Cher Serge,
Suite à ta sollicitation explicite, je viens de lire ton article « Constructivisme
privé » à cette adresse : http://www.orvinfait.fr/constructivisme_prive.html
Et même si ton article porte beaucoup de bonnes choses et bonnes idées, je
suis au regret de te dire qu’il ne fait que confirmer qu’il y a des concepts économiques
que tu n’as pas assimilés et qui te font dire et avancer des choses qui hélas
sont au mieux incorrectes, au pire complètement fausses.
Permets-moi de commencer par un appel à l’humilité. Lorsque tu dis : « Je suis le premier à définir le
constructivisme privé et à proposer un ensemble de solutions permettant de
créer le plein emploi qui entre dans ce cadre », il me semble que tu devrais t’interroger
et te dire : « Mmmm, si je crois être le premier, soit je suis un génie,
soit je suis dans l’erreur. »
Car en matière d’économie, pour oser aller remettre en cause des von
Mises, Rothbard ou Hulsmann, je pense qu’il faut pouvoir démontrer un réel génie.
Soyons clairs, dans mon cas, je ne fais qu’humblement appliquer leurs idées, je
n’ai aucune prétention à un génie quelconque.
Ton article commence pourtant sur un excellent exemple, celui du W3C. Mais
tu commets en fin de ce paragraphe une première erreur :
« Les normes
du W3C ne sont pas faites au hasard mais à dessein. C'est à dire avec des buts
précis et intentionnel. […] Un Web performant ne peut qu'être
construit. »
Cela est bien sûr faux comme la vie le démontre chaque jour, et tu oublies
un élément clé dans cette affirmation. Il ne suffit pas que le W3C définisse
des normes. Il faut de plus qu’elles soient acceptées par le marché (quand je
parle de marché, je suppose un marché libre).
D’ailleurs, sur l’Internet actuel, il y a bien des normes qui ne
proviennent pas du seul W3C, voire même qui lui font concurrence. Java, PHP,
Python, Flash, Ajax mais aussi Facebook sont quelques exemples de normes de fait qui ne proviennent pas du W3C
mais qui contribuent à « faire le web ». Ce qu’elles ont toutes en
commun, y compris HTML qui vient du W3C, c’est que le marché les a adoptées.
Certes, les normes ont été construites, définies, par le privé, mais leur
adoption relève du marché, c’est-à-dire de l’ordre spontané, c’est-à-dire du « non-constructivisme ».
C’est cela que tu sembles ne pas voir.
Ainsi, tu continues par ce paragraphe, dont j’ai souligné et noté quelques
extraits :
« Il apparaît
évident que l'action du W3C n'entre ni
dans le cadre du constructivisme politique (b) ni dans celui de l'ordre
spontané (a). Il en est de même pour les solutions que j'ai imaginées
pour construire un vrai plein emploi performant en France et dans le monde. Les
solutions que je propose permettent d'atteindre des buts que l'ordre spontané prôné par certains
libéraux ne permet pas d'atteindre (c). En déréglementant il est
possible d'atteindre un plein emploi tel que le définissent certains
économistes, c'est à dire un taux de
chômage très bas (d). Mais cela ne peux pas aboutir à un vrai plein
emploi performant où chacun a la
garantie d'avoir un emploi et un revenu minimum (e). Ces garanties sont
données par un système de procédures
(f). De plus le stystème de plein emploi que je préconise va apporter
beaucoup de bonnes choses. Il va contribuer à donner la primauté aux valeurs humaines dans la hiérarchie des valeurs (g). »
- (a) : On vient de voir que c’est là une erreur d’analyse, l’adoption d’une norme sur un marché libre relève toujours de l’ordre spontané.
- (b) : C’est juste, la politique et la bureaucratie étatique ne sont pas les seuls à pouvoir établir des normes pertinentes.
- (c) : Je continue de te demander de m’expliquer ce que ces solutions sont de manière concrète. Je doute cependant fort qu’elles puissent échapper au marché.
- (d) : Erreur, il est possible, dans un système anarcap, d’avoir le total plein emploi. Voir Rothbard à ce sujet.
- (e) : Aucun système ne peut >garantir< quoi que ce soit, puisque ce sont les individus qui choisissent in fine. Donc le marché par exemple, ne peut que garantir que la >meilleure approximation< des attentes de tous ses participants, ce qui est très différent. Par contre, rien d’autre que le marché ne permet d’atteindre cette « meilleure approximation ».
- (f) : J’affirme que cela n’est pas possible, car ce ne sont pas les procédures qui décident, mais le marché.
- (g) : Ce serait un long, autre débat que de répondre à cette phrase. Je dirais simplement qu’il ne peut pas exister de système qui assure mieux que le marché libre la « meilleure humanité » et le meilleur rendement au titre des valeurs humaines. Le marché libre est humainiste.
Je continue de la même façon sur cet autre paragraphe important :
« Est-il
vraiment possible de garantir un vrai plein emploi performant avec un système
de procédures que chacun peut suivre ou non? Je n'ignore pas, au moment où
j'écris ces lignes, qu'une majorité de personnes risque d'être sceptique quant à cette possibilité (a). Mais d'une
part mes solutions pour créer le plein emploi n'étant pas politique elles n'ont pas besoin de recueillir les
suffrages d'une majorité de citoyens pour être mises en place (b).
D'autre part c'est par des procédures que certaines entreprises garantissent la
qualité de leurs produits. Pourquoi ce
besoin de procédures est-il apparu? (c) Pourquoi, bien que non
obligatoire, le système de qualité est-il normalisé et mis en place par
certaines entreprises? »
- (a) : Sceptique ? Non. Certain que tu te trompes, oui.
- (b) : C’est bien là où tu te trompes. Elles auront besoin de trouver leur marché, ce qui revient exactement au même.
- (c) : Cela n’a rien à voir, et malgré tout cela a fonctionné de la même façon : Il n’a pas suffit que les normes ISO9000 voient le jour pour qu’elles s’imposent, il a aussi fallut qu’elles correspondent au besoin de codifier la satisfaction des clients, c'est-à-dire qu’elles trouvent leur marché. L’ISO n’a rien imposé, rien garanti, rien « construit ». C’est le marché qui a décidé.
« Pour que
des solutions constructiviste privées soient utilisées à l'échelle mondiale il
faut qu'elles soient performantes. Pour les créer une bonne connaissance de
l'individualisme méthodologique peut y aider. »
Non Serge, cela n’a rien à voir. Ce n’est qu’une simple question de mise
en concurrence sur le marché et d’adoption par celui-ci, c’est tout.
« Au moins
en ce qui concerne la construction du plein emploi le respect d'une échelle des
valeurs y est aussi indispensable. Il s'agit d'une hiérarchie. Cependant nous
allons le voir elle est compatible avec l'anarcho-capitalisme puisque que
celle-ci donne la primauté à l'individu sans être éthique. »
Ah, là il y a une grosse erreur, mais d’un autre type, et qui confirme que
tu n’as pas assimilé la logique anarcap : Si tu penses que « l'anarcho-capitalisme
[…] donne la primauté à l'individu sans être éthique », c’est que tu n’as
pas compris qu’au contraire, seul l’anarcho-capitalisme est éthique parce que individualiste.
Encore une fois, merci pour tous tes efforts pour la liberté. Mais
permets-moi de te recommander de commencer par réviser ta compréhension de l’école
autrichienne d’économie et de la philosophie anarcap, ça devrait t’éviter de
travailler pour rien…
Cordialement.
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