aller trop lentement, c’est donner trop de temps pour que la résistance s’organise, créer des frustrations. Ne pas aller au bout, c’est tout simplement inacceptable.

Il faudra donc du temps. Une période de transition semble inéluctable. Il faudra donc organiser cette transition, choisir les premières priorités, puis les secondes, les expliquer. « Organiser,» de manière à garder l’opinion, l’espoir, et l’objectif.

On peut envisager de nombreuses options, même si bien évidemment, ce ne sera que sur pièce, au moment, que la décision pourra se prendre. Plus les options seront claires, et préparées, plus elles pourront aboutir.
  • 3) Durer :
Enfin, la cible atteinte, le nirvana à portée, le mammouth réduit à un squelette, voire même moins, il s’agira de résister et durer et donc de s’organiser pour cela.

Non pas que la société libérale ne soit pas capable d’auto-fonctionner ni de rendre ses citoyens aussi heureux que libres, bien au contraire, mais la France n’étant pas seule au monde, la concurrence, la jalousie et l’envie des gouvernants des autres pays devra être contenue.

Comme la Suisse, il faudra sans doute organiser une défense (privée et) efficace. Ou comme Monaco, la France devra peut-être devenir le meilleur paradis fiscal au monde. L’arme nucléaire dissuasive fera peut-être partie de ce dispositif – une arme désétatisée, bien évidemment. Et puis, la puissance commerciale d’un pays redevenu dynamique et inventif sera sûrement notre meilleure défense.

Peu importe la stratégie, il est trop tôt pour la choisir, mais il n’est pas trop tôt pour intégrer la réflexion à notre plan de bataille…